Actualités :: Avenue Yennenga : Les commerçants, Dame Clarisse et les Pandores

Décidément ! Le vent qui souffle ces derniers jours sur le Burkina semble parfois raviver des flammes qui tendent, à la moindre brise, de remettre le feu aux poudres. A Ouagadougou, après l’avenue Charles-de-Gaulle où étudiants et forces de l’ordre se sont affrontés le vendredi 11 puis le mardi 15 mars 2011, c’était au tour de l’avenue Yennenga de connaître son lot de manifestations houleuses dans la matinée d’hier mercredi.

Lorsque nous arrivions sur les lieux peu avant midi à son intersection avec la rue Ousmane-Sibiri-Ouédraogo, à hauteur de la grande mosquée donc, la voie était occupée par des barricades de fortune, les grilles des boutiques du voisinage étaient baissées, certains commerçants avaient déjà remballé leurs marchandises et d’autres s’apprêtaient à le faire.

Nous étions à nous frayer un passage dans la foule afin de rejoindre les leaders quand un jeune homme, nous ayant repérés bloc-notes et Dictaphone en main, nous tint ce discours : « Une femme a fait arrêter un des commerçants des alentours et les autres ont entamé une manifestation pour réclamer sa libération ».

Le Directeur régional de la police du Centre, K. Joseph Zabré, que nous retrouvons un peu plus loin est plus précis : « Sans entrer dans les détails, une dame a remis son portable à réparer et au retrait, elle s’est rendue compte de l’absence de la carte mémoire. Elle s’est plainte et le réparateur s’est empressé de lui trouver une nouvelle carte mémoire. Par la suite une dispute entre les deux a dégénéré et la dame a dit au jeune qu’il a vu le soleil se lever, mais qu’elle fera en sorte qu’il ne le voie pas se coucher. Elle est revenue après l’altercation verbale avec des gendarmes pour embarquer le réparateur ».

A peine a-t-il fini ses propos qu’un cri de victoire retentit dans la foule : « il est là ». « Emma », Emmanuel Sawadogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est celui par qui le mouvement d’humeur est né.

Encore sous le coup de l’émotion, le héros du jour a dû mal à s’exprimer. Sur notre insistance, il finit par bredouiller quelques mots : « J’étais assis hier vers midi (Ndlr : mardi 15 mars 2011) devant sa boutique avec un ami. Quand elle est sortie, elle m’a reproché ma façon de la regarder. Et je lui ai signifié qu’il a fallu qu’elle me regarde pour savoir que j’ai également mes yeux sur elle. Ce matin alors que j’ouvrais ma boutique, elle est arrivée avec des gendarmes pour m’embarquer ».

Jointe au téléphone, son adversaire n’a pas jugé bon de nous rencontrer et de décliner son identité, mais elle a tenu à préciser : « Ce matin, on s’est insulté et il (Emmanuel) a menacé de me poignarder et de mettre le feu à ma voiture, acquise après vingt-quatre ans de travail. Prise de peur, j’ai contacté la gendarmerie ».

Le Vice-président de l’Association pour le développement des petits commerçants et la lutte contre la pauvreté, Rasmané Kologo, appelé par ses camarades pour « commencer la casse », a plutôt joué au facilitateur pour calmer la situation.

C’est lui, téléphone collé à l’oreille, qui est parvenu à dissuader ses camarades de marcher sur le camp Paspanga comme d’aucuns en avaient l’intention. Si la plainte de la propriétaire des produits de beauté n’a pas été sujette à débat, les manifestants justifient leur courroux par le fait que Clarisse, c’est son nom d’après eux, a son frère parmi les Pandores et qu’elle les amenés sur le lieu d’interpellation avec sa propre voiture.

Pour eux, on ne peut pas trouver une autre manière de leur dire qu’il y a deux justice dans ce pays. Elle dira, pour sa défense, qu’elle a dû utiliser son véhicule parce que les agents ne connaissaient pas Emmanuel Sawadogo.

Sur les dérives ou les actes incompris des agents de sécurité, Rasmané Kologo a lancé deux appels : « Il faut que la population arrête d’avoir recours à des parents et connaissances qui sont dans les forces de défense et de sécurité pour la moindre affaire banale et personnelle. A ces dernières, je demande de prendre du recul sur les problèmes qui leur sont portés, car elles sont là pour tous les citoyens ».

Voilà qui est bien dit, puisque ce qui est souvent déplorable, c’est la "privatisation" de la puissance publique, peut-être à l’origine du décès à Koudougou de l’élève Justin Zongo, une malheureuse affaire qui a mis le Burkina sens dessus-dessous ces dernières semaines.

Moumouni Simporé (Stagiaire)

L’ObservateurPaalga

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