Actualités :: CALIXTE BEYALA ET LA FRANCOPHONIE : Des coups de talons dans la (...)

Calixte Beyala, romancière française d’origine camerounaise, ambitionne de déboulonner Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Ce dernier voudrait rempiler pour un troisième mandat de quatre ans. Et, il est fort certain qu’il bénéficiera du soutien des chefs d’Etat, à l’occasion du XIIIe Sommet de la francophonie qui se tient du 22 au 24 octobre à Montreux en Suisse.

Reconnue pour n’avoir pas sa langue dans la poche, Calixte Beyala semble avoir choisi le moment idéal pour harponner l’organisation. Selon elle, « la Francophonie doit (...) également s’occuper des populations des pays francophones, s’impliquer un peu plus dans leur vie quotidienne, construire des écoles, construire des hôpitaux ». Sans doute la francophonie demeure-t-elle ce vaste ensemble qui unit par le biais d’une langue, des millions d’individus à travers le monde. C’est vrai, nous sommes 220 millions de francophones en 2010. Et selon une projection, on comptera de 700 à 750 millions de francophones dans le monde en 2050, dont 500 millions en Afrique. Mais qu’y gagne-t-on vraiment ?

Au-delà des manifestations culturelles et sportives, des échanges multiformes autant que de la coopération en matière d’éducation, peut-on vraiment occulter le fait que la misère s’accentue au niveau des populations ? Quelle réponse la francophonie apporte-t-elle à la demande sociale dans les pays du Sud ? On a même l’impression que plus on parle cette langue censée nous rassembler, plus des murs de visas rejetés se dressent hideusement sur les routes qu’empruntent nos jeunes avides d’apprendre, de comprendre et d’échanger.

La francophonie est à ce point devenue un bastion pour les dirigeants des pays membres, qu’ils trouvent à peine le temps de discuter de la vie chère, des écoles où l’on apprend de moins en moins lorsqu’elles existent, des routes qui n’en sont pas, des centres de santé sans moyens, des amphithéâtres qui ne suffisent plus, des petites et moyennes entreprises et industries qui ferment leurs portes, des personnels démotivés et des élites démissionnaires. Calixte, célèbre écrivaine franco-camerounaise sait parfaitement qu’il lui sera très difficile de détrôner Abdou Diouf. Elle cherche surtout à secouer le cocotier francophone. Fidèle à ses habitudes de provocatrice, elle a décidé de frapper haut et fort. Elle qui ne doit plus être en quête de visibilité, voudrait peut-être porter loin un message qui dérangera certes, mais aura le mérite de recentrer les débats tant les déceptions sont grandes et vont crescendo. Calixte, dans ses envolées, n’est peut-être pas tendre.

Mais comment ne pas tancer cette francophonie bien tranquille, enracinée dans des valeurs dont la célèbre femme de lettres aura elle-même du mal à se défaire pendant longtemps ? Comme une bouffée d’oxygène, Calixte vient bousculer une organisation qui, à l’évidence, ne sert pas vraiment les intérêts de la grande masse. Il nous semble venu le temps de mettre fin au garage doré de cette francophonie qui se bureaucratise et se politise au grand dam des opinions publiques. Une francophonie bien loin des préoccupations de la grande majorité des peuples qui partagent le français comme langue de travail et de communion.

Même si elle ne constitue pas elle-même un modèle de référence, on ne saurait reprocher à Calixte de ne point ménager l’organisation qui rassemble des centaines de millions de gens parlant français. Ses propos sont osés mais justes. Celle qui écrit autant qu’elle parle, c’est-à-dire d’une manière « crue », a aussi ses atouts. Son franc-parler dérange certes, mais il a le mérite de faire bouger les choses. Or, du côté des chefs d’Etat comme des élites, ce besoin d’air frais existe. Ils ont certainement mal à leur conscience quand il leur arrive de songer un peu à ceux qu’ils dirigent. Mais qu’ils peinent à avancer dans la résolution des grandes questions ! Trop souvent, ils usent de la langue de bois et du dilatoire pour dissimuler les fuites en avant.

En cela, les propos de Calixte viendront leur rappeler que le développement, s’ils y ont renoncé, l’Afrique des profondeurs elle, en veut et y tient. Et elle le montre de plus en plus ouvertement chaque jour. Calixte sait Abdou Diouf indéboulonnable. Peut-être chercherait-elle à se positionner en prévision de combats futurs ? Possible. En tout cas, l’occasion est belle de remuer les méninges et de faire prendre davantage conscience de certaines réalités à ceux qui feignent de les oublier. Comment d’ailleurs ne pas se rappeler que la Suisse qui abrite cet autre sommet de la francophonie, constitue le coffre-fort des dictateurs du continent ? Comment oublier que l’Europe qui ferme ses portes aux enfants des pauvres de notre continent est un véritable paradis fiscal pour les fortunes qui s’envolent d’une Afrique où croît la misère ?

"Le Pays"

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