Les politiques de tous ordres sur la protection de l’environnement dans notre pays, les déférentes lois sur l’environnement, les colloques et conférences internationales sur la protection de la biodiversité et sur les changements climatiques…, semblent être très loin de la commune rurale de Midebdo quand on y voit se qui s’y passe. Pourtant cette bourgade se trouve à moins de 500 km de la capitale Ouagadougou. Dégradation à grande échelle de l’environnement, utilisation de produits chimiques non maîtrisés tel le mercure, abattage d’arbres rares et destruction de la faune et de la flore, Midebdo vit ce lot au quotidien des chercheurs d’or loin des remous de la capitale et des bureaux feutrés des fonctionnaires du ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie.
A Midebdo, c’est une destruction à huis clos qui s’opère sur l’environnement par les orpailleurs, munis pour la plupart de titres d’exploration et non d’exploitation. Sur un site du nom de Amimbri, nous avons pu voir de visu qu’il y avait des gendarmes qui sécurisaient les comptoirs d’achats de l’or et certaines installations. Nous avons cherché à savoir comment des sites d’orpaillages traditionnels –dont certains illégaux- pouvaient bénéficier de la protection de l’Etat. La personne la mieux indiquée c’était le maire mais lui aussi, incroyable pour cet édile mais vrai, semblait ne rien savoir sur ce qui s’y passait
Le maire Onfité Kambiré
Un campement de fortune à Amimbri dans la commune de Midebdo
: ‘‘En effet, c’est sur ma commune que se trouve le site, mais pour ce qui est de la présence de la gendarmerie, j’en ai entendu parler mais je ne sais pas comment elle est venue sur les lieux. Il se pourrait que l’ordre soit venu de Batié (chef lieu de la province du Nombiel)’’ nous dira le maire Onfité Kambiré. Ces gendarmes n’interviennent pas sur le reste du territoire communal. Est-il conscient que sa commune essuie les assauts des orpailleurs et qu’ils dégradent l’environnement ? Là, il dit en être conscient et il annonce : ‘‘Le conseil municipal et moi-même voulions que la commune puisse mettre à profit ses potentialités pour attirer des touristes. Le climat est favorable, il y a des animaux sauvages et beaucoup de cours d’eau.
Donc nous ne pouvons plus rester les bras croisés et regarder sans rien faire. Mais il faut qu’à Ouagadougou, on règlemente l’attribution de certains documents. Tout se fait à Ouaga et nous subissons à la base’’. Pour une zone dont la richesse faunique est incontestable et dont la flore est exceptionnelle, il n’y a qu’un seul agent des eaux et forêts qui s’échine pour faire le boulot sur un territoire trois fois plus grand que Ouahigouya. Il faut reconnaître que ce n’est pas facile de contrôler tout ce vaste domaine. Pas étonnant dans ces conditions que cette localité riche en or mais aussi en attraits touristiques, attire une telle diversité de populations qu’elle pourrait être le creuset d’une véritable capitale africaine intégrée. Mais le hic, c’est que ce n’est pas toujours, loin de là, le beau monde qui afflue à Midebdo. Il y a là de tout : des trafiquants en tout genre qui font que la prostitution, la drogue circulent à ciel ouvert.
Il faut agir pendant qu’il est encore temps sinon l’on aura toujours à recourir à des méthodes brutales comme celle qui a conduit à la quasi-destruction du marché où beaucoup de commerçants ont perdu leur fortune, les laissant la rage au cœur. Il ne faut pas que Midebdo soit connu comme ces villes dangereuses du Far West où seuls n’y allaient que ceux qui voulaient se shooter à tous les défis illégaux.
San Finna
