Actualités :: Sectes en Afrique : Comment stopper l’hémorragie ?

Les dernières décennies des années 1900, ont vu un accroissement exponentiel des sectes dans le monde et par conséquent en Afrique surtout. Il est aujourd’hui presqu’impossible de dénombrer rien que les sectes chrétiennes sur le vieux continent1. Mouvement venu paraît-il essentiellement de l’Amérique (en ce qui concerne les sectes chrétiennes) après la " ruée vers " l’or qui a engendré les films western qui ont subjugué le monde entier avec des acteurs de génies comme John Wayne, les sectes ont trouvé là-bas un terreau fertile à cause d’un certain nombre de facteurs particuliers : la nature des hommes qui se sont retrouvés dans ce pays, l’envie d’une liberté plus grande qu’en Europe dont beaucoup d’adeptes à l’aventure américaine avaient besoin, etc.

L’Afrique qui, pour des raisons diverses s’est engouffrée dans les spiritualités étrangères, a constitué un terrain particulièrement propice à la propagation des sectes, surtout au cours du 20e siècle. La situation difficile des populations africaines matériellement parlant, la désintégration des croyances endogènes due aux diverses agressions culturelles, politiques et religieuses, la " mirobolance " des propositions des sectes quant à la résolution des problèmes de la vie etc., tout cela a favorisé le développement des sectes en Afrique.

On dit que les principaux atouts des sectes concernent deux éléments vitaux de l’homme : la santé et les besoins matériels. Vrais ou faux, mettre en avant de telles promesses, c’est assurément suffisant pour s’attirer du monde dans des contrées où la chose la mieux partagée est la pauvreté matérielle. Il s’agit de savoir si cette propagation, même affublée de toutes les promesses vitales qu’elle véhicule, est bénéfique ou non pour les Africains.

Pour l’Africain traditionnel dans les principes, il ne saurait y avoir de sectes. En effet, celui-ci conçoit les communautés humaines comme2 fondées sur des cultures particulières et différenciées dès la base. La religion fait partie intégrante de ces cultures spécifiques. Il ne viendrait donc à l’idée de quiconque de remettre en cause la manière dont un groupe humain gère sa relation avec l’invisible, le transcendantal, le divin. De cette manière, la seule chose qu’on peut faire quand on se retrouve avec une religion étrangère, c’est de constater les différences et ressemblances avec sa propre manière de faire. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun Africain traditionnel de juger la religion d’une autre communauté. Cette situation nouvelle, qui consiste à juger les autres à l’aune de sa propre croyance, est arrivée avec les religions dites monothéistes ou universalistes.

Pour ces religions en effet, la vérité divine est unique et univoque. Ladite vérité a été révélée sinon prononcée par Dieu lui-même. Il ne viendrait donc à l’idée d’une telle personne de se prêter à une quelconque interprétation. De la même manière, tous ceux qui ne suivent pas littéralement ce qui est dit - et qui est inscrit dans un livre saint - sont contre la parole de Dieu et doivent être donc traités comme des ennemis de Dieu.

La conclusion se tire d’elle-même : si les Africains veulent rendre les sectes inoffensives sur le continent noir, il suffit de se comporter comme leurs ancêtres l’ont fait. Il suffit de se dire que la véracité d’une croyance quelconque, ne peut s’apprécier honnêtement et vraiment que par Dieu lui-même. Cela signifie qu’il faut se donner comme consigne que personne ne peut se mettre à la place de Dieu pour juger les croyances et les religions ! Seul Dieu le peut. Vouloir le faire à sa place est la position même de l’incroyant ou de l’orgueilleux.

Or tous nous sommes d’accord que ni l’un ni l’autre ne saurait trouver grâce aux yeux divins !
Les Nuna du Burkina ont cette sagesse bien instructive : "C’est sur l’ancienne corde qu’il convient toujours de nouer la nouvelle !".
Puissent les Africains d’aujourd’hui comprendre de telles paroles.
Gilles Remiche : Marchands de miracles. Documentaire 2006.

1 - Les gens ont pris l’habitude d’appeler l’Europe le vieux continent. Si celle-ci est vieille par rapport à l’Amérique " découverte " récemment par les Occidentaux, cela ne saurait l’être pour l’Afrique, mère de l’humanité et de la civilisation ! Tout cela pour dire que l’Afrique est bien le vieux continent.

Par Bétéo D. Nébié (neb_beteo@yahoo.fr)

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