Actualités :: MALADIES MENTALES : C’est fou d’oublier les fous !

Ils sont de plus en plus nombreux dans les rues de nos villes. Ils sont de tous les âges et de tous genres : hommes, jeunes hommes, enfants, femmes et jeunes filles. Ces fous et ces folles, dont on dit qu’ils ont tout perdu sauf la raison, constituent de nos jours un vrai danger public tant par leur nombre que par la facilité avec laquelle ils pénètrent dans tous les milieux. Il n’y a pas longtemps encore, chaque village, chaque quartier avait "son fou" qui cohabitait sans grands accrocs avec ceux qui se disent qu’ils sont sains d’esprit.

Aujourd’hui, les causes de leur mal font qu’ils sont plus violents. Ils sont redoutés et craints. Tout le monde, à commencer par les enfants, fuient à leur approche, les grandes personnes s’écartent pour leur laisser le passage. Il leur arrive de violer les vieilles femmes et les petites filles sans défense, parfois même des femmes. Quand ils entrent dans un marché, ils ne se contentent plus de demander à manger, ils pillent. On en trouve qui bloquent la circulation en étendant les bras, tout comme le fait le policier.

Aujourd’hui, les malades mentaux sont une menace sérieuse pour la sécurité dans nos villes et dans nos villages. Ils constituent, à n’en pas douter, un problème de santé publique. De ce point de vue, leur situation devrait attirer l’attention des autorités sanitaires de notre pays. Malheureusement, on a l’impression que les services spécialisés qui traitent de la santé mentale des Burkinabè sont le parent pauvre des structures sanitaires. Certes, il existe au CHU Yalgado Ouédraogo un service psychiatrique, mais il n’existe pas à notre connaissance un service de suivi psychologique à l’occasion de grandes catastrophes comme l’accident de la circulation, survenu l’an passé à Boromo et dans lequel on a enregistré des dizaines de morts. Des personnes "pètent les plombs" à la suite de la perte d’un être très cher ou à l’occasion de déceptions dans la vie : échec à un concours, à un examen, déception amoureuse, perte d’un emploi, etc.

Lorsque surviennent ces événements dans la vie d’un homme ou d’une femme, on doit lui faire bénéficier de l’assistance d’un spécialiste, en l’occurrence d’un psychologue ou d’un psychiatre qui l’aidera à vivre et à supporter ces moments de crise qui sont très difficiles. Mais, nous devons reconnaître qu’une grande partie des fous et des folles qui errent dans nos villes et villages ne sont pas devenus fous à la suite des événements dont nous avons parlé plus haut. D’autres causes de la démence sont inhérentes à nos modes actuelles de vie ou de consommation. On peut citer la prise de drogues, notamment les drogues dures, et la consommation d’alcools frelatés qui font de nombreuses victimes parmi les jeunes des deux sexes.

Ce sont généralement les plus violents quand leurs crises se déclenchent ; notamment lorsqu’on les interne et qu’on les prive du produit dont ils sont plus que dépendants. L’amour filial ou les liens de la parenté amènent des familles à refuser qu’un des leurs soit conduit dans un asile où il peut recevoir des soins et un encadrement appropriés. Ces situations se terminent la plupart du temps par des drames. Profitant d’un moment de relâchement de ceux qu’il considère comme ses geôliers, en fait ses frères et soeurs, le fou se livre à une violence inouïe sur ses propres parents. On raconte le cas de ce fou qui, une fois sorti de l’asile à la demande expresse de ses parents, est allé tuer ses deux enfants, décapitant l’une et égorgeant l’autre.

L’évolution de nos grandes villes impose aujourd’hui la mise sur pied d’un service psychiatrique moderne et fonctionnel. Il ne faut pas perdre de vue que chacun de nous est un dément potentiel. Il suffit d’un petit os dans notre vie pour que nous dijonctions. Et c’est le drame ! Il est conseillé de ne pas attendre d’être fou pour demander à consulter un psychiatre ou solliciter les services d’un psychologue. Chaque homme et chaque femme a besoin de temps à autre de s’entretenir avec ces spécialistes de la santé mentale, tout comme on devrait faire chaque année un bilan de santé.

A chaque étape du développement d’une société correspond l’apparition de maladies nouvelles. Il faut combattre ces maladies nouvelles avec des thérapies nouvelles, c’est-à-dire modernes. Par exemple, aujourd’hui, un grand nombre de travailleurs parlent de stress ou souffrent de stress. Notre université doit former de plus en plus de psychiatres qui vont être appelés à prendre en charge ces nouveaux cas, mais aussi les autres pathologies mentales auxquelles nous ne sommes pas habitués. Actuellement, peu d’étudiants s’orientent vers la psychologie ou la psychiatrie. L’évolution de notre société qui se conjugue avec l’apparition de nouvelles pathologies indique cependant que ce pourrait être demain un secteur d’avenir. Le temps n’est plus loin où personne ne s’avisera de garder à domicile un malade mental, fût-il un fils chéri, à cause des dangers qu’il fait courir à ses voisins et à ses visiteurs. On fera de plus en plus appel aux psychiatres et aux psychologues. En tout état de cause, les pouvoirs publics doivent se préoccuper davantage des malades mentaux parce que tout simplement, c’est fou d’oublier les fous.

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