Actualités :: CSPS DE REO : Quel gâchis !

Ce qui se passe au secteur 4 de Réo est un véritable désastre. Les
populations de ce secteur de la capitale du Sanguié, et au-delà, de
toute la localité, longtemps éprouvées par le problème de l’accès aux
soins de santé, ont été, il y a quelques années, gratifiées d’un Centre
de santé et de promotion sociale (CSPS). Cette infrastructure, un joyau
digne d’un véritable complexe sanitaire moderne, a été construite et
entièrement équipée par la Banque africaine de développement (BAD), à
travers le Programme de réduction de la pauvreté au niveau communal
(PRPC) à hauteur d’environ 150 millions de francs CFA. Réceptionné
depuis 2005, ce centre avait suscité beaucoup d’espoir au sein des
populations.

Aujourd’hui, cet espoir est en train de tourner au
cauchemar. Sans même avoir reçu son premier patient, l’infrastructure se
trouve dans un état de décrépitude très avancé. Un problème d’eau et de
courant électrique, pourtant financés par le bailleur de fonds, serait à
la base de cette situation.

C’est pratiquement au bord des larmes que tout visiteur, conscient
de la situation du Burkina Faso en matière de disponibilité de services
de santé, quitte le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du
secteur 4 de Réo, ou, du moins, ce qu’il en reste. 150 millions de
francs CFA, c’est la bagatelle que la Banque africaine de développement
(BAD) a déboursée, à travers le* *Programme de réduction de la pauvreté
au niveau communal (PRPC), pour la construction de l’infrastructure.
C’est à croire que tout cet argent à été jeté au vent. Réceptionné
depuis près de 5 ans aujourd’hui, le centre n’a jamais ouvert ses
portes. Pas un seul patient n’y a été reçu. Pire, l’édifice est en
train de mourir sous les regards impuissants des populations qui avaient
fondé beaucoup d’espoir en son avènement.

Sur les lieux, le constat est
troublant. Le complexe est en passe de devenir un champ de ruines, une
véritable cité fantôme. Les murs sont en dégradation continue. Toutes
les portes étant solidement verrouillées sur le matériel médical
entassé à l’intérieur, il est impossible d’avoir accès à l’intérieur des
salles. Mais selon des témoignages concordants, ce matériel serait
fortement endommagé en ce moment. Les termites sont en train de mordre à
grandes dents sur tout ce qui est menuiserie bois. Les plafonds sont
réduits à leur simple expression. A croire que c’est dans un pays où le
problème de l’accès aux soins de santé se pose avec acuité qu’on se
permet un tel gâchis, l’on est confondu. Lorsqu’on s’aventure à
comprendre les causes d’une telle tragédie, la stupéfaction est encore
plus grande.

Corruption, mensonge, duperie…

Le centre ne dispose ni d’eau ni d’électricité. Interpellé par les
populations lors de son passage à Réo en 2005, le premier responsable de
la BAD, Donald Kabéruka, s’est étonné de cet état de fait. Son
institution n’a jamais financé un projet à moitié. Il s’adresse à ses
partenaires dans l’exécution du projet que sont le PRPC et la mairie de
Réo pour comprendre pourquoi l’absence d’eau et de courant électrique,
alors que tous ces volets ont été financés. Sur-le-champ, on le rassure
qu’il s’agit d’un retard dans la connexion avec les réseaux d’eau et
d’électricité. Un retard qu’on a promis de rattraper au plus vite. Une
fois le dos du bailleur de fonds tourné, les choses se passeront
autrement. 5 ans après, le centre demeure désespérément sans eau ni
électricité. Si fait qu’il ne peut ouvrir ses portes aux populations qui
continuent de peiner pour se soigner.

Pourtant, un entrepreneur avait
été commis pour la réalisation des connexions. Des poteaux électriques
ont même été déposés le long de la voie menant au CSPS. Une tuyauterie
sommaire pour la conduite d’eau a été amorcée puis, depuis lors, plus
rien. L’entrepreneur se serait volatilisé impunément dans la nature sans
jamais avoir réalisé ce pourquoi il a pris l’argent. Selon certaines
sources à Réo, cela est un « deal » entre les responsables du projet et
l’entrepreneur en question. Les deux parties se seraient partagé les
sous dans un arrangement entre copains, si fait qu’aujourd’hui, personne
ne peut faire autorité sur l’autre.

En plus de ces aspects, le projet du CSPS comprenait l’achat d’une
ambulance et d’une moto pour le Major, chef de poste. D’ambulance, c’est
plutôt un banal tricycle qui a été acheté. A l’heure actuelle, il est
totalement hors d’usage. Immobilisé pendant toutes ces longues années
dans la cour de la mairie de Réo, il est complètement usé par les
intempéries, sans avoir transporté le moindre malade. De la moto du
Major, contrairement à ce qui est sur les documents, à savoir une moto
de qualité d’une valeur d’environ 1, 5 million, c’est plutôt un vulgaire
engin d’origine douteuse acheté à bas pris sur la place du marché.
Immobilisé depuis tout ce temps dans un couloir de la mairie, lui aussi
est devenu poussif, et l’on se demande s’il pourra encore être utile un
jour.

Des bas calculs politiciens

A Réo, au-delà des explications officielles liées à l’absence d’eau et
d’électricité, d’autres explications plutôt d’ordre bassement politicien
sont avancées pour expliquer la non-ouverture du CSPS du secteur 4,
Gomdyr. A en croire les tenants de cette thèse, ceux qui sont en ce
moment à la tête de la mairie de Réo sont contre l’aboutissement du
projet. Ce sont eux qui travailleraient à ce que cette ouverture n’ait
jamais lieu. Cela, tout simplement parce que ce secteur de la ville est
le fief de leurs opposants politiques. Laisser ce joyau s’ouvrir dans
ce secteur serait, à leur entendement, faire un cadeau royal à des
adversaires qui en récolteront les dividendes politiques. Cela
reviendrait aussi à donner une arme à l’ennemi pour combattre. C’est
pourquoi les forts du moment à la mairie de Réo auraient mis le pied sur
le dossier.

Le maire Mathieu Bayala aurait, selon un conseiller
municipal, déclaré un jour, à une réunion du Conseil municipal, que si
lui Mathieu était maire au moment du lancement de ce projet - celui-ci a
précédé sa venue à la tête de la mairie de Réo- jamais ce CSPS aurait
été construit à cet emplacement. Et qu’il aurait préféré utiliser ce
financement pour renforcer l’ancien centre de santé de la ville.

Par Abraham TOURE, Envoyé spécial

Le Reporter

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