Actualités :: TAXE DE DEVELOPPEMENT COMMUNAL : L’avis du citoyen lambda et d’hommes (...)

La taxe de développement communal (TDC), que certains appellent carrément "vignette", a été votée à l’Assemblée nationale en 2008. La mairie de Ouagadougou a décidé que des contrôles seront effectués au mois de mars pour vérifier ceux qui sont à jour. Au niveau des hommes politiques, les avis sont partagés quant à son opportunité. Quant aux citoyens interviewés, leurs positions sont plus tranchées. Les plus radicaux trouvent la TDC totalement inopportune pendant que les plus modérés pensent le contraire, mais estiment qu’il faudrait revoir à la hausse la date des contrôles et à la baisse le montant de la taxe.

- Jacob Bayili, mécanicien : "Ils n’ont qu’à chercher l’argent ailleurs"

Ce n’est pas une décision qu’il faut applaudir. Ils n’ont qu’à chercher l’argent ailleurs et non dans nos maigres moyens.

-  Martin Kaboré, retraité : "Il faut que le montant soit raisonnable"

L’opération est bonne, mais il faut que le montant soit supportable par la population. Déjà que la population souffre financièrement, il ne faudra pas que le montant soit trop élevé.

-  Mireille Ouédraogo, adjointe administrative : "Nos parents payaient déjà cette taxe"

C’est une bonne taxe, car elle va permettre à la commune de se développer. Mais, le coût est peut-être élevé. C’est une taxe qui existait avant, c’est le nom qui a changé. Sinon nos parents payaient déjà cette taxe.

- Awa Remiy : "Nous payons déjà trop de taxes"

Nous payons déjà trop de taxes. Les gens ont faim et nous cherchons à manger. Eux, ils vont dans les pays occidentaux et de là-bas, reviennent avec des taxes qu’ils ont copiées. Ce n’est pas du tout normal.

- Député Nestor Bassière, groupe parlementaire ADJ : "La commune ne se limite pas qu’au centre-ville"

Concernant la taxe de développement communal, il faut se référer à la loi de finances 2008. C’est à ce moment que la taxe a été votée à l’Assemblée nationale. Je me rappelle que notre groupe parlementaire a émis des inquiétudes, nous avons protesté. Nous avons dit en son temps qu’avec la vie chère, le niveau du pouvoir d’achat des consommateurs, cela n’était pas indiqué. Nous ne sommes pas contre le développement des collectivités, mais nous estimons que le contribuable qui apporte son argent doit savoir que celui-ci est utilisé à bon escient. Nous avons toujours dit que la commune ne se limite pas qu’au centre-ville. Même celui qui est à la périphérie, à 15 km de la ville, paie le même montant que celui qui est en ville. Mais la loi a été votée. C’est un retour des vignettes sous une autre forme. Mais s’il a fallu attendre attendre deux ans après pour appliquer la loi, cela veut dire que cette loi pose problème.

- Fidèle Kientéga, président du groupe parlementaire ADJ : "Ce sont des subterfuges"

Concernant la taxe de développement communal, nous pensons, au vu de l’habitude du régime qui dévore tout, que ce sont des subterfuges, des astuces, une fois de plus, comme la vignette que nous avons supprimée depuis longtemps, pour revenir avec un autre argument pour pouvoir financer leur gabégie.

- Nicolas Dah, maire de Diébougou : "Chacun doit contribuer au développement de sa commune"

L’Etat avait supprimé cette taxe pour l’incorporer aux produits pétroliers. Et c’est ce qui explique pourquoi l’essence coûte cher. Et cette taxe était prélevée sur les produits pétroliers pour être reversée aux communes parce que l’on voyait que la perception de cette taxe était difficile. Il y avait aussi une inégalité parce que des communes comme Bobo ou Ouagadougou comptaient beaucoup de véhicules, contrairement aux autres communes comme celle de Diébougou. Cette taxe a donc été gérée ainsi jusqu’à ce qu’on ait décidé de la ramener, mais sous une autre appellation, celle de "taxe de développement communal" en lieu et place de "vignette". Je me dis que c’est quand même une bonne chose à partir du moment où chacun doit contribuer au développement de sa commune. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Si l’on veut l’autonomie dans la gestion des affaires locales, il faut que l’on accepte que cela ait un coût. Cette taxe n’est pas de trop. Elle existait avant, on n’a fait que la ramener.

- Zénabo Drabo, députée CDP : "La taxe de développement communal est la bienvenue"

La taxe de développement communal est la bienvenue. Maintenant, il faut l’expliquer à la population. Avant, il y avait beaucoup de taxes comme l’impôt de capitation et la vignette. Tout cela avait été abandonné. Mais avec la décentralisation, chacun doit développer son cadre de vie, notamment son département ou sa province surtout au niveau des élus locaux. Mais comment les élus locaux vont travailler sans moyens ? Je prends notamment l’exemple des nouvelles communes rurales dont les budgets sont faibles. D’ailleurs, si on veut bien voir, avec cette prolifération de motos au Burkina, les gens achètent sans qu’on ne leur exige de permis. Ils polluent l’atmosphère, les épaves sont un peu partout et ce sont les maires qui doivent les ramasser. Ce sont eux qui doivent faire en sorte que le cadre de vie soit salubre pour les populations. Maintenant, si vous avez un vélomoteur, vous devez payer quelque chose pour aider votre maire à développer le cadre de vie. Vous voyez les taxes routières, c’est une bonne idée qui fait rentrer de l’argent, qui permet de bitumer beaucoup plus de voies. Je suis tout à fait d’accord avec cette loi depuis que j’étais maire.

- Siriki Karama, ouvrier : "On cherche à manger"

II n’y a pas de moyens. On cherche à manger mais on ne gagne pas. Payer une taxe c’est donc difficile.

- Issa Kaboré, commerçant :"Ce n’est pas facile"

Je pense qu’on devrait imposer cette taxe à ceux qui ont de l’argent, c’est-à-dire ceux qui ont des voitures, parce que ce n’est pas facile.

-  El Hadj Mahamadi Kouanda, opérateur économique : "Ce n’est pas le moment"

"Sur le fond, je ne suis pas contre. Mais sur la forme, j’émets des réserves. Je tiens à dire que le maire Simon Compaoré a de la volonté pour faire de Ouagadougou une ville modèle. Mais je crois qu’il s’est trompé cette fois-ci. Il aurait dû se contenter de fixer cette taxe sur les propriétaires de voiture parce que celui qui peut payer une voiture à 100 millions de F CFA, doit être en mesure de s’acquitter d’une taxe de 50 000 F CFA. Je pense que les raisons qui ont amené à ne pas taxer les vélos sont les mêmes pour les motos. Les propriétaires de motos ne les ont pas achetées de bon coeur, car ils sont exposés aux accidents et il y a la vie chère. De plus, ce n’est pas le moment parce que nous sommes à la veille d’une campagne électorale et il n’est pas facile de faire de différence entre les actes d’un maire et ceux de son parti. Ensuite, je voudrais rappeler aux membres du Conseil municipal de Ouagadougou, dont 90 % ont été des CDR ou des pionniers, que parmi les mesures les plus populaires qui ont été prises sous le CNR (Conseil national de la Révolution, ndlr), il y avait la suppression de la vignette.

Et dans son discours devant l’Assemblée nationale, le président du Front populaire, président du Faso, avait déclaré que toutes les mesures qui ont été prises sous la Révolution allaient être maintenues et la suppression de la vignette était concernée. Si les mairies manquent d’argent, je propose donc que les conseillers municipaux et les maires renoncent à leurs indemnités en 2010, 2011 et 2012 au profit de la commune et pour le développement du pays. En plus, sur tous les véhicules de transport étrangers qui traversent notre pays, que le ministre des Transports autorise le maire à les soumettre à une taxe spéciale. Ce n’est pas contre les règles de l’UEMOA, car ce sont des mesures locales.

Propos recueillis par Lassina Fabrice SANOU et Abdou ZOURE

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