Actualités :: HENRI KABORE, MAIRE DE BOGODOGO : "Ils savaient que ce lotissement serait (...)
Le maire Henri Kaboré

Depuis le début du lotissement dans les secteurs 28, 29 et 30, la mairie est souvent interpellée par les populations insatisfaites de l’opération. Avec le nouveau maire Henri Kaboré, "Le Pays" fait un tour d’horizon de l’opération. Le maire est clair, tout le monde ne sera pas servi.

"Le Pays" : Si vous devriez faire un bilan à mi-parcours de votre action à la tête de la commune, que diriez-vous ?

Henri Kaboré : Nous avons été élu maire en 2008 et ce, pour terminer le mandat de notre prédécesseur Mme Zénabou Drabo. Il y a un programme qui avait été tracé et c’est ce que nous sommes en train de mettre en oeuvre, parce que l’administration est une continuité. Nous sommes dans un arrondissement périphérique où les besoins sont énormes. Nous avons pu faire des adductions d’eau. L’ONEA est en train de servir l’eau potable dans les zones nouvellement loties. De nouvelles voies y ont été également ouvertes avec l’appui de nos partenaires. C’est au niveau de l’attribution des parcelles que les problèmes sont nombreux. Dans les secteurs 28, 29 et 30, le recensement en 2009 a permis d’enregistrer plus de 53 000 personnes. Et ce sont quelque 18 000 parcelles qui ont été dégagées. Il faut donc 35 000 parcelles pour satisfaire tout le monde.

Et cela, sans même prendre en compte les revendications des autochtones et des propriétaires de champs. Nous avons mis en place une commission ad hoc pour statuer sur la sélection. Elle était composée d’élus et de représentants des autochtones ainsi que des habitants des zones non loties qui ont suivi de bout en bout le processus. Nous avons classé les demandeurs en plusieurs catégories à savoir les résidents réels (RR), les anciennes cours habitées mais pas par les propriétaires, les nouvelles constructions habitées (ceux qui sont venus s’installer parce qu’ils ont appris qu’il y aurait un lotissement). La liste des attributaires, selon les critères définis, a été publiée partout dans les lieux publics pour que tout le monde puisse avoir l’information. Malgré tout, beaucoup de gens insistent parce que certains ont pu aménager leur habitation. Ceux qui avaient des maisons de 8 tôles ont de grandes cours actuellement. Des clôtures et des toilettes ont été faites.

Il y a beaucoup de plaintes. Des résidents réels disent n’avoir pas été attributaires alors qu’ils y sont depuis 10 ans. Comment vous expliquez cela ?

Certaines personnes ont raison. Parmi les 53 000 demandeurs, on ne pouvait pas prendre en compte tous les résidents. Et les critères ont été définis. Toutes les couches sociales étaient représentées dans la commission ad hoc. Toutes les cours ont été visitées. A chaque fois qu’on avance, on donne la possibilité à l’association de résidents, présente dans la zone de relayer l’information et de nous éclairer sur le profil des occupants des habitations. Je vous assure que pendant l’attribution même des parcelles, nous partons trouver des maisons fermées. On se renseigne auprès des voisins mais aucun ne peut nous donner l’identité du propriétaire de la maison. Or, si nous avons impliqué les voisins, c’est parce qu’en 2009, aucun conseiller ne résidait dans la zone non lotie. Nous n’étions donc pas censés connaître les résidents réels. Nous nous sommes dit qu’ils pouvaient nous donner la bonne information. Si des gens ont été pris comme résidents alors qu’ils ne le sont pas, ce n’est pas la faute de la mairie. C’est celle de leurs représentants qui étaient dans la commission.

Quel est le point des attributions des parcelles ?

Comme je l’ai déjà dit, nous n’avons pas 18 000 parcelles. Nous n’avons pas recensé les autochtones mais les propriétaires de maisons seulement. Si vous considérez le cas de Taabtenga, Goudrin et Yamtenga, ce sont des villages qui ont été engloutis par les zones non loties. Mais, la logique voudrait que les autochtones puissent être attributaires de parcelles (tous ceux qui ont 18 ans au moins). On l’a fait à Ragnongo et on envisage cela à Balkuy parce que là-bas, il y a assez de place. Mais, en ce qui concerne les secteurs 28, 29 et 30, il y avait plus de résidents que de parcelles disponibles.

Cela ne nous a donc pas permis de prendre en compte les résidents des villages de Taabtenga, de Goudrin et de Yamtenga. Aujourd’hui, les 18 000 personnes n’ont pas toutes les chances d’avoir leurs parcelles encadrées par les quatre bornes. Il y en a qui se trouvent sur des voies, sur des zones commerciales, sur des lieux de culte, des espaces verts. Comme elles ont été sélectionnées selon les critères que nous avons définis avec les populations, nous devons leur trouver des terrains malgré tout quelle que soit la situation actuelle de leur habitation. Cela se fait au détriment de ceux qui n’ont pas été retenus et qui ont eu la chance d’être encadrés par les quatre bornes. C’est là le problème. A l’heure actuelle, nous avons pu attribuer 60% des 18 000 parcelles dans les 3 secteurs. Aujourd’hui, nous sommes au secteur 28 et ce sont les mêmes critères qui sont appliqués partout.

Quel est votre message face à la situation d’insatisfaction de nombreux demandeurs de parcelles ?

Au début de mon mandat, j’ai demandé le soutien et la compréhension des populations afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés, notamment en négociant avec les communes voisines de Koubri et de Saaba pour avoir des possibilités de lotir et installer certains. Notre souhait est que cette possibilité soit acceptée. Nous avons écrit officiellement à la tutelle (ndlr, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) qui a réagi en envoyant des correspondances au ministère en charge de l’Urbanisme et au gouvernorat du Centre. Ce ne sera pas du jour au lendemain que cela va se résoudre. Il faudra des concertations entre les différents acteurs et avec les populations.

Est-ce que vous pensez que votre mandat a été quelque peu noyé par les attributions de parcelles ?

Je m’attendais à cela. J’étais là au début et je savais qu’on serait confronté à ce problème. Ce n’est pas une surprise. Je n’ai pas de secret pour résoudre définitivement le problème. Il nous faut des parcelles. Il faut que les gens acceptent que cette situation devait arriver. La population a été prévenue avant qu’on ne commence le lotissement. Je me rappelle que mon prédécesseur, Mme Drabo, avait dit en son temps quand les gens lui mettaient la pression : "Est-ce que vous savez que c’est une poudrière, que tout le monde ne pourra pas être satisfait et que certains vont pleurer !". Les populations ont répondu qu’elles en étaient conscientes. C’est ce qui nous a guidés à les impliquer à toutes les étapes (recensement, attribution).

Ce sont elles les propriétaires terriens ou les acheteurs qui ont divisé leurs cours en 3 ou 4 parties pour avoir plusieurs parcelles. Et ils revendent à d’autres personnes. Aujourd’hui, il y a surpeuplement. La faute de l’administration, c’est d’avoir mis du temps avant de lotir. Les maires qui ont précédé Mme Zénabou Drabo ont voulu commencer par les zones peu habitées. On a fait comprendre aux propriétaires terriens qu’ils seront toujours pris en compte. Lorsque le lotissement a eu lieu en 1998 à Ragnongo, on a recensé tous les enfants et on a donné des centaines de parcelles aux autochtones pour qu’ils se les partagent. Aujourd’hui, après avoir vendu les parcelles qui étaient leurs champs, le lotissement est arrivé là où ils sont nés. Ils disent que c’est leur village et pour cela, ils doivent avoir des parcelles. C’est le fief même des villages qu’on a lotis que ce soit Yamtenga, Taabtenga ou Goudrin.

Votre dernier mot pour terminer

Je demande à la population d’être compréhensive. C’est un problème qui est connu depuis le début du lotissement. Nous avons posé votre problème aux autorités pour que des solutions puissent être négociées avec les communes voisines. La confrontation permanente ne peut rien arranger. En dehors du lotissement, je dois exécuter le programme d’activités de mon mandat pour le bien-être des citoyens qui nous ont élus.

Propos recueillis par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

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