Actualités :: "Le Lion" sur la tombe de ses soldats :

Le 27 octobre est une date historique pour la ville de Koudougou. En effet, 11 soldats dont 6 officiers du Bataillon d’infanterie aéroporté (BIA) de Koudougou sont tombés sous les balles de leurs frères d’armes à cette date. Pour rendre hommage à ces suppliciés du 27 octobre 1987, le président de l’Union des partis sankaristes et l’ex- commandant du BIA, accompagnés d’une délégation de Bobo et des sankaristes de Koudougou sont allés se recueillir sur leur tombe le mardi 27 octobre 2009.

Les mains sur la tombe, le regard baissé, le geste de l’homme fort du BIA, est émouvant, car c’est la première fois qu’il y mettait les pieds. "Ce n’est pas facile". C’est le premier mot que Boukari Kaboré dit "Le Lion" a prononcé avant de faire le tour de la tombe. Après avoir lu des numéros matricules sur une plaque, "Le Lion du Boulkiemdé" a soutenu que le monument est muet. ‘’Il faut qu’on écrive les noms de ceux qui y sont enterrés. On les connaît. Il y a le lieutenant Kéré mon adjoint, Ki Berto, Sanou Jonas, etc". Il ne faut pas falsifier l’histoire, a-t-il martelé. Après le recueillement, "Le Lion", accompagné de quelques éléments, est allé déposer une gerbe de fleurs sur la tombe des suppliciés. Pour le président de l’Union des partis sankaristes (UPS), Joseph Ouédraogo, le cérémonial de dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe des martyrs du 27 octobre 1987 est une reconnaissance aux soldats qui sont tombés sous les balles de l’impérialisme international et de leurs valets locaux.

‘’Les 11 soldats qui ont été enterrés à la hâte laisse un sentiment amer pour les sankaristes. C’est pourquoi, nous sommes venus témoigner notre gratitude et tout le respect qu’on doit au sacrifice qu’ils ont consenti pour la défense de l’idéal de Sankara et à travers lui, les intérêts du peuple burkinabè. C’est un geste symbolique mais plein de sens’’, a-t-il confié. Certains sankaristes ne se recueillent plus sur la tombe des martyrs. Cet état de fait, selon le président de l’UPS, s’explique par le fait que certains se réclament sankaristes alors que leurs comportements et les actes qu’ils posent démontrent le contraire. ‘’Plus le temps passe, plus il y aura la décantation. Mais nous ne nous réclamons pas sankaristes plus que les autres", a déclaré le président de l’UPS avant d’ajouter que les sankaristes ne sont pas revanchards. Tout en reconnaissant les erreurs commises sous l’ère Sankara, Joseph Ouédraogo a dit que les sankaristes sont sincères et assument leurs erreurs. Il a cependant affirmé qu’il y a eu plus de choses positives que négatives pendant la période révolutionnaire.



"Il n’y a pas plus pacifiste que "Le Lion"

A l’issue du dépôt de la gerbe de fleurs, nous avons recueilli les sentiments de l’ex-commandant du BIA.

"Les sentiments qui m’animent, sont ceux d’une personne qui a perdu quelqu’un qui lui est très cher mais qui, avec le temps, se remet peu à peu de la douleur. Le site où se trouve la tombe des martyrs avait été retenu en son temps comme le lieu d’implantation du camp. On avait déjà fait les terrassements ; il restait le démarrage de la construction. Si je suis venu me recueillir sur la tombe des martyrs, c’est parce que l’attaque de Koudougou a eu lieu un mardi 27 octobre 1987 et nous sommes aujourd’hui un mardi 27 octobre. Les tueries qu’il y a eues le 27 octobre 1987 sont dues à des erreurs. On a simulé une rébellion à Koudougou et comme on est venu pour chercher le chef et qu’on ne l’a pas eu, on a tué ses éléments. Je pense que des erreurs se sont glissées dans l’opération même de ceux qui avaient la mission de cerner la ville de Koudougou. Ce qui est arrivé pouvait être évité. Il suffisait qu’on soit simplement sincère. Qu’est-ce qui a amené les tueries ?

C’est un coup d’Etat. On a dit initialement que le président voulait faire un coup d’Etat. Un président ne fait pas de coup d’Etat ; il arrête des gens. Il y a eu une mésentente et on est venu cerner Koudougou. Il faut qu’on accepte la différence. Nous les Burkinabè, nous refusons d’accepter la différence et c’est cela notre malheur. On ne peut pas faire de démocratie sans accepter la différence. C’est le refus d’accepter la différence qui a amené l’assassinat de Thomas Sankara. Il faut qu’on accepte que nous sommes tous des humains, mais qu’il y en a qui sont plus intelligents. Je suis venu pour la restitution de l’histoire pour éviter qu’on ne la falsifie. Comme vous le voyez, le monument qu’on a édifié ici ne porte aucun nom, alors que ce sont des citoyens burkinabè qui y sont enterrés. On ne peut pas aller dans un cimetière sans trouver des plaques sur lesquelles figurent les noms des gens qui y reposent. J’ai fait des observations, et c’est vraiment regrettable de constater de telles erreurs.

Il faut qu’on corrige cela et qu’on écrive les noms des victimes pour que leurs parents puissent venir aisément et librement prier pour le repos de leurs âmes. Les soldats qui sont enterrés ici sont 11 dont 6 officiers ; 4 titularisés et 2 élèves officiers à savoir Timothée Oubda et Abdramane Sakandé. On a aussi tué 7 de mes éléments à Bobo en plus du capitaine Sayogo, un an après les événements, soit au total 18 tués. C’est moi qu’on était venu chercher. Cela est lié certainement au fait que je faisais mon travail, celui d’assurer la sécurité du pays. On a estimé qu’en me laissant en vie, cela allait être dangereux. C’est une illusion des choses parce qu’il n’ y a pas plus pacifiste que "Le Lion". Je suis un vrai sankariste bon teint. 22 ans après, c’est long mais avec le pardon qui nous anime, nous laissons tomber mais nous n’oublierons jamais car oublier, c’est falsifier l’histoire. Ce que nous n’allons jamais faire. Ceux qui empêchent les gens de commémorer la mémoire de Sankara ont peur de son âme. On ne peut pas tuer quelqu’un et refuser qu’on fasse ses funérailles. Ce serait un double assassinat."

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA

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