Actualités :: POPULATION BURKINABE : 26 millions d’âmes aujourd’hui
Le président du Tocsin, le professeur Albert Ouédraogo

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a convié les différents acteurs de la gouvernance démocratique, notamment les organisations de la société civile, les partis politiques et les médias le 28 octobre dernier au Pacific Hôtel pour débattre autour d’un thème d’actualité : le vote des Burkinabè de l’étranger. La conférence a été animée par le président du Tocsin, le professeur Albert Ouédraogo, et a été l’objet de nombreuses réactions et recommandations. Le conférencier révèle que nous sommes 26 millions de Burkinabè aujourd’hui.

L’extension du droit de suffrage aux Burkinabè résidant à l’extérieur est aujourd’hui une réalité juridique. La loi 019-2009 AN du 07 mai 2009 portant modification du Code électoral autorise désormais le vote de nos compatriotes installés hors du pays. La conférence que le professeur Albert Ouédraogo a livrée avec dextérité sur la question a permis de cerner la problématique sous deux angles au moins.

Le premier prisme à travers lequel on peut entrevoir cette loi tient au fait qu’elle constitue une avancée pour le système démocratique du Burkina Faso qui n’innove pas en la matière. Cependant de nombreux pays le pratiquent déjà depuis longtemps. C’est pour cela que les partis politiques et les organisations de la société civile la revendiquaient depuis longtemps. Les partis politiques seront désormais obligés d’avoir des représentants partout où il y a des Burkinabè ou collaborer avec des partis dans les pays d’accueil. Ces partis, redoutant les votes-sanctions dont ils peuvent être l’objet de la part des électeurs de l’extérieur pour avoir été indifférents vis-à-vis de leurs difficultés, seront alors obligés de changer leur fusil d’épaule.

Le vote de cette loi peut être le déclic permettant de définir, à plusieurs niveaux, des politiques des Burkinabè de l’extérieur. Les Burkinabè à l’étranger ou de l’étranger sont ’’des Burkinabè à part entière et non des Burkinabè entièrement à part’’. Le conférencier affirme sans détour que le nombre de Burkinabè hors du pays est à peu près égal à celui des Burkinabè résidant au pays. Si l’on fait la somme des 3, 5 millions de Burkinabè en Côte d’Ivoire, des 3 millions au Ghana, des 1,5 million au Soudan et de tous les autres installés au Mali, au Sénégal, en Afrique centrale, en Europe, aux USA et au Japon, Albert Ouédraogo assure que 13 millions de nos compatriotes sont à l’extérieur. Par conséquent, dit-il, les Burkinabè ne sont pas seulement 13 902 974 comme on le dit couramment, mais plutôt plus de 26 millions. Même s’ils sont partis du pays, la plupart par nécessité, ils sont comme ceux restés au pays et n’en demeurent pas moins des citoyens.

Ce sont des hommes et des femmes instruits ou illettrés ; des partisans du pouvoir comme de l’opposition, etc. Ils doivent contribuer au développement du pays sur les plans économique, social et politique. Pour ce faire, ils doivent être traités comme tous les Burkinabè et bénéficier des mêmes droits et des mêmes devoirs. Ils ne doivent donc pas être exclus du processus démocratique du pays. Du reste, beaucoup d’entre eux souhaitent revenir un jour, car ils sont partis à la recherche de moyens pour améliorer leurs conditions de vie. Ils ne souhaitent pas réster ’’en brousse’’ (weoogo en mooré) même ceux qui vivent à New York ou à Washington. La nouvelle loi leur donne désormais le droit de prendre part aux élections présidentielles et référendaires organisées à la maison. Comme le dit fort à propos un proverbe de chez nous, ’’lorsque la danse familiale s’exécute dans un plat, tout le monde doit y mettre son pied’’. Ceux-ci peuvent revenir à tout moment. La vraie terre ou patrie reste le village auquel de nombreux Burkinabè restent très attachés.

Mais à peine adoptée, la loi sur le vote des Burkinabè de l’étranger suscite de nombreuses interrogations au sein de l’opinion publique nationale. C’est le deuxième angle par lequel la nouvelle loi peut être cernée, après l’audition de la communication du conférencier. Comment mettre en oeuvre cette loi, qui dispose que les Burkinabè votent dans les ambassades et les consulats généraux, dans tous les pays quand on sait que tous n’ont pas la même concentration de Burkinabè ? A titre d’exemple, il n’y a que 15 de nos compatriotes au Japon avec une ambassade alors que dans certains pays, le nombre de Burkinabè est plus élevé et pourtant, il n’y a pas d’ambassade burkinabè comme c’est le cas au Soudan. D’après la loi, chaque bureau de vote devrait avoir au moins 800 électeurs ; ce qui n’est pas le cas partout à l’étranger.

De l’avis du conférencier, la nouvelle loi est donc lacunaire. Elle pose plus de problèmes qu’elle n’en résoud. Elle peut être à l’origine de diverses fraudes, tous les partis n’ayant pas les moyens d’avoir des représentants partout. Il estime qu’elle n’émane pas de la volonté des Burkinabè de l’extérieur, mais plutôt de ceux du pays. Albert Ouédraogo pense aussi que le droit qui a été concédé à nos compatriotes de l’extérieur ne sera pas bien exercé.

Qui trop embrasse, mal étreind. Le conférencier invite donc à revoir la copie de la loi car certaines étapes, de son point de vue, ont été sautées. ’’On a utilisé un bazooka pour abattre une mouche’’, ironise-t-il. A travers cette conférence, le CGD a donc offert l’opportunité aux différents acteurs de la gouvernance démocratique de débattre du sujet et de formuler des recommandations pour la mise en oeuvre efficiente et efficace du nouveau dispositif. Les débats qui ont suivi l’exposé du président du Tocsin étaient très enrichissants, vu la qualité des participants parmi lesquels des députés de l’Assemblée nationale, des membres de la CENI qui ont été quelque peu égratignés au cours de la conférence, des partis politiques, des organisations de la société civile comme le MBDHP, l’ABEPAM, le Tocsin, le CGD, des journalistes, etc.

Les participants, tout comme le souhaitait le CGD, initiateur de ces échanges, ont recommandé, entre autres, que les différents acteurs se concertent pour la mise en oeuvre de la loi à la faveur d’une réflexion sereine ; que les partis politiques se donnent tous les moyens pour conquérir le pouvoir et d’aller chercher les électeurs où qu’ils se trouvent ; d’ouvrir des ambassades dans les pays abritant un grand nombre de ressortissants burkinabè ; de résoudre les problèmes au fur et à mesure, car la première expérience aura certainement des couacs et il importe de travailler à combler les lacunes pour les futurs scrutins. Le CGD, dont l’objectif est de promouvoir le débat démocratique entre acteurs de la gouvernance en vue de déboucher sur la mise en oeuvre de recommandations visant à consolider la démocratie au Burkina Faso, a réalisé son ambition à travers l’organisation de cette rencontre.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

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