Actualités :: Faits divers de Sacré : Une autre affaire de sorcellerie

Lorsque le vieux Congo décéda, sa famille n’hésita pas à pointer un doigt accusateur sur le vieux Koudougou. Quelques mois avant la maladie, puis le décès brutal du vieux Congo, une vive querelle l’avait opposé au vieux Koudougou.

Au cours de cette altercation, le vieux Koudougou avait menacé vieux Congo des pires malheurs parce qu’il avait osé "cogner sa tête à la sienne", parce qu’il avait osé se mesurer à lui.

Menaces que l’on aurait pu mettre sur le compte de la colère, si Koudougou ne jouissait pas d’une mauvaise renommée. On lui prêtait des forces occultes, certains même allant jusqu’à affirmer qu’il possédait un 3e œil, bref, qu’il était un sorcier. On se méfiait donc de lui, on évitait d’avoir une prise de bec avec lui de peur de subir ses foudres et de le regretter amèrement.

Apparemment, Koudougou ne laissa pas à Congo le temps des regrets. Moins de six mois après cette querelle, ce dernier mourut de façon jugée mystérieuse par sa famille. Pour tout le monde, cette mort ne pouvait être que l’œuvre de Koudougou.

A défaut de pouvoir le dire ouvertement, les parents et proches de feu Congo nourrissaient une dent contre le vieux Koudougou et ne songeaient qu’à se venger. Entre les deux familles, l’atmosphère était à l’orage. Et comme on le sait, l’orage ne peut indéfiniment menacer sans que l’averse ne tombe, ne serait-ce qu’une seule fois. Cette averse-là se présenta sous la forme d’une autre dispute entre les deux familles.

Et le vieux Koudougou d’aller de ses menaces, d’invoquer les forces maléfiques, notamment la foudre sur ce qui restait de la famille de feu Congo, parce que celle-ci l’aurait traité de sorcier. Peu de temps après cette scène, Thérèse tombe malade. Pour toute la famille, il ne saurait y avoir de doute, Koudougou est passé des menaces à l’acte. Il est en train d’occire Thérèse comme il l’a fait de son père. Mais cette fois, les Congo ne vont pas se laisser faire.

Ne s’y connaissant pas en sorcellerie, ils font convoquer le vieux Koudougou chez le chef du village. Mais contre toute attente, le garant de la tradition évite de prendre ses responsabilités. Il renvoie les deux parties chez le doyen du village. Après les avoir entendus, celui-ci aussi évite de se prononcer et se contente de les référer à l’autorité administrative représentée par le préfet.

Mais les préfets n’ayant pas appris à leur formation, à trancher des questions aussi immatérielles que la sorcellerie, les deux parties sont renvoyées dans leur village pour aller régler le problème à l’ancienne. Une fois au village et sur les conseils des uns et des autres, le vieux Koudougou accepte retirer les malédictions qu’il avait proférées à l’encontre de la famille Congo, en se pliant au rituel que cela exige.

Le voici donc dans la famille Congo qui avait été informée de sa démarche. Cela se passe devant de nombreux parents et amis des Congo. Une fois le rituel terminé et contre toute attente, l’on demande au vieux Koudougou de trouver séance tenante, un remède pour la petite Thérèse toujours en proie à la maladie.

Le vieux Koudougou reconnaît qu’il avait proféré des malédictions contre la famille Congo mais qu’il n’est pour rien dans le mal qui alite Thérèse. On ne le croit pas. Le vieux Koudougou reste sur ses positions. Il n’a rien à voir avec la maladie de Thérèse. Quelques-uns des Congo sont en proie à la colère. Ils ne discutent plus. Ils traînent le vieux Koudougou à la sortie du village. Ils le battent et le mettent à mort.

Les criminels sont aujourd’hui en prison mais des questions demeurent. Le législateur évite de se prononcer sur l’existence de la sorcellerie. Les populations sont livrées à elles-mêmes. Dans ces conditions, l’on ne devrait pas condamner ceux qui sévissent contre les prétendus sorciers. A moins que le législateur tranche cette question fondamentale.

L’homme est-il seulement matériel ou a-t-il un aspect immatériel ? Si oui, est-il possible d’agresser cet aspect immatériel ? Ceux qui traquent et qui abattent les sorciers ou prétendus tels, ont au moins le mérite d’être clairs sur ce point : l’être humain a son double immatériel et certains ont appris à capturer et à détruire ce double par de multiples moyens. Ce sont les sorciers mangeurs d’âmes.

On aura beau condamner les débusqueurs et les châtieurs de sorciers pour empoisonnement ou pour coups et blessures, cela ne changera rien au fond du problème. Le juge sait qu’il condamne les conséquences et non les mobiles. Et si la sorcellerie existait réellement ?

Sacré Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya

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