Actualités :: Autour de Naaba Kaongo : Une onction au courage contre la faim

Un adage bien connu rappelle que « l’a plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a ». C’est avec une telle sagesse qu’il convient d’appréhender l’option de la célébration tournante de la fête nationale au Burkina Faso.

La décentralisation de cette manifestation nationale revêt l’avantage de mettre en exergue les potentialités de chaque région du pays, afin de promouvoir une économie locale spécifique et sa contribution au développement global de la Nation.

Si la première expérience de cette délocalisation en 2008, à Fada N’Gourma, dans le chef-lieu de la région de l’Est, a permis de réfléchir à la valorisation des ressources naturelles et fauniques, celle de Ouahigouya dans le Nord, va s’appesantir sur « L’intensification des productions agricoles de saison sèche ».

Toutes les préoccupations soulevées par la commémoration du 11-Décembre dans les deux localités sus-citées, participent aux recherches de solutions à un problème crucial s’apparentant à la plus grave maladie de l’humanité : la pauvreté.

La famine qui constitue l’un de ses douloureux symptômes a frappé à plusieurs reprises le peuple burkinabè, notamment ses régions aux pluviométries très capricieuses. Si les populations du pays dans leur ensemble en ont payé un lourd tribut, celles de la partie Nord portent encore les stigmates de cette nature ingrate.

Entre prendre la fuite pour espérer se « rassasier » ailleurs et faire face à l’adversité grâce à l’imagination, nombreux sont ceux qui ont pris le large vers d’autres horizons pour mener des activités commerciales ou de paysannerie, nombreux sont ces hommes et ces femmes qui ont sorti de leurs tréfonds, des méthodes innovantes et parfois révolutionnaires pour dompter les terres arides du Lorum (Titao), Passoré (Yako), Yatenga (Ouahigouya), Zondoma (Gourcy).

C’est sur le miracle accompli par ceux-ci que le 49e anniversaire de la fête nationale voudrait marquer une halte. Cette partie du pays est devenue aujourd’hui le fer de lance de la production des fruits et légumes. Qui l’aurait cru ! Mieux, elle s’est permis la prouesse de produire en saison sèche. « Les productions de saison sèche dans la région du Nord occupent près de 40 000 producteurs sur plus de 3 300 hectares de périmètres emblavés.

Les spéculations en culture de saison sèche sont diverses. Elles vont du riz aux légumes et aux tubercules », indiquent les données du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Elles ajoutent aussi des rendements si séducteurs obtenus dans le maraîchage : 20 000 tonnes de tomate, 32 500 tonnes d’oignon, 8 500 tonnes de pomme de terre et de choux, chacun …

Les cultures de contre-saison sont en passe d’atteindre celles de la campagne normale. C’est face à l’adversité que les hommes réalisent souvent ce qui apparaît à leurs yeux comme une utopie. De Botou, dans la Tapoa à Kankalaba, dans la Léraba, de Tinakoff, dans l’Oudalan à Kampti, dans le Poni, de Kaïn, dans le Yatenga à Zoaga, dans le Boulgou, les producteurs ont cru à l’impossible.

Chacun d’eux doit ressentir cette 49ème fête nationale comme un hommage personnel à lui rendu par la Nation. Face à la récurrente insécurité alimentaire, les populations du Nord ont su se forger une riposte qui leur vaut aujourd’hui une admiration nationale et même internationale. Elles se sont donné à moindre coût, les moyens de l’amélioration des techniques culturales, la maîtrise de l’eau, la diversification des outils de production…

Sous la bannière du slogan si galvanisant « Savoir Se Servir de la Saison sèche au Sahel » (les Six « S ») du légendaire Bernard Lédéa Ouédraogo, président de la Fédération des Groupements « Naam », la région du Nord s’est offert des « folies » en technologies agricoles pour contraindre sa terre, naturellement avare, à sortir de ses entrailles des spéculations inimaginables pour lutter contre la faim et la pauvreté. Voilà la vraie bataille pour le bien-être et le progrès.

La technique culturale du « Zaï », les silos de conservation de la pomme de terre sont autant d’expertises qu’il sied de partager avec le reste du pays. C’est avec un orgueil bien local que l’on parle du « cacao » de Yako, en référence à la production abondante de tomate dans cette localité. Il en est de même de la pomme de terre dans le Lorum, des fruits et légumes, dans le Yatenga et dans le Zondoma.

L’instinct de survie a entraîné des hommes et des femmes dans une aventure exaltante pour créer de la richesse à partir de la terre et dans leur terroir. Ce courage souvent surhumain d’abord pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, ensuite, asseoir une sécurité alimentaire, et enfin, prétendre à une souveraineté alimentaire rejoint la quête de toutes les indépendances. Un pays qui se réfère toujours à l’aide internationale pour nourrir son peuple ne peut s’arroger le privilège d’une souveraineté totale.

Et le gouvernement burkinabè s’est inscrit dans la dynamique de renverser cette tendance, à travers les jalons d’une agriculture dynamique, performante et efficace, capable de produire aussi bien en saison pluvieuse qu’en période sèche. L’e Programme Saaga, la petite irrigation villageoise, l’opération « 700 tracteurs », la promotion de l’agrobusiness, la distribution de semences améliorées aux producteurs … rendent compte de cette prise de conscience que le développement de la nation ne peut être réussi sans un socle agricole.

En cela, produire deux fois au Burkina Faso est d’une nécessité absolue. Intensifier les productions agricoles de saison sèche, une quête permanente. Ouahigouya étend donc ses tentacules, du 5 au 13 décembre, pour accueillir les principaux acteurs du monde rural, en vue d’engager les réflexions autour de l’accroissement des rendements, la qualité des produits, l’approvisionnement en intrants, la transformation et l’écoulement des spéculations dans une synergie d’action.

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

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