Il se tient du mardi 8 au vendredi 11 février à l’hôtel de ville de Ouagadougou un atelier de sensibilisation sur l’institutionnalisation de la prévention intégrée de l’insécurité et de formation aux techniques d’animation des comités locaux de sécurité. L’objectif étant, entre autres, de construire une culture de prévention de la criminalité et de modifier les conditions d’expansion de la délinquance urbaine.
La criminalité est un phénomène assez complexe lié à des facteurs socioculturels, économiques, juridiques, historiques propres à chaque Etat. La plupart du temps, elle se nourrit du désordre. Dans un degré moindre de la délinquance qui est tributaire de l’absence de développement, de solidarité et du sentiment d’exclusion. Dans la ville de Ouagadougou, pour ne prendre que cet exemple, une étude sur le ressenti insécuritaire montre que les citadins vivent avec l’angoisse de la criminalité. Ainsi donc, 81% de la population pensent que la délinquance est en augmentation ; 82% estiment que ce processus est irréversible.
L’inquiétude de la population communale porte à 56% sur les attaques à main armée. Ce que craignent 57% des Ouagavillois, c’est la criminalité de masse, communément appelée cambriolage. Heureusement la réactivité des forces de l’ordre satisfait 75% de personnes. Ce n’est certes, pas un sondage IPSOS encore moins CSA, mais il donne une indication sur la menace ressentie dans la cité.
C’est face à une telle situation que le Programme conjoint de renforcement de la sécurité urbaine (PCRSU), qui vise à apporter une réponse intégrée à la question de l’insécurité publique et de la criminalité en milieu urbain, a initié un atelier. L’objectif est d’informer les acteurs étatiques et de la société civile des tenants et des aboutissants du Programme, d’énoncer les axes prioritaires pour la formulation d’une politique nationale sur l’insécurité et la criminalité au niveau communal.
A terme, une quarantaine de participants seront formés en animation des comités locaux de sécurité et en montage de partenariats entre les communautés et les services publics de sécurité, avec pour but d’améliorer les relations entre la police et les populations. Selon le 2e adjoint au maire de Ouagadougou, Dramane Compaoré, l’intérêt d’une telle rencontre est qu’elle instaure un débat d’idées et fait évoluer les politiques et stratégies dans le domaine de l’insécurité urbaine.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des chercheurs sont venus du Canada (qui a les villes les plus sécurisées), de la France, du Cameroun et de la Côte d’Ivoire pour partager les expériences. C’est ce qui a fait dire au coordonnateur du PCRSU, Alain Ouilma, qu’il faut mettre des stratégies larges incluant la capacité des villes à coopérer entre elles.
A côté de cela, il faut que l’ensemble des citoyens même participent à la prévention de la criminalité sous une forme concertée et intégrée. Concrètement, le Programme a identifié 100 carrefours accidentogènes dans la ville de Ouaga. Il s’agira de dire à la population qu’à tel endroit il y a tel danger, et le PCRSU va demander aux services municipaux et nationaux (ONASER, police municipale et nationale) d’assumer leurs responsabilités en prenant les mesures qui s’imposent.
« Nous nous sommes également intéressés à la délinquance spatiale dans le genre victime. De plus en plus, les femmes sont victimes d’agressions, et nous avons identifié les lieux, les types d’atteinte… » a souligné M. Ouilma. C’est donc un programme novateur et méconnu qui compte vraiment tranquilliser la vie des citadins.
Kader Traoré
L’Observateur Paalga
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