Actualités :: Police de proximité Un autre harpon contre les truands

Le gong du rapprochement et de la collaboration entre les populations civiles et les forces de sécurité sonné dans le cadre de la mise en œuvre de la police de proximité au Burkina Faso atteint progressivement ses objectifs. « Les statistiques montrent que les efforts soutenus déployés pour contenir la criminalité commencent à porter leurs fruits, même si le phénomène persiste, reflétant surtout le contexte social, national et international.

482 cas d’attaques à main armée ont été enregistrés par la police et la gendarmerie au cours de l’année écoulée contre 684 attaques en 2006, ce qui correspond à une réduction sensible du phénomène d’environ 30% », lit-on dans le dernier discours sur la situation de la Nation du Premier ministre, Tertius Zongo.

En plus de ces résultats significatifs, les zones traditionnellement perçues comme très criminogènes (Centre-Est, Centre-Nord, Est, Sahel) enregistrent un net recul de l’insécurité. Mais ces lauriers sont loin d’être une victoire totale contre un phénomène tantôt galopant ou rampant tantôt local, national ou transfrontalier.

La moindre attaque remet tout à plat. Et toute étincelle s’apparente à un coup dur annihilant les efforts consentis pour la protection des personnes et des biens, donnant aux populations l’impression que rien n’est fait de façon durable.

D’où la quête d’une stratégie inclusive et exclusive. Les agents de gendarmerie et de police sont soit sur la sellette, soit sur le qui-vive. Outre les patrouilles sur les principaux axes et les pistes rurales, l’accent est mis sur le renseignement. Tout ce dispositif ne saurait conduire à un anéantissement total de l’insécurité sans la participation réelle, effective et sans faille de toutes les composantes de la société.

Evaluant les acquis et les insuffisances de la police de proximité, le ministère de la Sécurité vient de procéder à une réorientation de cette approche. Car le réflexe de dénoncer les bandits ou d’utiliser systématiquement les numéros verts n’est pas totalement appréhendé par les citoyens.

Bien que leur contribution ait été indéniable dans la prévention et la répression contre le grand banditisme, les Comités locaux de sécurité (CLS) ont toutefois été entravés dans leur mission par leurs modes d’organisation et de fonctionnement. Désormais, ce concept se trouve plus élargi et s’étend jusqu’à la sécurité humaine. Il est auréolé dorénavant, des « Initiatives locales de sécurité » (ILS) pour mettre tout le monde sur le même élan contre l’insécurité. Ses maîtres-mots sont la dénonciation, la participation aux gardes et aux missions d’interpellation, l’information sur des cas suspects, le conseil…

S’appuyant sur des associations déjà constituées et fonctionnelles telles que les « Dozos » dans la partie Ouest du pays, « Kolgwéogo » au Nord et « Wendpanga » au Centre-Nord, elles entendent opposer à l’insécurité, des valeurs de « franchise, dignité, honneur » afin de susciter une participation populaire autour de la formule : « Vaincre ou périr ». Bénéficiant d’une reconnaissance de l’administration publique, elles ont déjà permis d’arrêter plusieurs voleurs, des coupeurs de route et de déceler des réseaux de grands bandits.

Ce deuxième fusil d’épaule contre la criminalité s’inscrit dans les solutions endogènes au phénomène et a pour ambition de placer toutes les parties prenantes dans la traque des truands dans un ordre de « sacrifice pour la famille, la société et la communauté ».

Il s’agit en réalité, d’organiser une mobilisation sociale au sein des cachettes des truands et bâtir des remparts autour de celles-ci. Car il faut s’en convaincre maintenant : la protection des personnes et des biens impose à toutes les composantes de la société une franche collaboration, voire une adhésion sans retenue pour extirper les mauvaises graines et les classer hors d’état de nuire. Toute collaboration a vallu à la lutte des succès.

Populations civiles et forces de sécurité sont embarquées dans le même bateau tanguant sous les affres de l’insécurité. Le guet-apens tendu le 6 avril dernier, à Solhan dans le Yagha, au pandore Ismaël Kabré, en est une illustration. Personne n’est épargné.

Il faut alors se donner la main, coûte que coûte. L’action collective recherchée par la nouvelle approche se fonde sur « la solidarité, la fidélité, l’intégrité, l’amour du travail et le courage ». Elle est en amont et en aval des besoins de sécurité exprimés par les populations et s’entoure d’un encadrement des pouvoirs publics et des forces de sécurité. Cette bataille doit s’inscrire dans celles contre la drogue et la prolifération des armes légères.

Et la Stratégie nationale de sécurité intérieure (SNSI) vise à concilier les vues, à cerner le phénomène dans tous ses états, en vue de l’endiguer au niveau de ses racines. Sa validation lors d’un atelier national, tenu le 15 décembre 2009 à Ouagadougou, participe de la volonté de canaliser toutes les énergies des parties prenantes en vue d’instaurer un climat franc de confiance pour entreprendre des activités concertées, communes et pérennes pour endiguer de façon durable, l’hydre de l’insécurité.

La balle est lancée à tous les citoyens. Certes le gouvernement ne tarit pas d’imagination, mais le banditisme a la peau dure et ses acteurs redoublent d’ardeur. L’on n’a plus affaire à des voleurs traditionnels, mais à des terroristes dont les actes sont aussi traumatisants que tragiques. Ils usent eux aussi, d’armes de guerre, de techniques de renseignements et des technologies de la communication.

Au moment où des manœuvres multinationales s’effectuent pour un éventuel assaut contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), des voies et moyens d’envergure sous régionale doivent être envisagés pour anéantir les apprentis-terroristes qui endeuillent les nombreuses familles dans les domiciles et sur les routes. Il est à craindre que ces deux bouts (professionnels et apprentis) du terrorisme ne se croisent un jour pour donner lieu à l’enfer : des pleurs à gogo et des larmes à flots.

Jolivet Emmaüs : Joliv_et@yahoo.fr

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