Actualités :: REPONSE AU COMITE SYNTER DE LA DGIFPE : "Les inspecteurs traitent les (...)

Dans notre édition n°4781 du mercredi 12 janvier 2011, le comité SYNTER de la Direction générale des inspections et de la formation des personnels de l’Education adressait une correspondance au ministre de l’Economie et des finances, dans laquelle il dénonçait " un traitement inique et tendancieux" entre enseignants-chercheurs et encadreurs pédagogiques. Voici une réplique de quelques "enseignants aigus, engoncés dans leur complexe de supériorité justifié".

"Nous avons lu avec attention, la lettre ouverte adressée par le comité SYNTER de la DGIFPE à M. le ministre de l’Economie et des finances. En principe, nous aurions pu nous taire, si les inspecteurs militants SYNTER s’étaient contentés simplement de protester contre la fin de non-recevoir que le ci-devant ministre a opposé à leur dossier de revendication. Mais certains agents de l’Etat se retrouvent victimes d’une théorique de protestation à collaboration bilieuse qui, les prenant à partie, font d’eux des "enseignants obtus, engoncés dans leur complexe de supériorité injustifié" (cf. Lettre ouverte au ministre de la l’Economie et des finances). Notre appréciation de la lettre ouverte consistera à faire un certain nombre d’observations portant sur la pertinence de ladite lettre ouverte, puis sur le concept de discrimination dans les contextes administratif et académique, et enfin sur la position réelle des encadreurs pédagogiques par rapport aux assistants et maîtres-assistants.

A notre humble avis, cette lettre entendue comme réponse d’un syndicat à une lettre adressée par le ministre des Finances à son homologue du MESSRS et non à ce syndicat, pose un sérieux problème de procédure administrative. Le syndicat est-il autorisé, du moins habilité à répondre à une lettre adressée à son ministre de tutelle, fût-ce relativement à sa plateforme revendicative ? La lettre, soulignons-le, n’est pas adressée au syndicat. Elle est adressée par un ministre à un autre. Quel que soit le caractère (confidentiel ou non) de cette lettre, l’intervention du syndicat dans la réponse est une outrecuidance irrévérencieuse du point de vue de la déontologie administrative. Une telle réaction du syndicat soulève un grave problème de gouvernance. Le comité syndical est-il au-dessus de son ministre de tutelle, pour s’autoriser à répondre en lieu et place du ministre à une correspondance à lui adressée ? La fin de non-recevoir opposée par le ministre des Finances à son homologue du MESSRS, au sujet de la revendication des encadreurs pédagogiques, aurait dû être, de la part d’un syndicat, le motif suffisant pour engager un mouvement social afin de protester contre le refus obstiné du gouvernement à examiner sa plateforme revendicative.

Les interrogations du comité SYNTER de la Direction générale des inspections et de la formation pédagogique (DGIFPE) sur l’appartenance du ministre des Finances au SYNADEC révèlent l’expression du pur état d’esprit mesquin devant la décision du ministre de faire appliquer à des agents de l’Etat, les engagements du gouvernement à leur égard. Le gouvernement a eu le même mépris vis-à-vis de tout le monde dans la mise en application des accords qu’il a signés avec les syndicats le 17 août 2000. Il a fallu qu’en 2008, le SYNADEC engage une lutte pour réclamer le paiement de la dette sociale accumulée depuis lors. La mise en application de l’engagement du gouvernement ne saurait nullement être interprétée comme une faveur faite au syndicat en particulier au SYNADEC. Nous comprenons l’irritation de membres du SYNTER contre des acquis engrangés par un "jeune syndicat", leur syndicat ayant entre-temps manqué au rendez-vous de l’histoire.

Nous n’allons pas nous attarder sur l’expression d’une colère mal contenue de la part d’un syndicat qui aime à faire des amalgames de genres dans la lutte. Nous comprenons en filigrane dans la réponse du ministre des Finances au MESSRS que les encadreurs pédagogiques ont établi à leur gré un tableau d’équivalence entre maître-assistant et inspecteur, et entre conseiller pédagogique et assistant. Ils ont ainsi pris leur désir pour une réalité juridique, sans l’avis du législateur. Nous attirons l’attention de l’opinion sur le fait que selon "les arguties qui se balbutient" au MESSRS, c’est que les inspecteurs, qui se considèrent comme les illuminés de l’enseignement secondaire, refusent qu’on établisse une comparaison entre eux et les conseillers pédagogiques. En conséquence, ils refusent qu’un reclassement des conseillers conduise le gouvernement à les classer en P4, ce qui signifierait une égalité mathématique en termes de rémunération entre eux et ceux qui leur sont administrativement inférieurs.

Il faut donc trouver des arguments, face à la pression des conseillers pédagogiques pour se faire classer en P. On éprouve une angoisse en redoutant un reclassement au niveau de cette grille des conseillers, reclassement qui serait pour eux un acte de lèse-majesté, s’ils étaient rangés dans la même grille. Les inspecteurs se donnent le droit de traiter les enseignants-chercheurs comme des rivaux, droit qu’il refusent aux conseillers pédagogiques. Ils ont donc déclaré unilatéralement qu’ils étaient assimilables à des maîtres-assistants et que les conseillers pédagogiques l’étaient aux assistants ! Sans rappeler les méandres politiques qui sont à l’origine de la prétention maximaliste des inspecteurs de l’enseignement secondaire et cette attitude agressive de condescendance vis-à-vis de ceux du supérieur, nous indiquons tout simplement que les inspecteurs de l’enseignement secondaire étaient formés pour deux ans à partir de la maîtrise après évidemment un certain nombre d’années (5 ans minimum) d’expérience professionnelle. La formation est sanctionnée par un certificat d’aptitude professionnel après une soutenance d’un mémoire, souvent dirigé par un assistant. D’un point de vue universitaire, ce diplôme équivaut à un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) Bac+5. L’administration de l’Ecole normale supérieur de Koudougou a longtemps fait face à une pression obstinée, sinon à une agressivité des inspecteurs à imposer qu’on les considère comme des maîtres-assistants.

La ténacité de leur pression a longuement empoisonné le climat des relations avec les universitaires nommés à la tête de l’institution et a d’autant plus paralysé son fonctionnement que le ministre Laya Sawadogo avait clarifié la situation en élaborant un projet de décret de description des emplois. Ce projet a abouti au décret n°2006-423/PRES/PM/MFPRE/MESSRS/MFB du 11 septembre 2006 portant organisation des emplois spécifiques du MESSRS. Ledit décret ramenait inspecteurs et conseillers pédagogiques en A1, en prévoyant en lieu et place du reclassement, une bonification d’échelons. Il prévoit que les encadreurs pédagogiques du secondaire, inspecteurs et conseillers pédagogiques, soient formés à partir de la licence pour une durée de deux ans après un minimum d’expérience professionnelle de cinq ans. Ce décret qui est toujours en vigueur, à même rabaissé le niveau de leur formation de base, comme condition de recrutement à la formation d’encadreur pédagogique. Inspecteurs, conseillers pédagogiques et professeurs certifiés des lycées et collèges ont le même niveau de formation académique de base : la licence.

Ils sont formés par des assistants, c’est-à-dire des titulaires du doctorat, le plus haut diplôme académique que l’on obtient après huit ans d’études supérieures (Bac+8), et des maîtres-assistants. Mais pour paradoxal que cela puisse paraître, les textes de la Fonction publique maintiennent les assistants qui forment les ressources humaines du secondaire comme des professeurs des lycées et collèges ! Une chose est claire : tout inspecteur qui désir poursuivre ses études doctorales en vue d’une carrière universitaire revient s’inscrire à l’université. S’il est titulaire d’une licence, il doit d’abord faire une maîtrise, puis un DEA (Master) et enfin une thèse. S’il est titulaire de la maîtrise, il s’inscrit directement en DEA après acceptation de son projet de recherche par un directeur de thèse. Nous connaissons au moins l’exemple d’un inspecteur de l’enseignement secondaire qui a obtenu le doctorat et qui a été nommé assistant à un poste de recrutement à l’université de Koudougou, avant de faire ses preuves pour devenir maître-assistant.

Bien d’autres encadreurs pédagogiques poursuivant des études doctorales seraient mieux placés pour juger si les inspecteurs sont assimilables sur un tableau d’équivalence à des maîtres-assistants. Comment peut-on d’ailleurs évoluer d’inspecteur classé comme maître-assistant à assistant après l’obtention d’un doctorat ? Il n’y a qu’au Burkina Faso où cette forme d’évolution administrative, qui n’est en réalité rien d’autre qu’une involution, est constatée et possible. Il est alors urgent de revoir la classification des agents de l’Etat en fonction d’une logique graduelle pour introduire davantage de cohérence dans la gestion des carrières administratives des agents. A moins que les inspecteurs du SYNTER veuillent signifier à l’opinion que si un enseignant devient inspecteur, il se hisse au sommet d’une pyramide d’où il ne peut plus évoluer. A notre avis, il est en droit de poursuivre d’autres carrières administratives, parmi lesquelles celle d’enseignant du supérieur. La porte d’entrée dans ce corps des personnels de l’Etat reste ouverte à tout le monde à condition bien sûr d’obtenir un doctorat et d’accepter logiquement de se faire classer comme assistant au seuil de l’université. Il est aussi logique que le gouvernement se penche sur la correction des incohérences constatées. La fonction d’assistant est en effet la porte d’entrée de la carrière universitaire. Nous connaissons également des inspecteurs titulaires de la licence qui sont revenus s’inscrire en maîtrise pour espérer poursuivre des études de troisième cycle.

Dans la lettre ouverte au ministre des Finances, les inspecteurs du SYNTER ont dénoncé la discrimination dont ils sont l’objet dans les universités. Que l’opinion le sache une fois pour toute : l’université est le lieu de la discrimination par excellence ! L’assistant travaille plus que le maître de conférences et le professeur titulaire. L’assistant, qui abat le même boulot que le maître-assistant est moins payé que lui ; le maître-assistant à son tour l’est moins que le maître de conférences qui est moins bien payé que le professeur titulaire. Telle est la règle. Plus vous montez en grade, moins vous travaillez en termes de charge horaire d’enseignement, et mieux vous êtes payé. Les encadreurs pédagogiques intervenant comme personnel de soutien à l’université ne sont que des hommes de troupes - disons qu’ils représentent l’infanterie - pour emprunter le vocabulaire militaire. Ils ne sont ni assistants (parce qu’ils n’en ont ni le niveau, ni la compétence académiques), ni maîtres-assistants, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui ont fait leurs preuves pour mériter d’être classés dans le corps des enseignants du supérieur. Face à une administration impuissante à leur appliquer la lettre des textes, les inspecteurs avaient réussi à s’imposer à Koudougou et à l’IDS comme des maîtres-assistants, payés au-delà de leur niveau réel, celui des enseignants à temps plein (ETP), chargés de dispenser des travaux dirigés et des travaux pratiques.

Le ministre des Finances a raison de dire que "les arguments avancés par des encadreurs pédagogiques ne sont pas fondés sur des dispositions réglementaires, car l’assimilation d’une part des inspecteurs de l’enseignement secondaire aux maîtres-assistants, et d’autre part des conseillers pédagogiques aux assistants, bien que tolérée autrefois, reste sans fondement juridique". Faut-il s’étonner que quand, à la faveur de la revalorisation des enseignants-chercheurs, ils sont ramenés à leur niveau catégoriel réel, ils aient eu le sentiment de n’avoir que 2% d’augmentation contre presque 100% pour les enseignants-chercheurs ? En réalité, s’ils étaient payés auparavant à leur niveau de rémunération réel, ils auraient aussi bénéficié des presque 100% d’augmentation. Les ETP qui était payés à 3 300 F CFA sont actuellement payés à 6000 F CFA l’heure. La situation actuelle des encadreurs pédagogiques du Burkina Faso reflète bien le qualificatif qui lui est jusque-là attribué d’oasis d’exception en Afrique de l’Ouest, voire en Afrique tout court. Les incohérences y sont légion. Mais sachez une chose : quand un agent de l’Etat se fait surclasser en échelons dans son traitement salarial, l’histoire finit par le rattraper dans l’évolution de sa carrière. Les encadreurs pédagogiques du SYNTER, ces grenouilles qui se gonflent pour se comparer aux boeufs, ont été logiquement dégonflés par la marche de l’histoire universitaire, au regard de cette réponse du ministre des Finances à son homologue du MESSRS.

Les inspecteurs qui se sont enorgueillis d’avoir chassé Laya Sawadogo du MESSRS pourront-ils renouveler leur prouesse en chassant Lucien Marie Noël Bembamba du ministère de l’Economie et des finances ? Let us wait and see !

Ont signé : des enseignants aigus, engoncés dans leur complexe de supériorité justifié

Dr Ismaël Henri Bassolé Dr Balé Bayala Dr Amadé Ouédraogo Maîtres-assistants à l’Université de Ouagadougou

Le Pays

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