Actualités :: Esclavage, j’appelle ton nom !

En décidant de consacrer le 2 décembre de chaque année, Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, l’Organisation des Nations unies entend mettre le doigt sur une réalité trans-générationnelle, qui a malheureusement défié le temps et l’espace. Et si l’image, tenace, de ces hommes entravés de toutes parts, déroutés, emmenés de force au-delà des mers pour y être traitreusement vendus, continue de nous hanter aujourd’hui, c’est aussi parce que ce maudit commerce reste, pour l’histoire, l’une des pires atrocités causées à l’humanité, et plus spécifiquement à la communauté noire.

Et l’on revit, sans se forcer, la poignante histoire de Kounta Kinté, passé, du jour au lendemain, de son fier statut de guerrier libre de Djoufouré, en Gambie, à celui d’anonyme esclave, quelque part là-bas, dans l’immensité inconnue… Avant, bien entendu, que Alex Haley ne se décide à le révéler au monde, dénudant du coup, de façon magistrale, une terrible réalité.

Entre l’esclavage de nos pères et les pratiques « esclavagistes » d’aujourd’hui, le temps, insaisissable a fait son œuvre. Gorée, au Sénégal, et Ouidah, au Bénin, perpétuent, en Afrique de l’Ouest, le souvenir de ces moments historiques, qui ont tellement endeuillé le continent, le privant de ses forces vives, hypothéquant son avenir. Pour autant, l’époque nouvelle n’est pas – ne devrait pas être - aux pleurnicheries, à l’embrigadement dans le passé. Le temps est plutôt venu, aujourd’hui, comme dirait Aimé Césaire, de « se ceindre les reins comme un vaillant homme » et de rester irrésistiblement debout ! Non pas à travers les discours, toujours plus éloquents les uns que les autres, ni dans la célébration de cette journée du souvenir et de l’exhortation à un monde enfin débarrassé de cet hydre malveillante. Mais plutôt dans les actes quotidiens, qui restaurent la dignité humaine et posent de vrais jalons pour demain.

Car, en effet - et Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, l’a bien souligné dans son message à l’occasion de la commémoration de cette journée du 2 décembre 2009 - « l’esclavage reste un problème grave, aussi bien en Afrique qu’en Asie, aux Amériques et en Europe ». Comment, en ce 21e siècle de toutes les évolutions et de toutes les révolutions, on en soit encore à ruser avec des pratiques d’une autre époque, que l’on croyait à jamais révolues ? De fait, ce n’est pas tant que ces pratiques, qui ont la peau dure, continuent de s’insinuer quotidiennement dans les faits et gestes des uns et des autres qui est blâmable. C’est plutôt de capituler face à leur persistance qui est indigne de l’humanité, qui a pourtant réaffirmé, dans l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes ». Il s’agit donc, aujourd’hui encore, pour tous, de prendre un engagement ferme pour « éliminer totalement », selon le vœu du secrétaire général de l’ONU, « l’esclavage et les pratiques analogues à l’esclavage ».

On aurait fort à dire sur cette question des nouvelles formes d’esclavage, tout à la fois subtiles, insidieuses, et odieuses : servitude pour dettes, servage, travail forcé, travail et servitude des enfants, trafic de personnes et d’organes humains, esclavage sexuel, utilisation d’enfants soldats, vente d’enfants, mariage forcé et vente de femmes et exploitation de la prostitution. Excusez du peu… C’est pourquoi, s’investir dans la lutte contre toutes les pratiques dégradantes, ignominieuses, avilissantes, est, assurément, une contribution majeure à l’émergence d’un monde ou chaque citoyen du village planétaire se rend plus apte à prendre conscience de ses responsabilités, de ses droits, mais aussi et surtout de ses devoirs envers autrui.

Certes, la route sera encore longue avant que chacun comprenne, en définitive, que « lutter contre l’esclavage signifie non seulement interdire directement l’esclavage par la loi, mais aussi lutter contre la pauvreté, l’analphabétisme, les disparités économiques et sociales, la discrimination fondée sur le sexe et la violence contre les femmes et les enfants »… Toutefois, ne serait-ce que pour cela, le plaidoyer du 2 décembre mérite largement d’être soutenu et carillonné à tous les horizons.

Serge mathias Tomondji

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