Actualités :: VIE A LA TRAME D’ACCUEIL DE OUAGA 2000 : LES EXPATRIES DU PROJET ZACA (...)
Une vue de la Zone de la trame d’accueil : des maisons ayant échappé à la furie des eaux

Si jusqu’à présent le projet ZACA est toujours en plein balbutiement, les anciens résidents refont leur vie le plus simplement possible à la trame d’accueil. Partira, partira pas, c’est le bras de fer qui un temps a opposé entre 2002 et 2003 les résidents de Zangouétin et de Tiendpalogo. Le projet de déguerpissement de la zone avait provoqué des gorges chaudes, des marches et une série de protestations. Mais au finish, les autorités ont eu raison des atermoiements de certains. La trame d’accueil était née. Huit ans après, que deviennent ces populations sur leur site d’accueil ?

C’est à cette question que nous avons tenté de répondre en allant à la rencontre de ces populations les 25 et 26 janvier derniers. On peut dire ce fut une expédition mais très intéressante.

Absence de dispensaire, de maternité, de marché fonctionnel, de moulin, insécurité, éloignement du site avec le centre ville, tels étaient à l’époque les revendications et besoins primaires exprimés par les populations et abondamment reliés par la presse. Qu’en est-il en 2011 ? Sur ce point, après quelques minutes, sur la route menant à Kombissiri (soit environ 12 kilomètres de la sortie de Ouagadougou en direction du Centre-sud), la trame d’accueil arbore un nouveau visage. Les commerces, les maquis et bars, les buvettes et autres gargotes y ont poussé comme des champignons.

Il y a une telle animation qu’il est difficile de se dire qu’on y a mis plus de 30 minutes pour y accéder en mobylette. De belles concessions ont fleuri partout sur le site. Mais y arriver, c’est le parcours du combattant. La route Ouaga-Pô est en pleine réhabilitation et ce qui reste de la voie bitumée est emprunté par des mastodontes et si ce n’est pas eux, ce sont les camions ou les cars de transport en commun. On rencontre aussi des véhicules privés sur cette voie dont le flux du trafic est infernal. C’est alors à travers un épais rideau de poussière qu’il faut progresser tout en faisant attention, sinon un accident est vite arrivé.

Le contraste de deux paysages !

Des villas futuristes y fleurissent

Ce qui frappe à première vue dans ce secteur qu’on appelle la trame d’accueil, c’est le contraste qu’il y a entre les deux rives de la voie principale. D’un côté, la vie y est bien organisée, les concessions bien construites et on sent un commerce florissant. Et de l’autre, un paysage lunaire : des ruines de bâtiments, des murs à terre, un bric-à-brac incroyable. Il semble que ce sont les maisons qui ont pu échapper à la furie des eaux du 1er septembre 2009. Mais chose curieuse, il y avait encore des personnes téméraires et courageuses pour y vivre. Alors certains citoyens ont colmaté ce qui restait des maisons après l’inondation et mènent un semblant de vie.

Du côté de la trame d’accueil, rien de tout ça. La vie est beaucoup plus organisée. Il était 10 heures le 25 janvier dernier quand nous y avons mis pied à terre. Pour une pareille entreprise, il est très difficile de savoir où commencer. Alors, nous avons choisit une famille au hasard. Dans la famille Kaboré, il n’y avait que la grand-mère et quelques enfants. Les parents étaient allés à leur lieu de travail. Nous n’avons pas eu d’interlocuteur : personne à part le chef de la famille ne peut échanger avec des journalistes, même si c’est pour de simples renseignements.

Deuxième étape, une boutique à l’allure prospère. L’intérieur était bourré de marchandises et le boutiquier était obligé de mettre des étals devant la boutique pour accueillir d’autres marchandises. Wendpuiré Zongo, le patron du coin que nous avons rencontré, nous dira qu’il est satisfait de son commerce. Face à nos interrogations sur la vie dans le secteur, il nous dira qu’il ne serait pas résident. Il serait venu de l’autre côté de la rue où il y a eu l’inondation pour venir y exercer son commerce. Pour lui, il n’y a pas de problèmes particuliers et la vie y est vraiment agréable. Quid des agressions, des vols et autres larcins ? Rien de tout ça à présent, dira-t-il même s’il reconnaît que ça ne peut pas manquer. Il semblerait que beaucoup de déguerpis auraient vendus leurs parcelles ? « Partout, on vend des parcelles, on ne peut pas éviter ça. C’est vrai qu’il y a eu des ventes de parcelles mais aujourd’hui certains regrettent, il y en a même qui veulent revenir mais c’est trop tard », nous confiera Wendpuiré Zongo.

Partout à l’intérieur de la trame d’accueil, des bâtiments futuristes poussent à côté des maisons classiques des habitants non fortunés. Notre présence et nos questions embarrassent certains au point que la plupart de nos interlocuteurs surtout dans les commerces ou dans certaines activités comme la couture, les pressings, nous affirment qu’ils n’y seraient pas résidents.

Deuxième jour de l’expédition !

Vue de la Zone de la trame d’accueil : une intense vie commerciale

Pour ceux qui exercent un métier sur place, la vie est plus simple. Hamadé Niampa, soudeur de son état, nous confiera être content d’y exercer. « Au début nous n’avions pas de courant et la vie était dure, mais maintenant Dieu merci ça va un peu. Moi je travaille ici et je pars rarement en ville, sauf si j’ai des commandes qui nécessitent que je m’y rende pour chercher certains matériaux. Mais de plus en plus, on trouve de tout ici ». Pour nous qui avions bravé avec courage ce rideau de poussière deux fois pour y aller, nous avons pu mesurer la difficulté de certains citoyens de rallier la ville pour aller travailler et surtout y arriver propre.

Une ménagère que nous avons rencontrée est d’un tout autre avis. Pour madame Ouédraogo, il est plus simple de se lever très tôt pour aller en ville que d’attendre que les mastodontes et autre véhicules commencent à circuler pour sortir. « Au début, en 2004, mes deux enfants étudiaient en ville. J’étais obligée de les y amener et d’aller les ramener. On se levait tôt pour y aller car il n’y a pas que les véhicules qui passent par là. Chaque matin, il y a des centaines de femmes qui vont à Koubri pour se ravitailler en légumes. Alors la voie est souvent prise d’assaut vers 6h 30-7h. Pour les éviter, il fallait sortir avant elles ». Et en ce qui concerne leur adaptation à leur nouveau milieu de vie, à la famille qui est restée en ville ? « Au début ce n’était pas facile, mais présentement on n’y pense plus. Nous allons leur rendre visite quand on peut et cela raffermit même les liens de la famille. Quand aux amies, il y a longtemps que je m’en suis reconstitué d’autres » (NDLR : elle disait cela à travers des éclats de rire).

Tous comptes faits, c’est la vie qui sort grandie de ce déguerpissement et là ou il y a la terre, les hommes ne peuvent que s’adapter à leur environnement. Voilà une ville qui est née à côté de la grande ville à partir d’un projet qui s’offre à présent des pauses café.

D.A.O Rama

San Finna

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