Actualités :: MENDICITE AU BURKINA : "Créons l’association des garibous !"

L’auteur de ces lignes jette un regard compatissant sur la situation des petits mendiants au Burkina. Il propose même qu’une association les regroupe, pour les encadrer et les alphabétiser.

Suite au "Coup de gueule" Mendicité quand tu nous tiens !" paru le jeudi 25 mars 2010 N°4580, page 3, j’ai le plaisir de vous apporter ma contribution par le contenu suivant. Notons avant tout qu’il s’agit de réflexions personnelles... Ils devraient logiquement être âgés de sept à dix-huit ans. Ils sont exclusivement de sexe masculin. Vous les reconnaîtrez par leur emblème : une boîte de tomate rouge vide. Elle leur est précieuse pour récolter tout ce qu’on leur donne : lait, sucre, riz, pâte, viande, etc.

Cette boîte rouge qui est leur gamelle représente toute leur vie... Depuis un certain temps, toutes les grandes villes du Burkina sont, en effet, envahies par les mendiants. La mendicité constitue donc une préoccupation nationale. C’est vrai, c’est un phénomène socioculturel de taille. La seule consolation est que ce fléau ne sévit pas seulement au Burkina, mais dans les villes d’Afrique à fortes concentrations humaines, religieuses. Occupons-nous du cas de notre pays. Je pense qu’il faudrait organiser, un tout petit peu soit-il, cette catégorie de notre jeunesse... Mendier n’est pas un plaisir, mais très souvent une nécessité. Un adolescent qui n’a pas un seul repas toute la journée, n’a plus le choix entre tendre la main ou voler. Heureusement, les garibous, très souvent, ne sont pas voleurs.

Par contre, ils sont belliqueux pour le partage du butin. Quelquefois, on peut même assister à des combats fratricides, du corps à corps, etc. Ils respectent la ligne de conduite et de moralité prescrite par le Coran. Si les maîtres coraniques n’ont pas à manger pour leurs élèves qui errent dans la nature pour se débrouiller, force est de reconnaître qu’ils leur enseignent avec élégance et savoir-faire les préceptes du livre sacré. Le garibou sait qu’il ne faut pas voler, mais plutôt quémander. Il ne faut pas les confondre, avec les petits malfrats qui rôdent autour des marchés, boutiques et yaars et qui sont spécialisés, dans tous les cas de figure, concernant le vol. Hélas ! Quelques touristes gardent de tristes souvenirs de notre pays parce qu’ayant été victimes et dépouillés par ces malfrats. La mendicité n’est pas une profession mais a des adeptes qui ont leur philosophie, africaine. Ils se disent : "Je suis pauvre, je n’ai rien, rien du tout. Je préfère tendre ma main à tous ceux qui peuvent et veulent me comprendre".

Nous, garibous, nous sommes preneurs de tout ce qu’on nous donne : la pièce de 10 F, les habits et vêtements jetables, les restes de nourriture, en un mot, tout ce dont on n’a plus grandement besoin. Il arrive cependant qu’on nous gratifie d’un mouton, d’une chèvre, de poulets et même d’habits neufs. Ce sont des cas d’offrandes demandées par des médiums et voyants dans le but d’obtenir et d’atteindre un objectif. Les initiateurs de ces démarches ont très souvent des problèmes cruciaux relatifs à l’amour, la sexualité, l’argent, la santé, etc. Revenons à l’article "mendicité quand tu nous tiens". Dans la dernière partie de l’écrit, des expressions fort sonores comme "phénomène dégradant", "pratique ignoble" créent une différence de points de vue, une divergence entre votre appréciation de valeur et mon raisonnement. En effet, la mendicité ne peut être toujours considérée comme une maladie honteuse...

Des nations, surtout africaines, pour ne pas dire toutes, se sont toujours bâties à partir des aides reçues des pays nantis. C’est à leur demande qu’on les assiste, qu’on leur octroie des subventions non remboursables et des aides pour leur développement. Pour toutes ces considérations ci-dessus évoquées, soyons humbles et compatissants avec les mendiants qui croupissent déjà dans la misère et la pauvreté. D’ailleurs, puisque nos amis aux boîtes rouges sont des adolescents issus d’une frange importante de notre jeunesse, pourquoi ne pas les doter d’une organisation structurelle officielle ? Créons ensemble l’Association des garibous du Burkina. Ils y seront encadrés et alphabétisés. En plus du savoir livresque qu’on leur inculque à travers l’apprentissage du Coran, ils apprendront un métier de leur choix pour se défendre dans la vie. En attendant, considérons-les comme des pupilles de la nation...

Ouagadougou, le 30 mars 2010

Abdoulaye DERME

Le Pays

Burkina/Célébration du 1er mai : Le Gouvernement interdit (...)
Burkina/Licenciement de Moussa Diallo, SG de la CGT-B : (...)
1er Mai 2024 : Le président Ibrahim Traoré rend hommage (...)
Fête du travail 2024 : Les journalistes de Lefaso.net (...)
1er Mai 2024 : La Section de France du MBDHP invite les (...)
Burkina/Orpaillage à Kalsaka : « J’ai eu trois millions de (...)
Bobo-Dioulasso : Inauguration du nouveau siège de la (...)
Burkina/ Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina/ Promotion de l’agrobusiness : « Sans accompagnement,
Burkina / Soutenance de thèse : Daouda Sawadogo (...)
Burkina/Nappe de poussière : « Protégez-vous pour éviter (...)
Burkina/Santé : Pathfinder International fait don de (...)
Mise en œuvre du projet Weoog-Paani : Les résultats (...)
Burkina/Mémoire historique et sursaut patriotique : « On (...)
Construction de l’aéroport de Donsin : « Globalement, nous (...)
Burkina/Produits de grande consommation : Une hausse (...)
28 avril 2024, Journée Mondiale de la Santé et de la (...)
Burkina : Les syndicats des enseignants apportent leur (...)
Burkina / Canicule : Quelques conseils et astuces pour (...)
Burkina Faso : L’ONG Educo initie une journée des (...)
Résilience climatique au Burkina : Immersion dans les (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36561


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés