Actualités :: La passion des télénovelas : Acculturation où culture cumulative (...)

Les télénovelas, depuis quelques années, occupent une place assez importante dans les grilles de programmes des chaînes de télévision. Si leur succès est certain et immense, les appréciations sont diverses. Certains y trouvent des leçons de vie, d’autres n’y voient qu’un aplatissement des valeurs morales et une banalisation de la sexualité.

Selon une étude menée dans le cadre d’un mémoire en Sciences et techniques de l’information et de la communication à l’Université de Ouagadougou sur l’influence des télénovelas sur les téléspectateurs, l’auteur, Diakité Mamadou, est arrivé à la conclusion selon laquelle les télénovelas exercent relativement une influence sur les téléspectateurs. En effet, à force de regarder les histoires des autres, nous finissons par nous y intéresser, par créer en nous un processus d’adhésion parce que des personnages sont animés de sentiment et dégagent des émotions, créent en nous de la sympathie.

En un moment donné, cela crée en nous un processus d’identification, en ce sens que notre propre environnement ne nous permet plus d’avoir des repères culturels. Alors ce que nous avons eu comme éducation, contenu, comme moule socio éducatif s’effrite au fur et à mesure que nous nous intégrons dans la dynamique de ces télénovelas. Selon le socio anthropologue sénégalais, Pape Issakha Dieng, « l’impact des séries est négatif, car elles ne sont pas ajustées à nos valeurs sociales et religieuses. Elles ne sont pas adaptées, et ne suscitent pas des réflexions capables d’éveiller la conscience. Si elles sont diffusées dans nos contrées africaines, cela est dû au fait que ce sont des populations dociles, manipulables, fragilisées par leur pauvreté, leur inculture. Ces téléfilms ne sont donc pas en adéquation avec notre milieu socioculturel ».

Les recherches révèlent également que les feuilletons peuvent bouleverser la vie des jeunes. Car c’est à travers les feuilletons largement regardés que des jeunes s’approprient les mœurs qui y sont exposées. Certaines jeunes filles ont été inhibées par ces émissions au point de vivre dans un monde féerique, oubliant que le bonheur s’obtient en faisant des sacrifices. Leurs modes vestimentaires s’inspirent de l’habillement de leur héroïne. Les coiffures, les maquillages et la dépigmentation de la peau sont inspirés des feuilletons. Des téléspectateurs enquêtés ont affirmé qu’ils sont influencés par les télénovelas dans leur perception de la vie, leur manière de travailler, leur façon de vivre en famille, leur manière de s’habiller, et leur façon de chercher de l’argent.

Ces histoires à l’eau de rose sont donc entrées dans la vie des téléspectateurs burkinabè. C’est en cela qu’elles créent ce que l’on appelle l’effet de conditionnement. Cet effet de conditionnement est le fait de l’habitude de regarder des histoires produites et proposées par d’autres. Ces histoires ont réussi à bouleverser certaines habitudes quotidiennes qui prévalaient dans les familles. Elles sont devenues un facteur incontournable dans l’établissement des programmes quotidiens familiaux. Les consommateurs y tracent leur programme en fonction des séries et les activités jugées importantes pour les familles sont souvent balayées du revers de la main. Les pratiques religieuses, les activités éducatrices sont placées au second rôle quand l’heure de diffusion des télénovelas s’approche.

Les télénovelas : facteur d’identification et source de motivation

Les acteurs des télénovelas sont devenus aujourd’hui des modèles pour les consommateurs de ces séries. Ils sont des milliers, hommes comme femmes, filles comme garçons, à s’identifier à ces acteurs et à apprécier certains de leur caractère qu’ils développent dans ces séries. Ce qui se décline comme une identification malheureuse parce qu’elle s’apparente au premier degré de l’histoire d’amour. En effet, sur 118 personnes de la population sondée par M. Diakité dans sa recherche, 72 ont affirmé s’attacher aux télénovelas pour apprendre les réalités de la vie et rêver de tout ce qui est beau et luxueux qu’un individu peut s’offrir dans la vie. Ils justifient leur attachement aux téléfilms pour l’apprentissage de certaines expressions ou interjections véhiculées dans ses feuilletons. Ils apprennent plus facilement les musiques qui accompagnent ces histoires. Ces musiques servent généralement de sonnerie pour les téléphones portables des téléspectateurs. Au-delà des motivations qui expliquent leur attachement, les fidèles consommateurs des télénovelas ont des besoins qu’ils cherchent à combler.

Contrairement à ce que l’on pensait des télénovelas comme étant uniquement des moyens pour se divertir et s’évader, nous constatons que les consommateurs avouent combler autres besoins. Ils apprennent à se défendre en suivant les feuilletons. Cette défense se manifeste à travers des maux qui peuvent miner les relations entre les individus, la vie en famille et en couple. Nombreux sont ceux qui avouent qu’ils apprennent à vivre à travers ces histoires d’amour. C’est là, que certains téléspectateurs adoptent des comportements jugés étranges, et la vie en société devient une vie pleine d’espoir. Ils sont nombreux aussi ceux qui disent qu’ils cherchent à corriger des vices, à se cultiver, à s’instruire et à davantage consolider leurs rapports sociaux avec les amis et se faire une idée de comment les méchants terminent toujours dans la société car la justice divine est au dessus de toutes les autres formes de justice et toute compromission se paye sur terre.

Les télénovelas : pourquoi une telle réussite ?

Leur réussite, Il faut remonter dans l’histoire de la production audiovisuelle. « Les télénovelas racontent l’histoire des sociétés, des familles au quotidien. Elles racontent l’histoire au sein de l’entreprise, de groupe spécifique qui parcourt les émotions et sentiments, nos désirs, pulsions, joies et peines ». En d’autres termes, tout ce qui est humain en nous ce décline dans ces histoires. Amour, infidélité, corruption sont trois faits sociaux. Les télénovelas s’en servent pour donner un éclairage à l’humanité. Il y a trois facteurs clés qui rythment le monde en bien ou en mal. L’amour pour son prochain, l’amour dans une philosophie de gouvernance politique, de gouvernance économique, du bien fondé des relations humaines, l’amour source de conflits multiples et multiformes qui est la cause de l’infidélité.

Le thème principal qui est évidemment l’amour apparaît sous deux formes dans ses histoires : « l’amour vrai teinté d’une passion déchirante et l’amour matérialiste marqué par la fragilité des sentiments ». L’amour ainsi développé est un thème qui accroche et dont on cherche vaille que vaille à connaître le dénouement.

Pour limiter les effets néfastes de ces histoires racontées, notamment sur les jeunes, l’auteur évoque la responsabilité parentale. Les parents doivent être les premiers téléspectateurs à ouvrir les échanges avec leurs familles. C’est en cela qu’ils incarnent l’autorité parentale, et créent un espace de communication avec les enfants. Partant de là, ils construisent un tissu familial assez solide en ce sens qu’ « ils n’interdisent pas, mais ils autorisent, expliquent et commentent, tout en recueillant l’avis de leurs enfants ».

Par Akim Amazebo

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