Actualités :: Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en (...)

La commune urbaine de Ouagadougou, comme bien d’autres, a son plan de développement. Dans ses plans cadastraux de lotissement, des espaces verts sont prévus avec pour seule vocation de servir de lieux de divertissement. Ces endroits réservés pour être des espaces de distraction se retrouvent convertis en champs de mil, d’arachides, de haricot... propices refuges aux bandits. L’agriculture est-elle tolérée en pleine ville ? Pourquoi "ces paysans urbains" continuent-ils de cultiver sur ces lieux malgré l’interdiction des autorités communales ?

"Sur les voies qui longent des champs, beaucoup d’agressions se produisent et tout le temps, nous sommes inquiets. Nous avons peur car il m’arrive de descendre tard la nuit alors que je dois traverser ces champs pour arriver chez moi". Tels sont les propos de Jean-Baptiste Kaboré, visiblement en colère. Son courroux se justifie par le fait que certains de ses amis ont été agressés aux abords de ces champs situés sur la route menant à son domicile. Jean-Baptiste Kaboré habite à Toudoubweogo, un quartier non loti dans l’arrondissement de Nongr-Massom. Du secteur n°23 où il travaille à son lieu d’habitation, il y a environ 3 km de réserve à parcourir. Sur cette réserve, on trouve des champs de maïs, de mil, de haricot, etc. Ces champs sont, selon lui, des nids de bandits.

Comme Jean-Baptiste Kaboré, Lucien Soudré, fabricant de briques au secteur n°23, lui aussi s’offusque contre ces cultivateurs en ville qui permettent, à son avis, aux voleurs d’atteindre leurs objectifs. Face à la menace quotidienne des bandits, M. Soudré trouve que la psychose a envahi les usagers de la voie qui ne savent plus à quel saint se vouer, parce que l’herbe est aussi un refuge pour les bandits. La culture sur ces reserves administratives sont aussi une nécessité, voire une obligation pour ces populations démunies qui n’ont que cette activité pour subvenir à leur besoin alimentaire, sanitaire, etc. Ces populations sont souvent surprises par l’extension de la ville qui engloutit leurs villages.

Des mentalités ou des habitudes demeurent. Leurs champs sont devenus des parcelles à usage d’habitation et des réserves. Ils deviennent soudainement citadins. C’est le cas par exemple de Mme Alimata Ouédraogo, veuve depuis une bonne dizaine d’années. Veuvage oblige, elle se retrouve avec près de dix enfants à sa seule charge. Cultiver se révèle être une obligation pour elle. "Je dois cultiver car c’est ma seule activité depuis le décès de mon époux. Je n’ai personne pour m’aider et je dois m’occuper de mes enfants, les nourrir, les soigner et aussi payer leur scolarité. Je n’ai pas d’autres terrains ni autre chose à faire", a affirmé Mme Alimata Ouédraogo, habitante du secteur n°23 de Ouagadougou.

Binta Tapsoba a elle aussi un champ d’arachides, sur l’une des multiples réserves de la ville de Ouagadougou. Elle a d’abord refusé de se prêter à nos questions mais dès qu’elle fut persuadée que nous ne sommes pas de la police, ni des agents de la mairie, elle a accepté de nous répondre, s’offusquant contre la municipalité qui, selon elle, veut leur retirer ce qui leur appartient comme seule source de revenus.

"La mairie nous avait dit de ne pas cultiver sur ces espaces. Ensuite, ils sont venus nous dire de cultiver tout sauf du mil ou du maïs aux abords des routes. Nous les voyons venir car je sais qu’un jour, la mairie nous dira de ne plus cultiver et là, nous ne saurons plus quoi faire pour la scolarité de nos enfants", soutient Mme Binta Tapsoba.

Le mil et le maïs prisés

Le veuvage, la pauvreté, etc., sont autant de maux qui contraignent de braves gens à exploiter les espaces verts même en milieu urbain. La municipalité a toléré cette année la culture des plantes de basse hauteur. Toute chose qui soulage Issaka Tiendrébéogo, autochtone de la zone et cultivateur dans l’arrondissement de Nongr-Massom qui souligne d’ailleurs qu’à défaut de sa mère, on tête sa grand-mère.

Il vaut mieux cultiver l’arachide, le haricot en lieu et place du mil et du sorgho qui rapportent plus. "Le maïs ou le mil nous aide beaucoup. Nous autochtones, n’avons plus autre terrain pour cultiver. C’est notre village qui est devenu ces espaces interdits mais tout ce que nous redoutons c’est que la municipalité nous intime l’ordre de cesser toute culture", a signifié Issaka Tiendrébéogo.

Un propriétaire d’un champ de mil visiblement embarrassé et préférant garder l’anonymat, reconnaît avoir enfreint la loi qui veut que le mil ou le maïs ne soit pas cultivé en ville. Nous avons vite compris qu’il redoute une sanction, car étant en infraction, son champ peut être détruit. Le reverdissement, l’embellissement, l’aménagement des espaces verts incombent à la direction des aménagements paysagers de la commune de Ouagadougou.

Pour son premier responsable, l’inspecteur des Eaux et Forêts, M. Issa Savadogo, l’autorité en parle, sensibilise et tolère du même coup les cultures de l’arachide, du haricot, en général, les cultures d’une basse hauteur. M. Savadogo estime que c’est inadmissible de permettre que des gens créent des occasions d’insécurité en cultivant du mil ou du maïs pouvant servir de refuge à des voleurs ou à des violeurs...

"Il faut être réaliste, la vie humaine n’a pas de prix, et il faut évoluer, changer les habitudes. Dans ces lieux, il arrive parfois qu’une personne soit tuée...", a relevé M. Issa Savadogo. Il pense par ailleurs que compte tenu de l’irréversibilité du dynamisme de la ville, il faut agir fermement afin que ces populations se reconvertissent. Les sanctions encourues par ces cultivateurs en zone urbaine sont entre autres, la destruction des plants, la responsabilité pénale en cas d’agression commise dans le champ...

A Kosyam où est situé le palais présidentiel, on trouve également des champs de mil, de maïs... Un peu partout à travers la ville, les champs de culture se multiplient. Vivement que la municipalité prennent des mésures pour barrer la route à ce phénomène qui en réalité fait du mal que du bien à la cité. Les moustiques et les bandis, ... y trouvent un endroit favorable pour se développer afin de nuire à la population.

Wendyam Valentin COMPAORE (valentin_compaore@yahoo.fr)

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