4 février 2010. Bagré, commune rurale située à une quarantaine de kilomètres de Tenkodogo. Il souffle un vent fort et sec soulevant de la poussière sablonneuse. Le soleil s’annonce par ses rayons ardents. Il est 8h 30mn. Au bord de la plage du barrage de Bagré, sous des tentes décorées aux couleurs nationales, des milliers de jeunes, autorités administratives, coutumières et religieuses, militaires et paramilitaires patientent.
La musique tient en haleine. Les uns devisent gaiement. Les autres s’affairent aux derniers réglages et au partage de tee- shirts. Nous sommes à la cérémonie d’ouverture de la cinquième édition du Forum national des jeunes. Un rendez- vous annuel devenu incontournable entre la jeunesse et le Président du Faso, depuis juin 2005.
"Jeunesse, entreprenariat agricole et auto- emploi : un défi", c’est le thème choisi cette année pour cette messe entre l’exécutif et la frange de la population la plus nombreuse et la plus dynamique de notre pays. Au bord de la plage et au milieu de ces périmètres agricoles qui s’étendent à perte de vue, le lieu est symbolique et adéquat pour parler agrobusiness et jeunesse.
8h 50mn, Gnama Paco Drabo, le maître de cérémonie amuse le public en racontant l’histoire d’un héros mossi à qui un Samo devait donner sa fille en mariage. De l’héroïsme, la jeunesse en a besoin pour vaincre les lois de la nature qui limitent nos chances agricoles. 9h15, le public attend toujours le début de la cérémonie qui est officiellement prévue pour 9h00mn. Derrière moi le voisin somnole. La nuit doit avoir été courte pour lui. Il porte un badge sur lequel il est écrit "organisateur". 9h25, branle- bas général. Les ministres devant présider la cérémonie arrivent. Sous les applaudissements nourris du public, Justin Koutaba et Laurent Sedego saluent et s’installent.
Agriculture et jeunesse
La cérémonie démarre par l’exécution de l’hymne national assurée par la Chorale de l’Eglise de la Rotonde de Ouagadougou, avec comme lead vocal, la nouvelle coqueluche de la musique burkinabè, Wendy. Débout comme un seul homme, la main sur le cœur, le public, en compagnie de la chorale chante l’hymne de la libération, le Ditanyè. Après l’exécution de l’hymne, le gouverneur de la région du centre- est ouvre le bal des discours en souhaitant la bienvenue à tous les participants au présent forum qui se tient dans sa région. « Je vous invite à prendre d’assaut les exploitations aménagées à perte de vue de Bagré afin de vous familiariser avec l’agriculture, ce secteur noble et porteur d’avenir pour notre pays. Je vous exhorte à mettre à profit ce cadre convivial touristique de Bagré pour nourrir la réflexion sur la problématique de l’emploi des jeunes en rapport avec l’entreprenariat agricole. La terre ne ment pas. Si vous y croyez, si vous demandez à la terre, si vous investissez dans la terre, elle vous répond », s’est- il directement adressé aux jeunes réunis pour le présent forum, et partant l’ensemble des jeunes du Burkina.
Une pause musicale. L’artiste musicien Bonsa monte sur le podium. L’ambiance est à son paroxysme. Le public explose. Les pas de danse que Bonsa esquisse expriment la force, la vigueur et le dynamisme d’une jeunesse digne de ce nom. L’ambiance de Bonsa fait place à l’allocution du président du comité d’organisation du 5è FNJ. Sana Ouédraogo présente tout naturellement ses excuses pour les manquements organisationnels constatés et les frustrations vécues en conséquence par les uns et les autres. Solennellement il prend l’engagement de faire mieux pour le reste du séjour qui va jusqu’au 7 février.
A l’issue du discours de M. Ouédraogo, ce fut le tour du président du Conseil national de la jeunesse de prendre la parole. Adam Boris Ouédraogo exprime sa joie pour la tenue effective du forum et les soins accordés à la jeunesse par les plus hautes autorités de notre pays. « La 5è édition du forum national des jeunes que nous avons tant attendu est aujourd’hui une réalité à Bagré. Le forum qui est devenu un rendez- vous annuel incontournable de la jeunesse représente pour nous jeunes tout un symbole en ce qu’il nous permet de participer à la vie de la nation en proposant nos aspirations que nous voulons voir prises en compte par les plus hautes autorités de notre pays. Il est surtout perçu par les jeunes comme une grande considération que le Président du Faso accorde à la frange jeune de notre pays en acceptant venir annuellement à sa rencontre et à son écoute », s’est réjoui le président Adam Boris Ouédraogo.
Pour lui, le choix du thème " Jeunesse, entreprenariat agricole et auto- emploi : un défi", renvoie aux interrogations sur les différentes pistes à envisager pour solutionner le problème lancinant du chômage des jeunes. Il lance alors un appel direct et responsable aux jeunes du Burkina : « Il nous revient nous jeunes au cours de ce forum, d’indiquer les meilleures voies possibles d’accompagnement pour nous engager avec le maximum de succès dans les emplois agricoles. Il nous faut donc faire le diagnostic des expériences de jeunes déjà installés dans les périmètres irrigués pour dégager les causes profondes des échecs mais aussi des succès et proposer des solutions pour une mise en confiance plus poussée des jeunes entrepreneurs agricoles ». Ce forum doit être à ses yeux une occasion de partage d’expériences individuelles et collectives.
Un intermède musical de la talentueuse Wendy annonce le discours d’ouverture du ministre de la jeunesse et de l’emploi, le professeur Justin Koutaba. Le ministre demande la permission au Général Kouamé Lougué pour effectuer "la revue des troupes". Toutes les treize régions ont répondu à l’appel. « Mon Général, voilà au total deux mille cinq cents (2500) jeunes combattants pour le développement, pour le progrès de notre pays », affirme fièrement le ministre Justin Koutaba. Puis se tournant vers les jeunes, il déclare : « Jeunes, nous voici réunis pour une appréciation collective et démocratique des préoccupations de la jeunesse et pour une recherche commune des solutions à même de nous ouvrir des perspectives heureuses pour un avenir d’espoir et de sérénité. Disposant de force intellectuelle de proposition, il émanera de vos réflexions des contributions de qualité à même de renforcer la conviction partagée de la jeunesse du Burkina Faso dans une synergie d’action de relever les défis que pose la persistance du chômage, du sous- emploi et de la pauvreté dans notre pays ».
Malgré les contraintes d’ordre structurel, social, climatique, environnemental et organisationnel, l’agriculture constitue à en croire le ministre Koutaba, la principale source de croissance de l’économie nationale. « L’agrobusiness, loin d’être une vue de l’esprit ou une illusion est belle et bien une réelle source de revenus et d’emplois », a insisté le ministre de la jeunesse et de l’emploi. La fin de son discours aux environs de 10h40mn a mis fin à la cérémonie d’ouverture du 5è Forum national des jeunes qui se tient du 4 au 7 février au bord du barrage et des périmètres irrigués de Bagré. Le départ est ainsi donné pour quatre jours de réflexion, de partage et d’échanges entre l’exécutif et la jeunesse, dans leur quête permanente de solutions pour un mieux-être de la jeunesse, et pour un développement réel et durable de notre pays.
Koundjoro Gabriel KAMBOU
Lefaso.net
