La famille Ilboudo au secteur 2 de Ouagadougou a perdu le sommeil. Suite à un décision de justice, les membres de cette famille sont sommés de quitter la cour que le défunt chef de famille a construite.
Ce feuilleton judiciaire qui date de plus de dix ans a causé la détention du conseiller municipal Nana Thibault qui séjourne actuellement à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour "incitation à la mise en cause de l’application d’une décision de justice et à la révolte". Pour comprendre davantage la situation, nous nous sommes rendus dans la cour litigieuse dans l’après-midi du 5 avril dernier. Veuve Assèta, entourée de ses orphelins, nous relate les faits.
La vie réserve beaucoup de surprises et souvent très désagréables. C’est le cas de dame Asséta qui, après le décès de son mari, se retrouve en ces temps-ci dans la tourmente. En effet, l’événement qui ne laisse personne indifférent dans le quartier Samandin remonte en 1998 quand Issaka Ilboudo, époux de Assèta Tiendrébéogo, décédait d’une courte maladie. Une semaine après la mort du chef de famille, à en croire les explications entre larmes et sanglots de la veuve Tiendrébéogo, chez qui nous nous sommes rendus pour comprendre davantage le problème, la famille Ilboudo fut sommée de quitter la cour qu’elle occupe. Refusant de s’exécuter, la veuve fut convoquée à la gendarmerie qui a voulu comprendre pourquoi cette famille ne veut pas se plier à une décision judiciaire.
Dans ses explications, la veuve Assèta dit n’être pas au courant de la vente de sa cour que son mari occupait avant que celle-ci ne soit lotie. Elle ajouta ne rien savoir d’un quelconque problème de son défunt mari sur cette cour. C’est là qu’officiellement, et aux dires de la famille Ilboudo, la gendarmerie leur a fait savoir que la cour qu’occupe Assèta et ses enfants appartient à un certain Jean Kologo, suite à une décision judiciaire. La famille Ilboudo apprendra également à ses dépens que le père de famille qui était l’ami de Jean Kologo, devait plus de 9 millions de F CFA à ce dernier.
Tout le monde dehors !
A la gendarmerie, Assèta exhiba un permis urbain d’habiter (PUH) non reconnu valable par l’autorité judiciaire, selon la version de la veuve. En quittant les lieux, elle a dit avoir une fois de plus été priée de libérer la cour dans des meilleurs délais. Malgré les supplications de Me Rakièta Ouédraogo, huissier chargé de l’application de cette décision de la justice, la famille ne sachant pas où aller n’a pas bougé, jusqu’au 15 mars 2010. Jour où Me Rakièta Ouédraogo, en compagnie de la police débarqua dans la cour litigieuse. Séance tenante, il a été demandé à la veuve de faire sortir tout ce qui lui appartient et de quitter la cour qui devait être mise sous scellé. Face à son refus de s’exécuter, elle verra ses effets jetés dehors, selon la version des occupants des lieux.
Nana Thibault de nouveau en prison
"Parce qu’il est conseiller municipal du quartier, j’expliquais à Thibault Nana la situation que nous vivons. Pendant qu’on jetait nos effets dehors, j’ai appelé le conseiller Nana pour l’informer de ce qui se passe. Il me disait qu’il était sur le site des sinistrés de Yagma mais qu’il ne tarderait pas à venir. Nous voyant à son arrivée en train d’aider les compagnons de Me Ouédraogo à sortir les effets, il était stupéfait. Il nous demanda où est-ce qu’on allait partir avec ses effets. Il nous dit de ne pas aider ces gens à sortir les bagages comme si on était consentants. Trouvant cela juste, nous nous sommes dit qu’il fallait seulement rester dans la cour, advienne que pourra. S’ils veulent, ils n’ont qu’à nous tuer tous et prendre la cour. J’ai été encore entendue par la justice qui demande à voir le PUH que je détiens.
Quant à Thibault Nana, il a été entendu le 30 mars dernier par la gendarmerie de Baskuy, puis conduit chez le procureur qui lui a décerné un mandat de dépôt à la MACO. C’est, dit-on, pour incitation à la remise en cause d’une décision judiciaire et à la révolte. J’aurais voulu qu’à la place de Thibault Nana on m’arrête parce que je ne vois pas ce que ce monsieur a fait et qui puisse lui valoir cette sanction", a expliqué la veuve en larmes. Moumouni Ilboudo, petit-frère du défunt, pense que même si entre son frère et Jean Kologo il y avait un problème d’argent, vu le degré d’amitié qui les liait, le problème pouvait se résoudre autrement. "Mon frère est décédé sans pouvoir nous dire quoi que ce soit. Peut-être que cela a été dû au fait que sa maladie a été courte.
Pas plus d’une journée et nous avons ramené son corps de l’hôpital. Tout compte fait, M. Kologo devrait, après la mort de son ami, expliquer le problème à la famille qui pouvait voir comment elle pouvait le résoudre. Mais cette manière est très regrettable", a déploré Moumouni Ilboudo. En attendant, Assèta Tiendrébéogo et ses orphelins ne savent pas à quel saint se vouer. Un des enfants de cette famille, Mady Ilboudo, qui serait aussi dans le collimateur de la gendarmerie, aurait quitté le domicile familial sans nouvelle aucune depuis plusieurs jours, enfonçant dame Assèta dans ses angoisses. La famille Ilboudo qui traverse les plus dures épreuves de sa vie implore le ciel et les âmes sensibles pour sortir de cette impasse. Sur le chemin du retour de la famille Ilboudo nous avons effectué un arrêt dans celle du conseiller municipal Thibault Nana où règnent la tristesse, la consternation et des interrogations.
Armel ILBOUDO (Collaborateur)
Le Pays
