Actualités :: Démission du ministre Jérôme Bougouma : Un acte seigneurial

L’affaire se susurrait depuis déjà quelque temps dans certains milieux. Et les gargotes et autres salons feutrés de la capitale avaient pris le relais : un membre du gouvernement aurait entretenu une relation extraconjugale avec une dame mariée en instance de divorce depuis un certain temps, relation de laquelle est né un enfant.

Nous nous devons de reconnaître que si cette affaire relevait du secret de Déplierpolichinelle, c’est notre confrère Le Reporter, que dirige le duo Boureima Ouédraogo et Hervé Taoko, qui a porté pour la première fois ce dossier sur la place publique à travers son édition n°38 du 15 janvier 2010. Et depuis, cette affaire de mœurs n’a cessé de prendre de l’ampleur. Sans avoir à nommer l’auteur de cette situation, au fil du temps, le portrait robot peint par la presse semblait de plus en plus clair.

On n’avait donc pas besoin d’être grand géomancien du Gulmu pour savoir qu’il s’agissait de Jérôme Bougouma ; plaçant ainsi l’infortuné ministre dans une situation insidieuse, embarrassante qui a fini par l’entraîner hier à présenter sa démission. A l’heure où nous traçions ces lignes, nous ne savions pas si cette démission a été acceptée par le chef du gouvernement, Tertius Zongo. Mais il serait singulier qu’il en soit autrement.

Ainsi donc, Jérôme Bougouma, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, a rendu hier mercredi sa démission du gouvernement, pour convenance morale. De cette démission, on en parlera longtemps encore tant au niveau de la presse que de l’opinion publique, même si on semble irrémédiablement divisé sur la question. Ils sont en effet nombreux à penser que cette affaire du ministre Jérôme Bougouma reste strictement une affaire privée. Et tout ministre de la République qu’il est, il a droit à une vie privée ce, d’autant plus que ce problème n’a aucune implication évidente sur la marche de la nation !

Né le 30 septembre 1963, Jérôme Bougouma est entré au gouvernement en janvier 2006 en tant que ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Mais auparavant, ce brillant professeur de droit (qui, dit-on, a été presque de tout temps major de sa promotion) aura occupé les fonctions de secrétaire général de département ministériel avant d’être appelé à la présidence comme conseiller juridique. Avait-on vraiment le droit de sacrifier un si brillant intellectuel, doublé d’un ministre qui suait la compétence à distance sur l’autel de quelques problèmes domestiques, qui effleuraient le bas de la ceinture ?

Pour les tenants de la ligne moralisatrice, un ministre, qui est un responsable, qui est appelé à statuer sur la vie des milliers pour ne pas dire des millions d’hommes et de femmes, doit être à l’abri de tout soupçon, à l’image de la femme de César comme nous l’enseigne l’histoire. Si cette affaire devait s’avérer, ce serait une première, sauf erreur ou omission dans les annales de la IVe République qu’un ministre rende le tablier.

On se souvient seulement de la démission, sous le CNR, du ministre des Sports Ibrahima Koné et de celle d’Augustin Winninga de son poste de directeur de cabinet du Premier ministre de l’époque, Issoufou Joseph Conombo. Hormis ces rares cas, sous nos cieux, la culture de la démission ne semble pas être la chose la mieux partagée. Mais à dire vrai, dans cette affaire qui nous intéresse présentement, Jérôme Bougouma ne pourrait être qu’une victime collatérale, car, en l’absence de sujets politiques majeurs pour s’étriper à coups d’arguments, et faute de débatteurs aussi, cette affaire de mœurs de quelques responsables de notre pays s’était invitée insidieusement au débat.

En effet, l’homme de la rue, pour lequel la survie quotidienne reste une course d’obstacles au Burkina, avait à peine fini d’épiloguer sur le cas Bougouma qu’un autre ponte de la République, dont le nom circule encore sous le manteau, a été pris en flagrant délit de « lubricité » à une encablure de Ouaga 2000. Et pour les tenants de la bonne morale au « Pays des hommes intègres », cela fait désordre en république et ne saurait en aucun cas être toléré.

A dire vrai pour le pouvoir, le départ du ministre Bougma semble être pour l’heure le moindre mal, car à quelques mois de la présidentielle, en l’absence de sujets porteurs, cette affaire pourrait être agitée et utilisée à profusion par quelques candidats accompagnateurs pour peindre « l’incurie du système de la 4e République ». Mais quelle que soit la position des uns et des autres, la presse, que certains se plaisent à appeler le 4e pouvoir, aura incontestablement joué un rôle majeur dans cette affaire. Que serait cette affaire vraiment si, ni Le Reporter ni Bendré n’en avaient pipé mot ? C’est à son corps défendant que l’Observateur paalga a été impliqué dans ce dossier.

En effet, le 29 janvier dernier, dans notre quotidien en ligne et sous la rubrique “Une lettre pour Laye”, les internautes s’y étaient donnés à cœur joie en brocardant l’infortuné membre du gouvernement. Ce qui nous a valu un rappel à l’ordre du Conseil supérieur de la communication qui souhaite voir changer la manière de modérer le site ; une chose qui tend à dire que désormais les internautes, qui n’ont pas toujours fait preuve de fair-play et de responsabilité dans leurs interventions, auront une modération à priori. Ce qui, incontestablement, va faire manquer de piquant à leurs réactions. Quoiqu’on dise, cette affaire nous ramène à notre statut d’homme avec toutes nos faiblesses.

Cependant, en dépit de ce qui s’est passé, on ne peut que s’incliner devant cet acte seigneurial, cette grande élégance dont a fait preuve le ministre Jérôme Bougouma qui, en aucun moment, n’a cherché à se soustraire à sa responsabilité et n’a voulu impliquer personne d’autre dans cette affaire. Certains, pour lesquels l’enfer, c’est les autres, n’auraient pas perdu un seul instant à voir à travers cette triste affaire une cabale ourdie par des adversaires politiques et autres contempteurs qui tiennent à leur faire la peau. Mais cette démission est-elle vraiment l’épilogue de cette triste affaire qui a meurtri bien de personnes ?

L’Observateur Paalga

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