Actualités :: MOUSSA LANKOANDE, MAIRE DE BOGANDE : "La Gnagna n’est plus profonde (...)
Moussa Lankoandé, maire de Bogandé

Bogandé, c’est la capitale de la province de la Gnagna, qualifiée à tord ou à raison de « profonde », en raison de la précarité des voix d’accès et de communication. Aujourd’hui, cette localité située à l’Est du Burkina tente, tant bien que mal, de prendre le train du développement. Nous avons rencontré pour vous le maire de la commune de Bogandé qui présente ici les atouts économiques de sa commune, de même que les perspectives d’avenir de cette localité que la nature n’a pas gâtée.

"Le pays" : Quels sont les grands chantiers actuellement en cours d’exécution par la mairie de Bogandé ?

Moussa Lankoandé, maire de Bogandé : Nous sommes actuellement en train d’exécuter un vaste chantier de construction de caniveaux. Aussi, depuis le 23 octobre dernier, nous avons signé une convention pour la promotion des latrines dans les ménages avec notre partenaire Helvetas. Cela fait suite à un précédent projet signé avec le même partenaire, toujours en cours d’exécution et qui consiste à la gestion des déchets solides dans la ville de Bogandé.

Quels sont les principaux atouts économiques de la commune de Bogandé ?

Il y en a beaucoup. La Gnagna, comme vous le savez, est l’une des provinces où l’élevage est très développé. La commune regorge donc de beaucoup d’animaux et qui constituent une part très importante de son économie. Il y a aussi le commerce. De plus en plus, les marchés se développement dans toute la province. Le marché de Bogandé, ceux qui l’ont connu avant s’en souviennent, était très peu fréquenté. Aujourd’hui, au niveau de la mairie, nous avons de la peine à discipliner l’installation des commerçants. C’est un très bon signe. Dans les villages rattachés, nous avions recruté 10 collecteurs de marchés. Et après, nous nous sommes retrouvés avec au moins 8 marchés supplémentaires qui se sont développés. Il y a aussi, bon an, mal an, l’agriculture comme atout économique dans la commune. A cela, s’ajoute la culture maraîchère parce que nous avons de grands barrages où les gens pratiquent la culture de contre-saison.

Hormis le bétail, quels sont les autres produits que l’on retrouve sur les marchés de votre commune ?

Il y a essentiellement les céréales et quelques oléagineux comme l’arachide qui sont énormément produits ici. Tout dernièrement, des gens ont développé des initiatives par rapport à la production à la commercialisation de la pastèque. Il y a aussi le riz qui est produits dans 3 zones que sont : Bogandé, Samou et Koussougdou où la culture de contre-saison connaît un succès éclatant.

Bogandé dispose d’un marché à bétail. Comment est-il géré ?

Il est géré pour l’instant par un comité de gestion, conformément à ce qui a été arrêté avec le bailleur. La commune se contente pour le moment de percevoir les taxes. Mais peut-être qu’avec le temps, nous allons prendre la gestion du marché.

A côté de ces atouts économiques, il y a certainement des obstacles qui freinent le développement de la commune.

Il s’agit essentiellement, et cela, tout le monde le sait, des voix de communication, des routes. C’est d’ailleurs pour cela que la Gnagna est dite enclavée. Pire, nous avons failli, il y a quelques moments, nous retrouver dans l’enclavement total, avec l’endommagement d’un pont sur l’axe qui nous lie à Fada N’Gourma. Pendant l’hivernage, il nous était plus facile de regagner Ouagadougou en passant par Taparko et Kaya, que d’aller à Fada, notre chef-lieu, en passant par Pouytenga. Or Pouytenga, c’est notre plus grand marché où nous faisons le plus d’échanges. C’était donc une situation très délicate que nous avons vécue pendant la saison des pluies. C’est donc l’obstacle majeur au développement de notre localité.

Il y en a d’autres en plus des routes ?

Il y en avait beaucoup d’autres mais qui connaissent aujourd’hui des débuts de solutions. Je parlais tantôt des difficultés de communication, mais cette année, la ville a obtenu deux radios FM qui viennent énormément nous soulager. Nous les utilisons beaucoup pour les actions de développement.

Pouvez-vous les nommer ?

Il s’agit de la radio l’Eveil, obtenu en partenariat avec le RAJS, et la radio Djawampo obtenue grâce à un partenariat avec le Liptako/Gourma.

Il y a quelques années, on parlait de la Gnagna profonde. Est-ce que ce qualificatif est toujours d’actualité ? La Gnagna n’est plus profonde. Aujourd’hui, il y a eu beaucoup de changements positifs. Lorsqu’on parlait de la Gnagna profonde, c’était par rapport aux voix de communication. Car à l’époque, en termes d’infrastructures, tout manquait. Aujourd’hui, je peux vous assurer que la Gnagna est en train de s’ouvrir davantage. Parce que beaucoup de potentialités sont en train de se développer. Aujourd’hui, la Gnagna est en train de rattraper son retard en matière d’infrastructures scolaires. Les mentalités ont aussi beaucoup changé. Avant, c’étaient les parents qui refusaient de scolariser leurs enfants. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Ce sont les bâtiments qui manquent pour recevoir les enfants. C’est pourquoi, si vous parcourez la province, vous allez rencontrer beaucoup d’écoles en paillotes.

En matière de scolarisation, votre localité fait partie de celles les plus en retard. Que fait la mairie pour donner un coup de pouce à la scolarisation dans la commune ?

Moi qui vous parle, je suis inspecteur de l’enseignement du premier degré de formation. Lorsque je prenais les reines de la commune, le conseil municipal sortant avait déjà obtenu deux écoles grâce à un appui du Programme de réduction de la pauvreté en milieu communal (PRPC). Etant du corps de l’enseignement, dès que je suis arrivé, j’ai fait de la promotion de la scolarisation une priorité. J’ai créé un comité communal pour l’éducation qui regroupe des partenaires, des enseignants, etc. Je me suis entouré d’acteurs pour travailler. Et ce qui est fait sur le terrain mérite d’être cité en exemple. Grâce aux sensibilisations menées, les effectifs débordent dans les écoles. Depuis deux ans, le comité organise les Prix de l’excellence qui ont permis, cette année, de récompenser plus de 600 élèves.

Sur le plan politique, on n’entend pas trop parler de la Gnagna. Qu’est-ce qui explique cela ?

Vous savez, chaque localité évolue selon sa tradition. Ici, nous sommes nés trouver une tradition d’entente. Tout se fait dans l’amitié. Lorsqu’on se retrouve à une rencontre avec les collègues des autres provinces, nous sentons que chez nous, il y a moins d’agitation.

Que répondez-vous alors au Roi du Gulmu qui a plutôt parlé d’ « inertie politique » dans toute la région de l’Est ?

C’est difficile de commenter les propos de quelqu’un du rang du Roi du Gulmu. Il est non seulement roi, mais aussi député à l’Assemblée nationale. Je n’ai pas son statut. Mais si j’avais compris ce sur quoi il s’est fondé pour parler d’inertie politique, peut-être que je lui donnerais raison ou, au contraire, j’émettrais des réserves.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas du tout de dissidences politiques entre les 83 conseillers que vous êtes au niveau du conseil municipal de Bogandé ?

Depuis que nous sommes sortis des élections municipales, nous ne sentons pas la différence entre nous. Lorsque le parti qui a le plus de conseillers veut se concerter par rapport à une question donnée, on se gène même de l’annoncer. Il y a une bonne entente. On parle tous développement.

Quels sont vos plus grands projets pour la commune de Bogandé ?

Nous entendons poursuivre ce que nous avons commencé. Nous avons certes obtenu des dispensaires, un CEG communal, des écoles primaires, etc., mais nous voulons poursuivre l’effort, surtout au profit des populations des zones rurales. Aussi, nous mettons beaucoup l’accent sur l’assainissement. Nous voulons perpétuer ce que nous sommes venus trouver, parce que nos prédécesseurs ont beaucoup fait.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

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