Actualités :: Elèves tués lors des manifestations à Koudougou : Discordes autour d’une (...)

C’est devant une population koudougoulaise consternée qu’Assad Ouédraogo, né le 05 août 1993, précédemment élève en classe de 3e au lycée municipal de Koudougou, a été enterré au cimetière municipal de Koudougou. C’était le vendredi 25 février dernier, en pleine nuit aux alentours de 21h30, enterrement fait au lendemain de celui de l’écolier de Poa.

Retour sur une journée pleine d’émotions, de larmes et d’incertitudes, surtout qu’il y a eu beaucoup de discordes suite à l’autopsie pratiquée sur le cadavre du jeune Assad.

Les étudiants et les élèves ont tenu à prendre une part active dans l’inhumation de leur camarade, tombé sur ‘’le champ de bataille, foudroyé par des balles assassines’’, selon leurs expressions. Avant Assad, l’écolier de Poa, tué par des tirs policiers, a été enseveli dans la même situation émotionnelle.

Les étudiants ont honoré la mémoire du “martyr” Assad en organisant une marche silencieuse sur sa tombe. Accompagnés par les élèves et la population, ils ont escorté la dépouille depuis l’entrée de Koudougou jusqu’au domicile des oncles du regretté où il vivait (famille Bayili, secteur 1), puis au cimetière.

Là attendait une foule immense qui se demandait encore ce qui a justifié une telle répression. Outrée et consternée, la population l’était, dépassée par tant de brutalité dont les scolaires, les étudiants et les manifestants ont été victimes, eux qui voulaient, le mardi 22 février, juste remettre une déclaration au gouverneur afin de demander la vérité et la justice sur la mort de Justin L. Zongo.

On se demande toujours pourquoi, diantre, les policiers ont empêché les manifestants d’accéder à leur gouverneur. Une autorité qui est là, nous le pensons, pour écouter justement les doléances, les plaintes, les vœux et même les récriminations de ses administrés.

A force de dresser des barrières entre les autorités et le peuple, de les isoler des réalités quotidiennes, on finit par couper ces autorités de la masse. Et ainsi mal interpréter le désir de ce peuple. Facilement elles sont induites en erreur et rien ne prouve que ce ne fut pas le cas du désormais ex-gouverneur du Centre-Ouest, Baworo Seydou Sanou, car, dans un communiqué en date du 26 février 2011, le ministre de l’Administration territoriale le relevait de ses fonctions.

On a souvenance que les enseignants du primaire s’étaient vu refuser l’accès du gouvernorat pour y tenir un sit-in sous le motif que le gouvernorat n’est pas un lieu public. Diable ! Si un gouvernorat, occupé par une autorité publique et rendant des services au public n’est pas un lieu public, c’est quoi alors ?

C’est ainsi qu’on a interdit bonnement aux élèves d’aller jusqu’à Baworo pour lui remettre juste une déclaration. Et on n’a pas hésité à faire usage de la violence, à coups de gaz lacrymogène, de matraques, de balles blanches et même de balles réelles, pour les en dissuader. Le bilan, on le connaît : Six morts, soit trois élèves, un étudiant, un policier et un garagiste, plus d’une centaine de blessés du côté des manifestants et des forces de l’ordre, et d’importants dégâts matériels.

Les Koudougoulais ont vite fait référence au haut-commissaire Maxime Bandaogo, qui, lui, avait su gérer la crise de 1998 née du drame de Sapouy. Il ne refoulait jamais personne, laissant la foule venir à lui, jusqu’au pied du mât du drapeau, se faisant souvent huer, insulter, conspuer, mais sans jamais se dérober, sans jamais frustrer, permettant ainsi à la foule de ravaler sa rancœur, d’évacuer sa frustration, sa haine et sa colère. Ne dit-on pas qu’un chef est une poubelle ?

Maintenant, que fait-on pour désamorcer cette crise, sachant qu’on avait menti sur les causes de la mort de Justin L. Zongo, qui serait liée à une méningite, alors que maintenant on s’accorde à reconnaître qu’il avait bel et bien été bastonné par des policiers ?

Au CSPS de Ralo, on a mentionné sur son carnet de santé, qu’il y a été admis pour traumatisme par coups et blessures. Et vlan ! Par terre la première version (méningite) du docteur Berthe Souly et des autorités administratives et politiques. Ces autorités avaient–elles menti délibérément ?

Ont-elles été induites en erreur ? Si oui, par qui et pour quelle raison ? Ont-elles voulu protéger quelqu’un ? Si oui, qui et à quelles fins ? Bien des questions qui attendent réponses. Comme sont attendues les conclusions de l’autopsie pratiquée sur le cadavre d’Assad Ouédraogo. Au cours de l’enterrement, la colère s’est emparé de l’assistance quand la famille a rapporté qu’on a refusé de leur communiquer les résultats de l’autopsie.

Une discorde serait née entre le corps médical et la famille, et l’onde de choc s’est étendue à Koudougou, au cimetière. Cela n’est pas de bon augure et on craint des répercussions sur la marche que les scolaires et les étudiants ont prévue aujourd’hui même.

Menaçants, certains ont même exigé que les résultats leur soient communiqués au plus tard ce lundi. On ne doute pas que les plus hautes autorités travaillent à mettre fin à cette crise et nous espérons qu’elles feront diligence afin que les résultats de l’autopsie soient rendus publics afin d’éviter d’éventuels désagréments.

L’ANEB, déterminée à obtenir justice pour Justin Zongo

‘’Très jeune, tu as vite compris le sens de la vérité, de la justice et le sens de la vie humaine. Ce mardi 23 février 2011, aux côtés de tes camarades de l’Association des scolaires de Koudougou (ASK), tu te battais pour la vérité et la justice pour ton camarade Justin Zongo’ ; ces mots sont de l’association nationale des étudiants du Burkina (ANEB), prononcés sous forme d’oraison funèbre, lors de l’enterrement d’Assad Ouédraogo.

Pour les étudiants, ce fait ne pourra pas les désarmer dans leur quête de justice et ils vont continuer la lutte jusqu’à l’éclatement de la vérité et pour que justice soit rendue à Assad Ouédraogo, mais aussi à Justin L. Zongo, à Guissou WendKuni, à Bado Issa garagiste, à l’écolier de Poa et à l’élève de Kindi Michel Bouda. Ils ont décrété, à cet effet, une marche ce lundi même. Les scolaires et les étudiants ont prévenu que les diversions pour affaiblir leur lutte afin d’empêcher l’éclatement de la vérité, ne viendront pas à bout de leur détermination.

On reste inquiet sur l’issue de cette marche et sur ce que cette journée et celles à venir vont nous réserver. Déjà, la foule est entrée en colère quand Salam Bayili, l’oncle d’Assad Ouédraogo, a fait le récit des péripéties et des difficultés que la famille Bayili a connues depuis qu’elle a demandé l’autopsie de l’élève : refus de les laisser assister à l’autopsie, contrairement aux accords de départ, créant de ce fait un doute sur la fiabilité des résultats, rétention du corps après l’opération, mépris du médecin légiste vis-à-vis de la famille éplorée et le délai de 28 jours imposé à la famille et à l’opinion publique pour la publication les résultats.

Des comportements et des faits qui ne sont pas de nature à calmer les esprits. Espérons que le tir sera vite rectifié pour le bien de tous. A la suite d’une rencontre qu’il a eue avec les conseillers municipaux, dans la dynamique de reherche de solutions à la crise, le maire de Koudougou nous a accordé un entretien. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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