Actualités :: ROOD WOKO : Ne laissons pas Simon guerroyer seul

Ne l’oublions surtout pas, ne perdons jamais de vue que Rood Woko est un marché. Un marché, c’est l’endroit où des centaines de femmes et d’hommes travaillent quotidiennement pour gagner leur pitance, mais aussi pour assurer celle de leur famille. Il est indistinctement appelé « Grand marché » ou « Marché central » de Ouagadougou. Un adage populaire dit qu’il est impossible "d’endormir un marché". Dit autrement, il est difficile de mettre tout le monde d’accord sur la place du marché. La recherche d’un accord est une œuvre de longue quête.

Cela signifie-t-il que tout est permis dans le marché et sur le marché ? Certainement que non ! Nous sommes des partisans de ceux qui croient que toute organisation, tout rassemblement d’hommes, même d’animaux a, ou doit avoir ses règles. Ces règles s’appliquent à tous les membres de cette association, de ce groupement sans discrimination. Elles énoncent ce qui est permis de faire et ce qui ne l’est pas, ce qui est défendu, interdit. Celui ou ceux qui se mettent à faire ce que les règles défendent sèment le désordre.

Il en est de même de ceux qui se dérobent à leurs devoirs, c’est-à-dire ce que les règles leur prescrivent. Les commerçants, les locataires de Rood Woko savent ce que peut engendrer le désordre. Ils savent ce qu’ils ont payé pour avoir toléré le désordre. Pendant six ans, ils ont subi, ils ont ruminé collectivement et individuellement les méfaits du désordre, du laisser-aller et du « fais ce que voudras ». Nous ne pensons pas un seul instant qu’ils seraient inconscients au point d’oublier ce que leur a coûté le désordre. Après le sinistre qui a ravagé il y a six ans une grande partie de Rood Woko, il a fallu mobiliser plus de trois milliards pour le réhabiliter. Le maître d’œuvre de ce gigantesque travail fut la mairie de Ouagadougou à travers son premier responsable, le maire Simon Compaoré. A la fin des travaux de réhabilitation et avant de remettre l’infrastructure à ses utilisateurs, il fallait mettre en place de nouvelles règles, une nouvelle stratégie pour régir la vie de Rood Woko, de ses occupants et de ses utilisateurs ; il fallait de nouvelles conditions d’occupation des boutiques et des espaces. Bref, les autorités ont mis en place une nouvelle réglementation pour le fonctionnement de Rood Woko. La finalité de tout cela : éviter une répétition de ce qui s’était produit en 2003.

Logiquement, ce sont les commerçants qui doivent être les premiers à se réjouir que les autorités aient pensé à autant de précautions. Il n’y a pas de doute que ces précautions que nous appellons règles ont été établies en concertation avec les commerçants et leurs organisations. Nous le pensons. Le contraire serait étonnant. Si c’est vraiment le cas, les autorités municipales ne peuvent pas se dire surprises des manifestations itératives qui perturbent le fonctionnement harmonieux de Rood Woko depuis sa remise en service en avril dernier. Mais d’où vient alors que Rood Woko est devenu de nos jours un haut lieu de la contestation de la capitale, voire du Burkina Faso ? Soit les règles censées s’appliquer à tous et à toutes ne sont pas bonnes et dans ce cas, leurs initiateurs doivent les revoir, les changer ; soit lesdites règles n’ont pas été écrites de façon consensuelle. Il faudrait donc veiller dans ce cas à associer le maximum des parties prenantes de Rood Woko à leur établissement. On a comme l’impression que des divergences politiques se sont transportées à Rood Woko. On a aussi cette désagréable impression que c’est le maire Simon seul et son équipe qui se trouvent chaque fois devant les commerçants. Ce ne sont que des impressions !

Nous souhaiterions nous tromper ! Nous pensons que si logiquement des départements ministériels et d’autres structures de l’Etat étaient impliqués au même titre que les autorités municipales, il y a longtemps que les questions de la discipline autour du marché et dans le marché auraient trouvé leurs solutions. Mais nous avons le sentiment qu’on laisse Simon Compaoré « guerroyer » seul contre les commerçants. Nous souhaitons que l’ensemble des autorités politiques s’y impliquent davantage dans l’avenir. Qui n’a pas regretté ce qui s’était passé en 2003 ? Il y a donc quelque chose à faire. Le vendredi 5 novembre, les locataires de Rood Woko, comprenez les commerçants, avaient fermé leurs boutiques en signe de protestation contre la nouvelle matérialisation de la rue piétonne qu’ils avaient eux-mêmes détruite lors d’une précédente manifestation. Nous avons déjà écrit, nous avons beaucoup écrit sur Rood Woko. Nous avons dit aux autorités de la Mairie de Ouagdougou ce que nous pensons qu’elles devraient faire, ce qu’il fallait pour instaurer un climat de dialogue sain avec les occupants des lieux, les commerçants.

A ces derniers aussi, nous avons dit ce qu’ils devaient désormais adopter comme conduite pour éviter une répétition du sinistre de mai 2003. C’était en avril dernier, lors de la cérémonie de réouverture de Rood Woko à la fin des travaux de réhabilitation ou de réparation de cette importante infrastructure. Rood woko est un patrimoine de tous les Burkinabè et nul n’a le droit d’entraver son bon fonctionnement, encore moins de le dégrader d’une manière ou d’une autre. Les commerçants et leurs organisations syndicales, les autorités actuelles de la mairie, les acteurs actuels de cet incessant bras de fer doivent se dire qu’ils laisseront un jour la place à d’autres.

D’où vient-il que Rood woko est aujourd’hui le point de mire de l’actualité nationale. Soit les règles applicables à tout le monde sont mauvaises, et dans ce cas il faut les changer ; soit elles n’ont pas été établies de façon consensuelle, et il faut requérir plus de consensus. Mais il est hors de question que les responsables de Rood Woko, à quelque niveau qu’ils se situent, permettent que le désordre qui prévalait avant l’incendie de 2003 se réinstalle. C’est inadmissible. Et s’il se trouve aujourd’hui qu’il y a des personnes ou une catégorie de personnes qui pensent que le désordre et l’anarchie sont les conditions de la prospérité de leurs affaires, il faut les extirper sans ménagement. Les responsables doivent savoir ce qu’il faut faire d’eux. Nous avions écrit qu’avec les commerçants de Rood Woko, le maire Simon n’obtiendra rien par la force ou l’intimidation. Au contraire, tout est possible avec la sensibilisation, le dialogue, les échanges, la concertation, etc. Mais nous pensons qu’il est temps de tout faire pour permettre aux femmes et aux hommes qui veulent travailler honnêtement, de travailler. Les affaires ne riment pas avec le désordre et l’anarchie.

Sidzabda

L’Observateur Paalga

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