Yaïka, village situé à environ dix kilomètres à l’Ouest dans la commune de Bourdry, a été endeuillé le samedi 24 avril 2010. Pour cause, cinq jeunes orpailleurs, tous originaires dudit village dont l’âge compris entre 17 et 35 ans, ont trouvé la mort dans un trou d’une profondeur d’environ 25 mètres.
A l’origine du drame, selon les services de sécurité de Boudry, un groupe d’exploitants découvrent la présence d’une roche supposée contenir de l’or et décident ainsi, à défaut de dynamites, d’enflammer celle-ci à l’aide d’un pneu, du bois et de l’essence. L’objectif pour eux, ramolir la roche et s’approprier son contenu et aussi permettre à l’équipe d’avancer dans son expertise. Le nécessaire fut alors apporté.
Le vendredi 23 avril au soir, l’opération fut faite. Tard dans la nuit du vendredi, un du groupe d’exploitants revint certainement pour constater la suite. Ce dernier ne ressortira plus du trou. Pris par le gaz terrible de la combustion, il fut en effet la première victime morte brûlée. Mais quatre autres de ses compagnons allaient subir le même sort.
L’on était en effet sans nouvelle de la première victime partie dans le site le vendredi 23 dans la nuit. Et personne ne se mit à l’idée que celui-ci soit reparti dans le trou la même nuit.
C’est donc le samedi matin, qu’un des leurs, se renseignant à son sujet, constata au bord du trou, la présence de ses chaussures qu’il reconnues. Un jeune se porta alors volontaire pour rentrer voir ce qui se passait. Mais juste après sa descente dans le trou, il ne se manifesta plus. Un troisième se résolu de porter secours aux deux, puis, même scénario. Un quatrième et enfin un cinquième connurent le même sort tragique.
C’est alors que les plus avertis décidèrent d’arrêter cette procédure fatale. Aussi, on engagea la descente d’une sixième personne tout en prenant la précaution d’attacher une corde à sa hanche. Mais à quelques mètres seulement de profondeur, celui-ci fit face à la toxine et demanda secours à ceux qui tenaient la corde. Retiré du trou, il s’évanouit avant de reprendre plus tard connaissance. Ce fut à travers ce rescapé que les nombreux volontaires qui désiraient rentrer dans le trou comprirent le danger qui les attendait.
Pour retirer les victimes du trou, la seule alternative qui a prévalu fut de faire appel à la brigade des sapeurs-pompiers de Ouagadougou. Pour les nombreux témoignages que nous avons récoltés sur place à Yaïka, cette mine artisanale dont l’exploitation est contestée depuis 1998, année de son apparition, est à son premier drame.
Le chef du village précise de ce fait et avec une grande émotion, que les lieux ayant causé le drame ont été profanés par les jeunes qui refusent les conseils. Il a décrit plusieurs manifestations mystérieuses et mystiques qui sont en fait le signe de la présence "d’esprits".
Pour consoler toute la population attristée, une délégation conduite par le haut-commissaire du Ganzourgou, Mimninga Laurent Kondombo, des maires de Boudry et Mogtédo, du préfet de Mogtédo, s’est rendue sur les lieux. Celle-ci a également échangé avec la population afin de la dissuader quant à l’exploitation du site. Avec la saison hivernale qui s’annonce bientôt, la mission a aussi sensibilisé les exploitants miniers pour qu’ils arrêtent l’utilisation du cyanure dont la toxicité n’est plus à démontrer.
Hahadou Daniel NADINGA
Sidwaya
