Vraiment, il y a trop d’étudiants à l’université de Ouagadougou ! Ces futurs cadres s’asseyent parfois sur des briques pour prendre leurs cours à l’Université, faute de places et parce que trop nombreux ! Mais ce que beaucoup ne savent pas, c’est qu’à cause de ce nombre, certains professeurs sont obligés de refiler des copies à d’autres étudiants pour les corriger. A priori, cela ne pose pas de problème si ce sont les meilleurs étudiants, des doctorants, des assistants ou des correcteurs largement avancés en études par rapport à ceux dont ils corrigent les copies. Par exemple, un étudiant en licence ou en maîtrise pourrait corriger une copie d’un étudiant de première année.
Mais quand on connaît le niveau discutable de certains étudiants en maîtrise, il y a de quoi être inquiet. Passe encore s’il s’agissait de corriger des devoirs de Questions à choix multiples (QCM) que même un élève de 6e pourrait faire s’il avait un canevas de réponses sous les yeux. Mais qu’en est-il des sujets de dissertation et de commentaire ? De quelle manière pensez-vous qu’un étudiant, certes nanti de sa maîtrise, mais qui n’arrive pas à cerner lui-même les contours de la langue française, peut-il corriger des copies de dissertation ou de commentaire ? C’est une question de crédibilité de l’évaluation. Si j’étais étudiant et on m’apprend que c’est un autre étudiant qui corrigera ma copie, en plus de la frustration qui naîtrait en moi, je me demanderais si ma note reflètera mon niveau réel. Ce qui m’amène à décréter que cette sorte d’ordonnance est contre-indiquée pour l’évaluation du niveau des étudiants. Un professeur doit corriger les copies de ses étudiants.
Dans le cas contraire, bienvenue à la débâcle qui s’invitera comme un cheveu sur la soupe de la formation de qualité. Ou, en tout cas, il n’est pas certain que ce soit forcément les meilleurs qui passent. Et ce sont ces derniers qui, à leur tour, évalueront d’autres. Imaginez la suite. Hélas, tout cela est la résultante de nombreuses failles de notre système éducatif. Des enseignants en nombre insuffisant qui se tapent deux, trois, quatre, voire plus de promotions d’étudiants à la fois dans plusieurs universités, des étudiants en nombre pléthorique, des doctorants qui fuient l’enseignement universitaire parce que peu motivant, ne peuvent que conduire à ce résultat.
C’est vrai que ce n’est pas forcément une raison pour confier les copies à des étudiants pour correction car je connais des professeurs qui ne l’ont jamais fait. Mais il est difficile de faire autrement dans ces conditions. Et, entre deux maux, mieux vaut choisir le moindre. Mieux vaut donner des copies à des étudiants, que de laisser une pile de copies à des professeurs qui, sous la pression des délais, ne pourraient pas, au final, les corriger avec toute l’objectivité et l’efficacité requises. De toute façon, le résultat demeure le même : un jeu de massacre de la formation où ce sont les étudiants qui récoltent les pots cassés. Alors, pour éviter tout cela, et à défaut de réduire le nombre d’étudiants (ce qui serait encore plus grave, car quel pays commettrait la bêtise de réduire la quantité de sa matière grise ?), il faut faire quelque chose pour motiver les enseignants afin d’en faire des émules. Enfin, il faut agir vite, si l’on veut éviter que l’élite qu’on forme aujourd’hui amène plus tard le peuple burkinabè dans l’abîme.
Le Fou
Le Pays
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