Actualités :: Vol du masque sacré de Douanghin : Des cris de détresse pour "sauver les (...)

Un masque sacré du village de Douanghin, dans la commune rurale de Toéghin, localité située à environ 75km au Nord de Boussé, a été subtilisé par des inconnus au cours de la semaine du 22 novembre 2009. Quelques jours après le forfait, c’est toujours le désarroi total au sein de cette communauté qui ne sait vraiment plus à quel saint se vouer.

Le vol de "Kouré", nom donné au masque sacré, a sérieusement affecté la vie du village. Des visages crispés, un calme plat, un environnement lourd comme en période de deuil ; c’est le triste constat d’emblée perceptible dès l’entrée du village de Douanghin...

Même les tout-petits, d’habitude bruyants, comprennent la gravité de la situation et peut-être les conséquences qui pourraient s’en suivre en se tenant très calmes. "Kouré a donné et tenait la vie de plus de 15 000 enfants, le destin de plusieurs milliers de personnes venues demander sa protection. Nous sommes en vérité morts avec la disparition de ce masque.

Il était notre âme. Notre devenir est plein d’incertitudes et d’angoisses. J’ai peur pour moi-même ,pour ma famille, mon clan et aussi, pour ces milliers de personnes qui avaient un lien quelconque avec le masque sacré". Ces propos teints d’émotions sont du détenteur du masque sacré, Ninda Sawadogo, les yeux rougis sûrement, par plusieurs nuits sans sommeil. Sans cacher les mots, il affirme que l’heure est grave et peut être comparé à un deuil en ces lieux avec un regard interrogateur.

Depuis plusieurs nuits, il ne ferme plus l’oeil. En effet, selon ses confessions, des malfrats auraient profité de son absence pour des funérailles chez ses oncles maternels à Douré, un village voisin non loin, pour venir commettre leur sale besogne.

"Ils ont pénétré dans la case sacré située au beau milieu de la concession qui était fermée d’une porte en paille, pour couper la tête du masque à l’aide sûrement de couteau et laisser les fibres sur place", dira t- il, les yeux imbibés de larmes. Selon une source proche de la famille détentrice de Kouré, le masque est arrivé dans la famille seulement dans le mois de juin 2009 après le décès de l’aîné de la grande famille.

Pour M. Ninda, le constat du vol a été fait à l’occasion du décès du "tingsoaba", c’est-à-dire le chef de terre du village où l’on attendait le masque sacré avant de procéder à l’enterrement. Mais peine perdue et consternation à bord. On voit un masque sans tête, soupira-t-il.

Pour le patriarche Noaga Sawadogo, fort de ses 80 ans et usé par l’âge, les mots manquent visiblement pour qualifier ce qui est arrivé et les conséquences fâcheuses de cette disparition : "ce masque ne sortait que lors des décès de vieilles personnes.

Il donnait la maternité aux femmes qui n’en possédaient pas. Les gens venaient de partout, demander protection, gain, la santé et même les pluies. L’avenir de tous ces gens est plein d’incertitudes voire compromis. Certains peuvent mourir d’un moment à l’autre et d’autres deviendront sûrement des fous si la situation reste ainsi. Même moi qui suis proche de la mort, j’ai vraiment peur pour tous ça", a-t-il laissé comprendre les lèvres tremblantes.

Selon une description sommaire de M. Noaga, Kouré a une forme de singe avec un semblant de bouche, de nez et d’yeux avec une caractéristique principale d’une seule corne. D’autre part, la désolation est aussi bien perçue par le directeur de l’école du village, M. Félix Sawadogo qui compare également la situation à un deuil.

"Les gens sont très tristes et se réunissent tous les matins et soirs dans la cour. On sent vraiment qu"on leur a ôté toute une partie de leur vie (....) même ceux qui ne sont pas animistes mesurent la gravité de la situation", dira-t-il en substance.

Retrouver Kouré vaille que vaille

Qui a pu poser de tels actes ? Qui savait que le masque a changé de concession et qu’il se trouve depuis maintenant, dans la case du milieu de la concession de Ninda Sawadogo ? Qui savait que le détenteur du masque sacré était absent du village pour des funérailles ? Est-ce vraiment la main de ces marchands véreux d’objets d’art africains, qui écument le continent africain de nos fétiches ou un simple règlement de compte entre des gens de Douanghin ? Comment faire pour retrouver Kouré et le ramener dans sa case ? Autant de questions pertinentes sans réponses évidentes pour le moment. Et, qui ne trouveront pas réponses si on doit s’en tenir seulement à une déclaration de perte ou des communiqués radiodiffusés.

Presqu’en larmes, Ninda Sawadogo, entouré des siens ne sait plus à quel saint se vouer et espère que leur fétiche sera retrouvé, un jour "sinon c’est la catastrophe". Selon leurs dires, ils ont fait des communiqués radiodiffusés pour intimer les auteurs de ramener leur "fétiche", faute de quoi les fautifs ne verront pas les gouttes des premières pluies.

Aveux d’impuissance ou menaces sérieuses qui auront leurs effets ? A chacun sa croyance. Même le très redouté fétiche de Fingla, le plus craint de toute la province du Kourwéogo et ailleurs, a été mis à contribution. Par ailleurs, ils confessent avoir fait aussi une déclaration de perte à la gendarmerie de Boussé.

Ces actions urgentes mais de peu de portée pour le moment, suffiront-elles à retrouver Kouré dans un bref délai avant toute disparition des traces ? Rien n’est sûr. Une enquête sérieuse ne serait-elle pas envisageable par les autorités compétentes ? A notre sens, elle ne serait pas de trop et mieux, ce pourrait être une voie raisonnable, pour la protection et la sauvegarde de nos valeurs culturelles. En tous les cas, tout le monde doit être mis à contribution pour barrer la route à ceux qui "s’amusent" avec nos traditions en vendangeant nos richesses culturelles pour quelque raison que, ce soit.

Les sévices de sécurité, les différentes autorités administratives et politiques, les conseillers municipaux, les conseillers villageois de développement doivent s’y inviter dans la recherche de Kouré.

Le Pasteur Jonas Tapsoba, conseiller municipal du village, a-t-il tracé la piste en nous disant dans les coulisses pour sa part, que les auteurs pourraient peut-être, être des gens qui connaissent la valeur du masque et qui ont suivi son itinéraire et les mouvements du détenteur ? Pour lui, il faut, en tous les cas, décourager de telles pratiques qui peuvent déstabiliser nos sociétés en faisant allusion au climat de détresse actuellement dans le village, "Nous demandons aux autorités de notre pays, de nous venir au secours pour qu’on puisse retrouver Kouré.

J’ai entendu dire que le gouvernement protège nos cultures et tout ce qui à trait à nos traditions, qu’elles nous viennent en aide .Nos regards et nos espoirs sont tournés vers elles", ajoutera M. Ninda en soupirant.

Moussa CONGO

AIB/Boussé


On ne pouvait pas photographier Kouré en temps normal

Selon les frères Sawadogo, Kouré était un masque-fétiche hors norme et trés proche des gens qu’il soutenait. Son efficacité a dépassé les frontières du Kourwéogo et les gens venaient de partout pour solliciter ses services. Mais attention ! Pas question de le photographier.

Pour ceux qui s’entêtaient, il n’auront jamais d’images dans leurs clichés. Même les appareils photo numériques ont échoué à cet exercice de prises, à en croire les désormais ex-détenteurs de Kouré.

Après avoir entendu ces confidences, c’est naturellement avec une peur dans le ventre, que nous sommes rentré dans la case sacrée pour la photo des restants du masque sacré, malgré les assurances des détenteurs. Nous avons néanmoins pu avoir quelques images, pour la simple raison que Kouré a été ôté de sa tête, sinon c’était peine perdue, selon les propriétaires des lieux.

Sidwaya

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