Actualités :: YAKO : Des élèves incendient le siège du CDP

Le siège provincial du parti au pouvoir, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) brûlé, celui de l’Association de lutte contre les violences (ALCV) saccagé puis incendié, un face à face entre élèves et militants du CDP, de nombreux blessés, des pertes matérielles énormes, des tirs de sommation en l’air, des courses poursuites entre pandores et manifestants dans les artères de la ville... C’est le visage et le spectacle, qu’il a été donné de voir le 11 avril 2011 à Yako, chef-lieu de la province du Passoré (région du Nord). Tout cela a été l’oeuvre de scolaires mécontents.

Les choses sont allées très vite en cette matinée du 11 avril 2011. Initialement prévue pour se dérouler dans le calme avec pour objectif, selon ses organisateurs, de récupérer une présumée liste noire dont dispose le CDP, la marche des élèves s’est révélée un macabre projet de vandalisme du secrétariat de la député Fatoumata Diendéré/Diallo et de bien d’autres édifices et domiciles privés. Partis du péage sur l’axe Ouaga-Yako en vue de ratisser large pour passer leur message : « mécontentement et désapprobation des méthodes du CDP » à leur égard, le mouvement a dégénéré pour prendre des allures de conflit ouvert en milieu urbain.

Après avoir traversé toute la ville sans couac, les élèves font escale au terrain de l’école Yako mixte, à 100 mètres de la résidence de Fatou Diendéré et à 300 mètres environ de son secrétariat qui fait office de siège du parti. Là, selon certains scolaires que nous avons rencontrés plus tard, une vingtaine de leurs camarades sont délégués pour se rendre au siège du parti afin de récupérer la liste noire des meneurs à laquelle les manifestants tiennent particulièrement à cœur.

Le sauve-qui-peut des CDPistes

A partir de là, sans que l’on ne sache avec précision de qui est parti le premier projectile (la présence des élèves en ces lieux étant en soi une provocation), la guerre des nerfs va se décliner en jets de projectiles de part et d’autre et d’usage de bâtons. L’affrontement est direct, parfois physique et frontal. Numériquement supérieurs aux militants du CDP (ils étaient un peu plus d’une centaine à y veiller depuis le 7 mars, date à laquelle le commissariat de police a été incendié) et plus jeunes, les élèves ont pris le dessus. Les militants courageux du CDP qui faisaient toujours la résistance vont finalement capituler. Et c’était le sauve-qui-peut dans les rangs.

Ce qui a facilité l’accès au local par les élèves qui vont le saccager et le brûler. Les dizaines d’engins et vélos des militants seront entassés les uns sur les autres puis enflammés. L’intérieur du bâtiment est à son tour incendié. Tout le matériel informatique, les bureaux et les chaises, la paperasserie sont consumés. Après, les manifestants tentent de rallier la résidence de la député Fatou Diendéré pour lui faire subir le même sort mais ils seront stoppés et dispersés par des militaires. Les tirs de sommation en l’air seront déterminants. Tout laisse entrevoir que les scolaires, dans leur furie, ont voulu s’attaquer aux symboles forts du CDP qu’ils ont d’ailleurs étiqueté comme leur « bourreau » depuis le début de leurs manifestations pour réclamer justice et vérité pour l’élève Justin Zongo.

Pourquoi le CDP et ses militants ?

Après cette débandade, les manifestants vont se regrouper sur la Nationale 2. Ils prendront la direction du siège de l’ALCV (Association de lutte contre les violences), sis au côté nord de la grande mosquée de Yako. Là-bas, des dizaines de vélos « panier », des moulins neufs, des vivres, plusieurs autres matériels seront ravagés par des flammes. La folie incendiaire va se poursuivre. Du carrefour du commissariat de police où la voie publique a été barricadée par les restes calcinés d’un mini car, les manifestants vont prendre la direction du secteur 2. Visiblement, le domicile du premier adjoint au maire de Yako était dans leur collimateur. Il a fallu la perspicacité des pandores venus de Ouahigouya pour éviter à cet élu une seconde destruction de ses biens (NDLR : sa cour avait incendiée une prémière fois pour d’autres causes).

Un message à Fatou Diendéré et au CDP

Une course-poursuite va s’engager par la suite entre forces de l’ordre et manifestants dans plusieurs artères aux alentours du centre-ville. Plusieurs boutiques et magasins seront fermés. Munis de bâtons, fraîchement coupés des arbres, les pandores réussiront à disperser les élèves aux environs de 13h. Mais pourquoi cet acharnement sur le CDP et la député ? A cette question, un groupe d’élèves dont des membres des bureaux des établissements sont remontés contre l’élue nationale et son parti : « menaces par appels téléphoniques aux numéros masqués, intimidations, achat de conscience de deux délégués, etc. sont les manœuvres des responsables du CDP pour nous contraindre à abandonner notre mouvement », a lâché un du groupe.

Et un autre de renchérir : « Plusieurs rencontres avec les autorités (NDLR : haut- commissaire, maire, procureur, représentants du CDP, etc.) ne nous ont pas convaincus de l’absence de la liste noire que nous réclamons. Les envoyés du CDP à ces rencontres ont choisi de brandir le spectre de l’affrontement si nous ne cessons pas notre mouvement. C’est un message à Fatou Diendéré et à ses sbires que le Passoré ne peut les appartenir indéfiniment. Il aurait fallu que le CDP accepte de dialoguer directement avec la coordination communale et le drame de la journée aurait été évité, surtout qu’au niveau national, les mesures gouvernementales ont un peu rassuré les associations estudiantines et scolaires ».

Chez les CDPistes, on explique que leur présence au siège se voulait une mesure de protection suite aux informations qui leur sont parvenues et non une provocation ou des velléités d’affrontement. Un tour au CMA nous a permis de voir la trentaine de blessés, surtout des militants CDP dont des sexagénaires. Une source proche des élèves nous a également fait cas de victimes de leur côté mais les intéressés ont tenu à poursuivre la manifestation. Comme nous l’écrivions dans notre édition du lundi 11 avril 2011, la liste noire reste au cœur des revendications des élèves. Pour beaucoup avec qui nous avons échangé quand la fièvre était retombée, il leur faut la liste ou leur convaincre de son inexistence. A l’heure où nous tracions ces lignes, un cargo de militaires a été aperçu en ville en provenance, selon toute vraisemblance, de Kaya.

Abdoulaye DIANDA (Collaborateur)

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