Actualités :: Un an après Boromo : Les cercueils ambulants continuent de rouler

Samedi 15 novembre 2008 au petit matin, à 10 km de Boromo sur la route nationale n°1, c’est l’horreur. Sur la chaussée, des dizaines de cadavres brûlés, deux véhicules carbonisés. Plus de 70 personnes décédées au total, dont 55 entièrement calcinées, et plus d’une trentaine de blessés.

La cause de ce drame : un camion de type "10 tonnes", transportant du sucre et qui avait quitté Banfora pour Ouagadougou, est entré en collision avec un car de transport, lequel avait démarré de Koudougou pour Boromo, avec à son bord plus de 130 personnes plus des marchandises et des animaux. Le Conseil des ministres en sa séance du 3 décembre 2008 décidait de faire des journées des 5, 6 et 7 décembre 2008 des moments de recueillement et de prière sur toute l’étendue du territoire national en souvenir de ce drame, sans précédent dans les annales routières du Faso.

Un an après, les images cauchemardesques de cet accident d’une rare violence sont encore ancrées dans les esprits. Et une cérémonie officielle de commémoration dans le cadre de la première édition de la Journée nationale de sensibilisation à la sécurité routière a eu lieu hier dimanche 15 novembre 2009 dans la ville de la tragédie, sous la présidence du ministre des Transports, Gilbert Ouédraogo représentant le chef du gouvernement Tertius Zongo qui n’a pu faire finalement le déplacement de Boromo, comme initialement prévu. L’on a également procédé à la pose de la première pierre d’une stèle en hommage aux victimes de la catastrophe, et une minute de silence a été observée à leur intention à 10h20 sur l’ensemble du pays.

Ce devoir de mémoire, preuve solennelle de la compassion renouvelée de la nation entière envers les familles des victimes, est sans soute à saluer. Mais, au-delà de cette commémoration, la question se pose de savoir ce qui a été concrètement fait depuis pour éviter qu’un tel malheur n’arrive encore sur nos routes. Rien, ou presque, à moins que ce ne soit les effets des mesures prises qui tardent à se manifester.

Le chauffeur du car impliqué dans le choc mortel du 15 novembre, le sieur Aboubacar Kamaté, victime expiatoire d’une faute commune, a certes comparu, le 28 janvier 2009, devant le Tribunal de grande instance de Boromo pour surcharge de passagers, transport mixte non aménagé, défaut de maîtrise, blessures involontaires causées à plusieurs personnes avec des incapacités totales de travail de moins de trois mois, blessures involontaires causées à plusieurs personnes avec une incapacité totale de travail de plus de trois mois, homicides involontaires causant la mort de 69 personnes, inobservance des règles de conduite, et a été condamné à 12 mois d’emprisonnement ferme et à une amende de 90 000 F CFA.

Aussi, dans son discours sur la situation de la Nation, prononcé le 27 mars 2009 face à l’Assemblée nationale, Tertius Zongo saluait l’adoption de la Loi d’Orientation des Transports Terrestres au Burkina Faso, dont les principales orientations sont : la promotion des transports collectifs ; l’ancrage du secteur des transports dans la dynamique de la décentralisation ; la responsabilisation de tous les acteurs sociaux dans la définition et la mise en œuvre de la politique des transports terrestres ; la promotion de la sécurité et de la sûreté dans les transports terrestres ; la professionnalisation des acteurs du secteur.

En vue de la promotion de la sécurité routière, le gouvernement a également procédé à l’adoption du document de Politique nationale de sécurité routière, à la création de l’Office national de la sécurité routière (ONASER) et du Conseil national de la sécurité routière, au lancement de l’opération portant sur la délivrance de 5600 permis de conduire.

On dira, certes, que c’est le médecin après la mort mais il faut souvent que ce genre de sinistres survienne pour une prise de conscience collective et pour que des actions vigoureuses soient entreprises. Force est cependant de reconnaître que la batterie de mesures prises est, hélas, restée à l’état du papier et du verbe. On pensait qu’il y aurait un avant et un après-Boromo mais, dans la réalité, les pratiques à l’origine de l’hécatombe, notamment les surcharges, ont cours encore aujourd’hui.

Personnes et animaux domestiques jouent des coudes pour avoir les « meilleures places » au milieu des sacs de maïs et de marchandises diverses, dans l’indifférence quasi totale des Forces de sécurité. Les méchantes langues prétendent même que ces cercueils ambulants, qui continuent de rouler, chargent devant les commissariats de Police au nez et à la barbe des garants de la sécurité, qui ont certainement mieux à faire que de régler la circulation.

Le trait est à peine grossi ; même si l’on doit à l’honnêteté de reconnaître que toute action demeure vaine tant que les usagers eux-mêmes ne prendront pas conscience de la situation. Or, force est de constater que l’incivisme roule à tombeau ouvert sur nos voies.

De ce fait, il faut certes que des mesures rigoureuses et vigoureuses soient appliquées au plus vite mais aussi que les maillons de la chaîne sécuritaire (sociétés de transport, chauffeurs, passagers…) jouent leur partition afin de mettre un frein à l’insécurité routière au Burkina. Sinon, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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