Actualités :: Affaire riz contaminé : Pourquoi le terme "acceptable"
Le directeur général du LNSP, Daouda Traoré

Suite à la rumeur qui fait état de l’entrée au Burkina Faso, de 2000 tonnes de riz impropre à la consommation, le Laboratoire national de santé publique a donné une conférence hier jeudi 11 février 2010, pour rassurer le public burkinabè sur la qualité sanitaire du riz incriminé.

Le Laboratoire national de santé publique (LNSP) est formel : "Les risques de grave contamination suite à une fumigation au phosphure d’aluminium brandis pour alerter les consommateurs ghanéens et relayés au Burkina Faso ne sont pas fondés".

Au cours d’une conférence de presse organisée à cet effet, le directeur général du LNSP, Daouda Traoré et ses collaborateurs, ont expliqué les péripéties de l’affaire dite du riz contaminé. Tout serait parti d’une alerte lancée par la Food and Drug Board du Ghana. En effet, cette structure, après avoir inspecté un stock de riz au port de Takoradi, le 25 novembre 2009, avait invité le consignataire, la société Supermaritime à garder les produits concernés dans ses entrepôts en attendant des contrôles approfondis.

Food and Drug Board suspectait le riz en question d’avoir fait l’objet de fumigation en raison de sa mauvaise qualité apparente et d’être désormais toxique à cause du phosphure d’aluminium utilisé. La société Supermaritime n’aurait pas obtempéré et aurait reconditionné 300 tonnes de riz dans des sacs blancs sans inscription qu’elle a ensuite sorti du magasin. D’où l’alerte de Food and Drug Board.

Dans une lettre adressée le 14 décembre 2009 au ministère de la Justice ghanéen, la société Supermaritime a menacé d’intenter une action en justice contre Food and Drug pour diffamation. C’est ainsi que le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) qui a estimé que le riz incriminé pourrait avoir été acheminé au Burkina Faso, a saisi l’ambassadeur du Burkina au Ghana, du problème.

Ainsi après deux auditions, l’importateur a affirmé que le riz que le CBC et l’ambassadeur supposent provenir du riz incriminé, provenait d’une cargaison initiale de 12 000 tonnes sur lequel il aurait déjà fait plusieurs prélèvements au fur et à mesure pour vendre au Burkina Faso. Quant au reconditionnement du riz dans des sacs de couleur blanche, il s’expliquerait par la détérioration de plusieurs emballages d’origine au cours du transport, de la manutention et de l’entreposage du riz dans les magasins.

Ce reconditionnement porterait sur une cinquantaine de tonnes sur les 2000 tonnes acheminées en fin novembre au Burkina. Par ailleurs au cours de l’audition, l’importateur a affirmé qu’il ignorait que le riz avait fait l’objet d’un traitement par phosphure d’aluminium.

Acceptable = bonne qualité sanitaire

Selon le LNSP, le riz incriminé a bel et bien été soumis aux analyses du laboratoire avant sa mise en consommation dans la période du 2 au 15 décembre. La qualité du riz alors jugée "acceptable", l’importateur a été autorisé à le mettre en consommation. Par ailleurs, le DG du LNSP Daouda Traoré affirmé que contrairement à bien d’autres importateurs, la société importatrice du riz incriminé à savoir SOCOZIF est venue d’elle-même soumettre ses échantillons au contrôle du LNSP comme à ses habitudes.

Quant au terme "qualité acceptable" qui a semé le doute au niveau du consommateur, il signifie tout simplement, selon Daouda Traoré, que ce riz est de bonne qualité sanitaire mais présente des aspects physiques qui n’en font pas un riz de premier choix au plan commercial. En effet, les techniciens du LNSP ayant analysé le riz puis contre-analysé à la suite de l’alerte, l’ont trouvé conforme aux normes CODEX Alimentarius.

Pourquoi l’usage de phosphure d’aluminium

C’est-à-dire que d’un point de vue sanitaire, le riz ne présente aucun risque. Par contre sa spécification physique (riz moins blanc, avec beaucoup de brisures) fait qu’il est difficile pour les techniciens du LNSP de dire qu’il est totalement conforme. D’où l’usage du terme "acceptable". En effet, selon les normes, le taux des grains endommagés (brisures) ne doit pas dépasser 3%, alors que le riz en question a un taux de 3,8%.

C’est ce paramètre qui n’est d’ailleurs pas une norme sanitaire mais commerciale qui a conduit le LNSP a employé le terme "acceptable". Au jour d’aujourd’hui, la partie ghanéenne a, selon une correspondance de l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana, reconnu qu’aucune analyse n’a été effectuée sur le riz avant de lancer l’alerte.

Elle se serait contentés de juger le riz impropre à la consommation suite à une inspection physique. L’usage de phosphure d’aluminium ne signifie pas automatiquement, selon le LNSP, un danger de contamination. Au contraire, son usage serait "une des pratiques les plus sûres et fiables" en termes de traitement des espèces nuisibles infestant certains produits et céréales.

Seulement les denrées traitées avec ce produit doivent être aérées 48 heures avant la vente pour consommation. En clair, le traitement au phosmure d’aluminium appelé fumigation est une précaution pour la conservation d’un produit appelé à faire un long acheminement. Selon Daouda Traoré, on exige un certificat de fumigation sur tout produit d’importation de ce genre. Par ailleurs, le directeur général du LNSP a lancé un appel aux opérateurs économiques qui hésitent encore, à se soumettre aux contrôles du LNSP.

Pour lui, cette affaire du riz contaminé doit être une leçon pour tous, afin que les gens ne passent pas leurs produits par la fraude. L’obtention d’un certificat de conformité délivré par le LNSP doit être le préalable au dédouanement des produits alimentaires. il y va de la sécurité de tout le peuple burkinabè.

Fatouma Sophie OUATTARA

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