Actualités :: KOUCHNER ET LA GUINEE : Rhétorique trop haineuse pour un diplomate

L’ambassadeur de la Guinée au Maroc déclarait que la santé du président Dadis Camara allait pour le mieux et qu’il reviendrait bientôt au pays. Et le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, s’empressait de souhaiter que Dadis "reste dans son lit", sinon, son retour risquerait de déclencher une guerre civile en Guinée-Conakry. C’est bien la première fois qu’on entend un homme souhaiter aussi expressément qu’un malade, qui était entre la vie et la mort, "reste dans son lit". On ne serait pas loin de croire que Bernard Kouchner veuille que Dadis reste dans ce lit au point de continuer vers la tombe.

"La Guinée n’est pas une sous-préfecture de la France", cette phrase de Dadis Camara a sans doute laissé des traces suffisamment indélébiles dans le coeur de Bernard Kouchner pour qu’il tienne des propos si haineux. Ainsi, le départ de Dadis Camara ne semble plus être l’affaire de la France mais de son ministre des Affaires étrangères en personne.

En outre, Kouchner s’occupe certes des affaires étrangères, mais cela veut-il dire qu’il doit s’ingérer de façon aussi flagrante et indécente dans les affaires des autres ? Quelle preuve a-t-il en sa possession qui associe le retour du président du CNDD en Guinée au déclenchement d’une guerre civile ? Ou souhaiterait-il tout simplement cette guerre ? La France a habitué le monde à une diplomatie plus subtile aussi bien dans le comportement que dans le ton et le contenu des phrases distillées. Serait-ce un manque de savoir-faire en diplomatie qui a conduit le médecin devenu diplomate à tenir des propos aussi crus ? Ou serait-ce un manque de considération pour les acteurs politiques guinéens ? Ce mépris et cette condescendance sont les traits caractéristiques du paternalisme. Car, après tout, il s’adresse à des "Nègres" qui n’ont pas besoin d’être ménagés. Mais il est temps de comprendre que ce paternalisme doit être relégué dans les greniers et les bacs à souvenirs.

Est-ce parce qu’il s’agit de la Guinée dont on sait qu’elle est dans la tourmente ? On imagine mal aujourd’hui de tels propos adressés aux acteurs politiques ivoiriens ou rwandais par un ministre français, fût-il chef de la diplomatie de la France. Le regard de Bernard Kouchner ne voit-il pas l’imbroglio nigérien, les virevoltes de TGV à Madagascar, les 400 morts togolais ou encore la situation qui a prévalu au Kenya ? Les opposants guinéens auraient tort de voir en Kouchner un avocat qui défend leurs intérêts. Car si jamais ils parvenaient au pouvoir et qu’ils ne servaient pas les intérêts de Paris, le même ton et la même hargne pourraient être mis à les diaboliser. Les Guinéens, qu’ils soient de l’opposition ou du CNDD, gagneraient à compter sur leurs propres forces pour remettre la Guinée sur les rails. Quant à Bernard Kouchner, à force de s’acharner ainsi sur Dadis Camara, il finira à la longue par le rendre sympathique. Ce qui n’est sans doute pas son plus cher désir.

Par Abdou ZOURE

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