Actualités :: Accident de travail à Bobo : Deux blessés graves dans un hôpital (...)

Au Burkina, on sait déjà que les accidents de travail sont devenus monnaie courante. De malheureuses situations qui sont dues à des cas de négligence des employeurs, mais, aussi et surtout, au manque total de précaution des ouvriers commis à des tâches comportant d’énormes risques. Mais les situations les plus pitoyables concernent cette autre catégorie d’ouvriers abandonnés à eux-mêmes et le plus souvent soumis à des travaux qui s’apparenteraient à l’esclavage. C’est bien à ce niveau que les accidents sont les plus fréquents, avec des victimes souvent abandonnées à elles-mêmes comme ce qu’il nous a été donné de constater mardi à Bobo.

Il était presque 13 heures et demie le mardi 23 mars 2010 quand je venais de rentrer à la maison après une matinée très chargée. A peine ai-je déposé mon cartable que mon téléphone sonna. Au bout du fil une connaissance qui me demanda de venir vite vers le marché central car, dit-il, un grave accident venait de se produire. Je retournai aussitôt au lieu indiqué. Je découvris en effet des ouvriers assis à même le sol à proximité d’un camion à remorque, le visage ensanglanté. Je m’approchai davantage pour comprendre, mais la scène était tellement insoutenable que j’ai d’abord pris ma tête entre les mains avant de me raviser à rebrousser chemin.

L’un d’entre eux qui soutenait encore de ses mains une bonne partie de ses lèvres supérieure et inférieure déchirées avait presque les mâchoires dénudées. Il venait d’essuyer en plein visage des fragments de vitres brisées qu’il était en train de décharger d’un conteneur. Un autre qui a vécu la même situation mais dans une moindre mesure avait, lui, une large ouverture au crâne. Le troisième ouvrier qui s’en est sorti avec plus de baraka présentait quelques égratignures sur le corps.

Transportés d’urgence à l’hôpital Souro-Sanou peu avant quatorze heures, ces accidentés de travail, au regard de la gravité de leurs blessures, méritaient, à tout point de vue, des soins intensifs d’urgence. Surtout qu’il s’agissait d’une partie extrêmement sensible du corps, à savoir la tête qui avait reçu ces chocs. Mais ces blessés n’étaient pas au bout de leur peine avec cet autre calvaire qu’ils vivront à l’hôpital Souro-Sanou. Quelle ne fut ma surprise de constater que jusqu’aux environs de 17 heures aucune des victimes n’avait reçu le moindre soin, faute de médecin !

« Nous avons pris des renseignements pour comprendre les raisons pour lesquelles nos blessés n’étaient toujours pas soignés, et on nous a dit que le médecin n’était pas arrivé ; et jusqu’à après 16 heures il n’était toujours pas arrivé », nous dit un accompagnateur, les larmes aux yeux. On imagine alors la terrible souffrance que ces blessés ont endurée pendant ces deux longues heures d’absence du personnel soignant à Souro-Sanou. Sans moyens financiers ni couverture sociale, ces accidentés ne semblaient aucunement attirer l’attention des agents du centre.

« C’est comme ça, ici. Si vous avez la chance de trouver un médecin, vous serez obligé de payer. Sinon ils sont tous occupés dans les cliniques privées en ville et viennent à l’hôpital quand et comme ils veulent. Personne pour leur dire quoi que ce soit. Les malades sont abandonnés à eux-mêmes, et tout se passe comme si la santé des pauvres populations que nous sommes ne préoccupe plus l’Etat », constate avec beaucoup d’amertume un patient de l’hôpital.

Voilà qui vient en tout cas justifier les nombreuses complaintes des usagers du centre hospitalier Souro-Sanou quant aux nombreux désagréments dont ils sont victimes. Ce qui est sûr, le centre hospitalier universitaire Souro-Sanou a perdu de sa notoriété aux yeux de nombreux patients et autres usagers qui affirment sans ambages que cet hôpital est mourant. Et le cas de ces ouvriers est assez flagrant pour nous convaincre davantage de la pertinence des nombreuses critiques dont fait l’objet l’hôpital de Bobo.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga

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