Actualités :: Disparition d’un enfant à Orodara : Les autorités locales appellent au (...)

Il règne une atmosphère tendue, ces derniers temps à Orodara, suite à la disparition d’un enfant de 2 ans. Les chasseurs dozos sollicités par la famille de l’enfant ont identifié une vieille dame qui, selon eux, serait à l’origine de cette disparition. Les autorités locales, ayant décrié cette pratique illégale, ont retiré la vieille femme des mains des dozos. C’est ce qui a provoqué la colère de la population qui a pris d’assaut le commissariat central de police de Orodara dans la soirée du mercredi 4 août 2010 afin de manifester son mécontentement.

Lundi 2 août 2010, dans l’après-midi, aux environs de 16 heures, une grosse pluie tombait dans la cité de Orodara Siriki. Dans la cour de la Croix-Rouge sise au secteur n°6, les femmes d’une association de la place vaquaient à leurs occupations quotidiennes basées principalement sur la transformation du manioc en « attiéké ».

Patricia Traoré, une des membres de cette association, avait couché son enfant de 2 ans (Saïbou Ouattara) dans une maison appartenant à la Croix-Rouge. Après la pluie, plus d’enfant dans la maison. Où est-il passé ? Mystère ! Et chacun y est allé de son commentaire. A en croire certains, l’enfant aurait été emporté par l’eau.

D’autres par contre, ont parlé d’enlèvement. Les recherches ont duré trois jours sans résultat. C’est pourquoi le mercredi 4 août 2010, les parents de l’enfant ont fait appel aux chasseurs dozos pour le rechercher. Ceux-ci, censés détenir des pouvoirs surnaturels, ont identifié une vieille dame d’environ 70 ans comme étant à l’origine de la disparition de l’enfant.

Cette pratique des dozos a été fortement déplorée par les autorités locales qui estiment qu’elle est illégale. Elles ont dépêché la police qui a intercepté la vieille femme des mains des dozos. Ce qui n’a pas été du goût de la population qui a pris d’assaut la cour de la direction provinciale de la police nationale du Kénédougou pour manifester son mécontentement. Injures, cris et pleurs, telle était l’ambiance qui y régnait. La population en colère dénonçait la suspension des activités des chasseurs dozos par les autorités. Au regard de la situation, un comité de crise a été d’urgence mis en place.

Une réunion a été convoquée immédiatement la même nuit pour se pencher sur la question afin d’éviter le pire. Cette rencontre présidée par le haut-commissaire de la province du Kénédougou, Allahidi Diallo a connu la présence effective du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Orodara, du maire, du préfet, des responsables des forces de sécurité, des autorités coutumières et religieuses, des parents à plaisanterie (Rameau Lobi-Dagari) et des représentants de la famille de l’enfant disparu.

L’objectif recherché à travers cette rencontre était de trouver des voies et moyens pour gérer cette crise. Mais comment ? Les échanges ont été houleux. Et le point d’achoppement a porté sur l’intervention des dozos. De l’avis de la famille de l’enfant, l’action des dozos doit se poursuivre jusqu’au bout. Une proposition rejetée par les autorités locales qui estiment que les recherches doivent être faites par les services compétents (la sécurité) et non les dozos.

Le procureur du Faso a demandé aux notables et aux parents de l’enfant de faire confiance en la justice, car la lumière sera faite sur cette affaire. Et d’ajouter que tout sera mis en œuvre pour retrouver l’enfant, à travers des recherches, des enquêtes et des perquisitions à domicile. Dans le même ordre d’idée, le haut-commissaire de la province du Kénédougou dira que l’essentiel est de retrouver l’enfant surtout vivant, afin de calmer les esprits.

Il a donc demandé l’indulgence des uns et des autres, afin de permettre à la justice de mener à bien sa mission. Enfin, le haut-commissaire dira qu’il n’a rien contre les dozos car, selon lui, ceux-ci constituent « notre patrimoine culturel ». Et d’ajouter que c’est plutôt la pratique utilisée par ceux-ci qui est déplorable et illégale. La restitution des conclusions de cette rencontre à la population n’a pas du tout été facile pour les autorités, face à une foule hostile à toute autre solution que la poursuite de la démarche des dozos. Après d’âpres négociations, la foule a fini par se raviser et se disperser.

Les autorités locales déterminées à gérer£ la crise

Pour le Haut-Commissaire de la province du Kénédougou, Allahidi Diallo, il faut vite trouver une solution à cette situation. Après la chaude soirée du mercredi 4 août 2010, une autre rencontre a eu lieu le lendemain au haut-commissariat de Orodara. Il était question pour les différents acteurs intervenant dans la gestion de la crise, de développer des stratégies de recherche.

Mais à cette concertation, les notabilités coutumières et religieuses, ainsi que la famille de l’enfant ont opté pour la piste des dozos qui serait meilleure dans la recherche de solution à cette crise. Une proposition qui a été rejetée par le procureur du Faso qui l’a qualifiée de manque de confiance en la justice. En sa qualité de garant des lois dans la province, il dira ne pas pouvoir autoriser les dozos à poursuivre leurs recherches.

Quand les femmes s’en mêlent !

Après les différentes initiatives développées par les autorités locales pour apaiser les esprits, une accalmie semblait régner dans la commune. Mais hélas ! Dans l’après-midi du vendredi 6 août 2010, un groupe de femmes surgit et reprend d’assaut la cour de la direction provinciale de la police du Kénédougou. Cette fois-ci, la tension est très vive.

Les femmes ne cherchent plus rien à comprendre. Elles réclament seulement aux forces de sécurité de leur livrer la vieille dame suspectée, afin qu’elle aille leur montrer là où se trouve l’enfant. Certaines d’entre elles avaient en main une spatule, signe de malédiction en pays Siamou. Il a fallu encore faire recours aux autorités locales pour que les choses rentrent dans l’ordre.

Les notables plaident pour la paix

Après le refus des autorités de laisser faire les dozos, les notables de Orodara ont décidé de prendre le problème à bras le corps. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans la matinée du samedi 7 août 2010 au domicile du chef de canton, Tiéfing Jean Martin Traoré. A l’ordre du jour était inscrit un seul point, à savoir la gestion de la crise née de la disparition de l’enfant. Les anciens ont préféré laisser l’affaire entre les mains de la justice.

Ensuite, ils ont plaidé pour la paix à tous les niveaux. La restitution des conclusions de cette rencontre a été faite dans l’après-midi à la famille de l’enfant, tant au niveau des hommes que des femmes. Le même compte-rendu a été fait aux autorités dans la soirée au haut-commissariat de Orodara. La délégation des notables a tenu à féliciter le haut-commissaire et ses plus proches collaborateurs pour les efforts consentis depuis le début de la crise.

En outre, elle a présenté ses excuses aux autorités pour les désagréments causés par l’opération menée par les dozos. Les notables, reconnaissent même que ceux-ci ont un peu débordé dans l’exécution de leur mission. Enfin, ils diront s’en tenir aux décisions des autorités judiciaires pour la poursuite des recherches.

Mais leur souhait le plus ardent est de retrouver l’enfant vivant. Le haut-commissaire de la province du Kénédougou a, pour sa part, salué cette démarche des notables de Orodara qui vient à point nommé dans la recherche d’une solution à la crise.

Appolinaire KAM

Sidwaya

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