Benoît XVI convoque à Rome les 24 évêques irlandais d’obédience catholique. Avec au menu le gros scandale de pS 4 prélats de ce pays à présenter leur démission. La chose a tout d’un remake. Déjà, en mai 2002, sous le pontificat de Jean Paul II, 11 cardinaux des Etats-Unis avaient eux aussi dû se rendre au Vatican pour un sommet de crise suite à un premier scandale de pédophilie qui ébranlait l’Eglise américaine depuis de longs mois et mettait à rude épreuve la foi de ses fidèles.
Dans les deux cas, les griefs portés contre les prêtres et les prélats sont nombreux et bien graves. Aux Etats-Unis d’Amérique, on accusait des évêques de n’avoir pas dénoncé les mauvais agissements de certains prêtres que la justice condamna ensuite. Le Cardinal Law de Boston présenta des excuses publiques pour ses manquements, et dans la foulée, transmis pas moins de 80 noms de prêtres accusés d’agressions sexuelles. Pour ce qui concerne l’Irlande, c’est le pays tout entier qui se trouve en état de choc car, depuis la publication, en novembre dernier, du rapport Murphy, il se révèle que, plus que des prêtres, ce sont des évêques qui se sont rendus coupables de cas d’abus sexuels dans l’archevêché de Dublin, et ce, sans discontinuer… de 1975 à 2004.
C’est peu de dire que le peuple de Dieu est en émoi. Mais au moins, là-bas, en Europe on en parle. L’Afrique est un continent très catholique, où les croyants sont nombreux et les cérémonies bien colorées. Mais la question des moeurs au sein de l’Eglise y relève du secret … de confessionnal. Chut, tabou, pas touche. Car, il faut bien se le dire, il n’y a pas de raison que le mal qui sévit partout ailleurs soit proprement inexistant sur le continent noir.
Mais encore pour combien de temps ? Benoît XVI, à la suite de son prédécesseur Jean Paul II, tout successeur qu’il est du Christ sur la terre, choisit de regarder le mal en face. Pour mieux envisager de quel côté le prendre. Et c’est tant mieux ainsi. Car ces scandales décrédibilisent l’Eglise, la désacralisent, la salissent et irritent ses fidèles. Sans compter tout le préjudice moral subi parfois par ceux qui en sont les victimes. Et l’exemple américain démontre que les compensations pécuniaires ne constituent pas la panacée qui cicatrise des marques si profondes.
Mais au fond, l’inconduite de certains pasteurs traduit sans conteste le mal-être des prêtres face au fameux célibat auquel ils sont tous astreints et qu’ils n’auraient sans doute pas – il faut en toute honnêteté le reconnaître - tous choisi, si l’opportunité leur en avait été donnée. Car, à l’heure actuelle, dans l’Eglise catholique, l’équation se résume de façon toute simple : quiconque désire servir l’Eglise dans le presbytérat opte ipso facto pour la chasteté dans le célibat. Ce choix, lorsqu’il est librement consenti par le postulant, ne met en relief aucun problème majeur. Mais lorsqu’il est "subi" par le néanmoins candidat au sacerdoce, il peut être source de conflits internes sérieux et de déviations graves aux conséquences sociales inqualifiables. Car, après tout, on a affaire à des humains, qui ne sont donc pas faits du bois dont on confectionne les dieux.
Le Vatican choisira-t-il l’option de revenir sur l’épineuse question du célibat des prêtres ? Rien n’est moins sûr. Du moins pas sous le mandat de Benoît XVI qui fut en son temps le chef de la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi. Plus tard, peut-être. Il faudra attendre de voir. Après tout, l’Aggiornamento du Concile Vatican II a bien été perçu par certains comme une révolution dont l’Eglise ne devait pas se relever. Pourquoi pas une autre quelques années plus tard ? Reste à savoir comment, à l’heure actuelle, endiguer le fléau. Et pour l’Eglise africaine, cela commence sans doute par un refus de se voiler la face pour oser courageusement aborder le problème. Dans la sincérité que requiert la vérité. Et avec l’espoir que l’Esprit Saint qui guide l’Eglise saura bien l’accompagner et l’inspirer dans le choix de nécessaires décisions pour le plus grand bien du peuple de Dieu.
Par Jean Claude KONGO
Le Pays
