Actualités :: Souley Mohamed : Vie paisible à Fada

Il est allé vivre en ermite dans sa maison de campagne. Mais il ne végète pas dans l’inoccupation et s’occupe de sa ferme quand il est à Fada. Une reconversion qui semble bien réussir au colonel Souley Mohamed, cet ancien président de la Fédération burkinabè de football (FBF), ex-président du COCAN 98 et ancien ministre du Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat. Le temps d’une journée, nous avons vu ce qu’il a réalisé sur place. Cet homme mène une retraite active dans son domaine de 16 hectares. Suivez-nous dans la cité de Diaba Lompo…

C’est à Fada que le colonel de gendarmerie à la retraite Souley Mohamed, par ailleurs ancien président de la Fédération burkinabè de football (FBF), s’est retiré il y a quelques années. Je ne l’ai pas revu depuis des lustres. Quand nous allions le voir le mardi 15 février 2011 dans sa ferme, je me demandais si l’homme n’avait pas pris un coup de vieux.

Sur le trajet, aux environs de 14 heures, après une halte à Koupéla, Boureima Diallo et moi étions désorientés à un moment alors que nous nous rendions chez lui. C’était à Mariam-Juali, ce centre réalisé à l’époque par l’évêque de Fada, Mgr Jean-Marie Compaoré, sur la route de Pama. Pour ne pas nous égarer comme des brebis, nous n’hésitons pas à demander notre chemin. Nous nous engageons alors dans un sentier où le vent balance les arbustes.

Au fur et à mesure que nous progressons, nous respirons la brousse. Quelques minutes plus tard, nous débouchons sur un espace découvert, clos de murs et de bâtiments. Le véhicule se gare à côté d’un local à usage d’habitation. Une femme vient nous ouvrir le portail et nous entrons dans la cour. Alors que nous cherchons à nous installer sur la terrasse, un homme sort d’une maisonnette et nous donne l’accolade pendant qu’un chien nous observe sans aboyer.

Cet homme, c’est Souley Mohamed ; il est habillé d’un bazin bien brodé et porte un bonnet bien ajusté. Les yeux derrière des lunettes de soleil, je le regarde attentivement, comme si je ne l’avais jamais vu auparavant.
- « Daboné, tu es dans ce pays ? De toutes les façons, tu vas payer parce que tu m’as jeté aux oubliettes », me dit-il, comme pour couper court au suspense.

Je lui réponds que c’est plutôt lui qui m’a oublié depuis qu’il s’est exilé dans son ermitage combien productif pour la région. Nous prenons place sur des chaises pendant que la conversation se poursuit. Sur la petite table, des sachets d’eau dénommés « Biala », qui signifie « bienvenue » en gulmancema. Je me désaltère d’un verre d’eau et je trouve que cette eau n’est vraiment pas mal.

En regardant le « président », je l’ai toujours appelé ainsi, un flot de souvenirs revint à mon esprit. Je revois les images de son passé à la FBF, à la CAN 96 à Bloemfontein (Afrique du Sud) et au COCAN 98. Je ne l’avais pas revu depuis une dizaine d’années ; il m’a paru avoir bien changé. Mais, à 59 ans, il reste bien conservé, sauf que les outrages du temps se lisent quelque peu sur son visage.

Le président va sur ses 60 ans, mais il se maintient, nous confie-t-il, en faisant du footing et de la marche tous les deux jours dans sa ferme. Montaigne, on le sait, a peint l’amitié en traits vifs et touchants. Ce que je garde du « prési », c’est un trait de générosité. Lors de la CAN 96, il nous a été d’un soutien inestimable à Bloemfontein, mon confrère Moustapha Dougouri, actuellement chef du service commercial et communication à la RTB à Bobo, et moi.

Depuis son passage à la CAF jusqu’à son départ de cette structure, il s’est montré avare en confidences. Mais en remontant aux sources, le colonel aurait été marqué par la campagne d’intoxication orchestrée par ses « adversaires d’hier » après la CAN 98 ainsi que par des problèmes liés au retrait de sa candidature au comité exécutif de la CAF, dans des conditions qu’on sait, en 2002 à Bamako, au Mali.

Par ailleurs, il semble que lors d’une réunion de la commission d’organisation de la CAF à Tunis (CAN 2004), notre compatriote avait fait des suggestions, dont une en rapport avec l’arbitrage, et que le président de la CAF, Issa Hayatou, lui aurait tenu des propos durs en guise de réponse. Etait-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Nous ne saurions le dire. Toujours est-il que l’ancien président de la FBF avait quitté Tunis avant la finale de la CAN 2004. Mais acculé de questions, le colonel n’a pas voulu revenir sur les raisons de son retrait de la CAF.

Après un brin de causette, et en sortant de table, nous visitons sa ferme de 16 hectares. Ce que nous voyons est impressionnant ; et ce projet, qui lui tenait à cœur quand il a pris sa disponibilité en 2000 à sa demande et sa mise en retraite anticipée en 2004 encore à sa demande, demeure la cristallisation de tous ses espoirs. Une unité industrielle dans un lieu tranquille, boisé, et bien entretenu.

Là-bas, on fabrique des tourteaux pour aliments de bétail, de l’huile végétale 100% coton et l’eau Biala y est conditionnée en sachets. Des emplois de toute nature permettent à des familles de gagner leur pain quotidien. Dans ce bled riant, existent par ailleurs un forage, un petit château d’eau et une mosquée. Et tenez-vous bien, un écran géant qu’il a fait installé lui permet d’être au parfum de l’actualité sportive.
Sidiki Diarra

Eleveur et promoteur de la société AGROPA, son cheptel, à ce qu’on dit, est important. On aurait voulu voir ses troupeaux de taureaux et en ramener un, pourquoi pas, mais ils étaient loin, dans la brousse en train de paître. Pour son engagement pionnier sur les chantiers du partenariat entre la Suisse et le Burkina Faso dans la région de l’est, un certificat de reconnaissance trône sur le mur de son bureau.

A quelques heures de notre départ de la ferme, des femmes cuisinaient pendant qu’un homme se préparait à égorger un bélier pour la restauration de ceux qui viendraient prier la nuit du Mouloud. C’était à quelques heures de la commémoration de la naissance du prophète, et on sentait un air de fête.

C’est dans cet endroit très pittoresque que Souley Mohamed mène sa vie de retraité, faite de prières, de travail. Un trait de courage pour le « président », avec qui nous avons échangé sur divers sujets. L’entretien qu’il nous a accordé pendant quatre heures prend figure de testament. Dans la deuxième partie que vous lirez demain jeudi 24 février, le colonel parle de sa carrière militaire, de sa ferme, de la SONABHY, de son passage au ministère du Commerce et évoque bien d’autres sujets.

Dans le dernier volet que nous publierons dans notre édition du week-end, il ne s’agira uniquement que de sport. Souley a joué au foot au PMK avant de partir à Yaoundé pour une formation à l’Ecole militaire interarmes. De là-bas, il lui arrivait de descendre à Douala où il a vu à l’œuvre les Silures de Bobo contre l’équipe locale. Il dit avoir admiré, à cette occasion, la classe de Sidiki Diarra dont le nom a fait le tour de la ville. Un entretien à lire absolument.

En attendant, l’homme a assumé des fonctions diverses, dans de multiples domaines. Selon lui, il a eu la chance d’avoir des collaborateurs qui l’ont soutenu et qui se sont montrés dynamiques et disponibles. Sans eux, il n’aurait certainement pas réussi à faire ce qu’il a fait. Il a saisi l’occasion de notre entretien pour leur dire merci. Par ailleurs, il a estimé qu’on ne peut pas non plus avoir rempli toutes ces missions-là sans avoir peut-être froissé des gens. Si des choses ont prêté à confusion ou ont été mal interprétées, il présente humblement ses excuses à tous ceux qui se sont sentis à un moment donné vexés.

Son intention, a-t-il précisé, n’était pas de mal faire mais, de remplir une tâche, conformément à la feuille de route qui lui avait été donnée pour défendre les intérêts du pays. Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser ce monsieur-là à aller planter ses choux ailleurs au lieu de se la couler douce dans la capitale ? Il avait, selon lui, un idéal ; et c’est ce qu’il est en train de mettre en œuvre…

Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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