Actualités :: Affaire du trafic d’êtres humains : Encore ces associations lugubres qui (...)
Franceline Silga

Au cours d’une conférence de presse organisée le jeudi 18 février 2010, les responsables de la police nationale ont souligné l’existence d’un trafic d’êtres humains en destination de pays européens. Au cœur de cette affaire une compatriote du nom de Franceline Silga. Rapatriée au pays et mise sous les verrous, cette Burkinabè passe pour être un maillon important d’un trafic subtil.

Les services de sécurité libyens ont mis la main sur Franceline Silga, une dame de trente et un ans, présumée coupable d’un trafic d’être humains. La principale accusée dans cette affaire, une jeune femme filiforme et modestement vêtue, est originaire de la province du Kouritenga. Elle est née le 1er janvier 1979 et est animatrice de profession. Elle présiderait l’ "Association aide aux tout-petits, orphelins et enfants de la rue".

Une structure dite caritative de 11 membres basée au Burkina Faso. Cette association a à son actif un parcours sinueux. Créée en juillet 2005, elle a vu son siège fermé quatre années plus tard par le Ministère de l’Action sociale pour "absence d’autorisation". Selon le commissaire Rasmané Ouangraoua, directeur de la police nationale, l’enquête ouverte sur place par les Forces de l’ordre est en cours.

Cependant quelques éléments sont déjà connus de la police. "De sources bien informées, cette dame possède deux passeports burkinabé (un passeport de service et un passeport ordinaire). Elle fait voyager par voie terrestre à partir du Burkina Faso des femmes enceintes démunies, presque à terme, jusqu’à N’Djamena au Tchad. Elle les fait transiter par Tripoli, en Libye par voie aérienne, puis les achemine à Rome, en Italie. Après l’accouchement en Italie, les bébés sont récupérés par des couples pour leur adoption en échange d’une certaine somme d’argent ", a pu déclarer le commissaire Rasmané Ouangraoua, directeur général de la police nationale.

A la fin de l’opération, la trafiquante prenait sa part et donnait le reste aux mamans. Tutti, quanti ! Au moment de son arrestation, la présumée coupable était en compagnie d’une fillette d’environ trois ans. Elle détenait deux passeports burkinabè aux noms de Agueratou Kaboré et Patindé Ilboudo, toutes ménagères, de nationalité burkinabè et originaire de la province de Koulweogo. Dix neuf fiches d’identification d’enfants burkinabè censés se trouver en Italie de père inconnu se retrouvaient aussi dans ses bagages.

Une ténébreuse histoire qui n’honore pas l’Afrique

Cette histoire qui passe pour un simple fait divers pose le problème du contrôle des associations au Burkina Faso. Sur la foi d’une simple demande, d’un règlement intérieur, d’un statut, n’importe quel regroupement peut se voir délivrer un récépissé. Il peut alors dormir, voir son bureau non renouvelé, son président mort et rien ne se passera. Quel contrôle le ministère de l’Administration territorial a sur les associations auxquelles elle délivre des récépissés ? Elles sont nombreuses les structures qui peuvent mener des manœuvres sordides au détriment des populations mais là, la tâche sera réservée qu’aux seules forces de sécurité qui souvent n’ont pas les moyens nécessaires pour traquer ces structures.

Dans cette affaire de trafic, des zones d’ombres subsistent .
Qui est la fillette qui était en compagnie de la trafiquante ? Où se trouvent les dix neuf enfants dont les papiers sont en possession de la présumée coupable ? Dame Silga, qui visiblement ne peut posséder les moyens d’un tel trafic a-t-elle des complices au plan national ou pas ? Qui sont-ils ? Qui a délivré le passeport de service de cette jeune fille ? Sous le couvert de quel service a-t-elle pu déposer sa demande de passeport de service ? Y a-t-il eu des complicités au niveau de la confection de ses passeports ? La jeune fille n’est-elle pas la face visible d’un gros iceberg ?

En tout cas, si les faits sont avérés, elle tombe sous le coup de la loi n°029/2008/AN de mai 2008 portant répression du trafic d’être humains. Si cette affaire n’honore pas notre pays dit "pays des hommes intègres", elle pose de façon générale la question du contrôle de l’Etat sur un certains nombre de structures du Nord qui opèrent sous nos cieux sous le label philanthropique.

L’on se souvient encore de l’affaire de l’arche de Zoé au Tchad, ces Français qui, sous le couvert d’une association philanthropique et caritative, ont voulu faire sortir des mineurs tchadiens de leur pays clandestinement. Il y a aussi l’affaire de l’adoption controversée de la star de la chanson Madonna au Kenya. Ou plus récemment le trafic d’enfants en Haïti. Malgré les séismes assez élevés sous l’échelle de Richter, des personnes "philantropiques" ont jugé nécessaire d’adopter des enfants. D’arracher à l’Afrique ses jeunes pousses. Si ceux-ci partent quels seront alors les baobabs qui vont booster le développement du continent ? Comme la destination finale est l’Europe, il sera bien difficile d’exclure la complicité européenne. Comme du temps de l’esclavage, ces Occidentaux se croient tout permis.

A l’instar de leurs aïeux, qui venaient arracher le bois d’ébène au départ et à l’arrivage des esclaves, ces derniers à la morale infinitésimale, viennent arracher désormais de jeunes pousses, après avoir arrachés des intellectuels avec les récentes lois sur l’immigration de Sarkozy. Tout porte à croire que notre continent est devenu un réservoir d’enfants que l’on vient pêcher au gré de ces humeurs ou de son pouvoir financier. L’Afrique pourtant a besoin de ces fils pour construire son propre développement. Une fois à l’étranger, ces fils et filles coupées de toutes filiations, ne se sentiront pas le devoir d’investir en Afrique. Que gagnent ces familles qui se livrent à ce trafic ? Que de peccadilles ! La soif d’argent ne peut justifier un tel commerce digne de l’esclavage. Il y a de quoi réveiller de leur tombe tous ceux qui ont lutté pour l’abolition de l’esclavage.

Par C.O

Par Bendré

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