Actualités :: Alain Jupé fait le bilan de son séjour à Ouagadougou

Du lundi 21 au vendredi 25 septembre 2009, Monsieur Alain Jupé a conduit une forte délégation d’élus, d’universitaires et de chefs d’entreprises bordelais dans le cadre des partenariats entre Ouagadougou d’une part, Bamako d’autre part, avec Bordeaux, une des villes françaises dont Alain Jupé est le maire. Nous vous proposons ce qu’il a publié dans son blog, une fois retourné au pays.

« Comme toujours dans mes voyages africains, l’accueil est chaleureux, enthousiaste, émouvant. Je sens que le courant passe, non seulement entre les responsables africains et nous, mais aussi avec les petites foules qui viennent nous saluer. C’est sans doute le tempérament africain qui s’exprime, et la tradition d’hospitalité, par exemple dans le chant des griots qui scandent le nom du visiteur : “Alain Juppé, Alain Juppé !”. Mais je perçois autre chose : une vraie sympathie, avec, à l’arrière-plan, la référence à De Gaulle, au gaullisme, à Chirac à qui mon nom est automatiquement associé. Amour partagé de l’Afrique.

Il n’y a pas que la fête ! Ouaga vient d’être dévastée par de terribles inondations. Des dizaines de milliers de personnes sont sans abri car leurs fragiles maisons de pisé ont fondu sous la pluie. La municipalité les a relogées provisoirement dans les écoles. Mais la rentrée scolaire approche. Mon collègue Simon Compaoré, maire de Ouaga, est sur la brèche : il fait installer des tentes où seront accueillies les familles sans abri. Dans un des quartiers les plus touchés, des dizaines d’enfants assis en rond nous attendent. Ils sont calmes, souriants. Mais, par moments, leur visage se voile de gravité, presque de tristesse. Pauvreté. Partout. Au quartier général des pompiers, au PC de la police municipale, les équipements de base manquent. Chez nous, nous réformons des véhicules en parfait état de marche, qui partent à la casse. Il faut en expédier ici, comme nous l’avons fait, il y a quelques années, pour plusieurs bennes à ordures. La ville pauvre, tout est à faire : le pavage des rues, la construction de caniveaux, l’adduction d’eau… Bonheur de cette famille à laquelle nous rendons visite et qui nous montre avec fierté le petit lavoir qui vient d’être installé dans sa cour.

La vie quotidienne des femmes en est changée ; et les moustiques se font plus rares, il y a donc moins de risques de malaria. Avec peu, on fait beaucoup. J’aimerais annoncer plus. Le centre de référence mère-enfant dont nous rencontrons les responsables et qui pratique des dizaines d’accouchements chaque jour, nous parle de son projet d’extension : il leur faut … 72 000 euros. Je m’engage à en apporter une partie, si les autres partenaires contribuent, et si le conseil municipal de Bordeaux me suit.
Et malgré tout, une formidable espérance. Je m’adresse à plusieurs centaines d’étudiants réunis dans le grand amphi de l’université de Bamako. Je leur parle crise et mondialisation, G G20 et régulation de la finance mondiale. Mais qui parle pour eux au 20 ? Et en quoi l’encadrement des bonus des “traders” les concerne-t-il ?
L’Afrique sera-t-elle le continent émergent du XXIe siècle ? Je veux le croire. Elle en a les moyens. La richesse de son sol (et de son sous-sol). La force de ses structures sociales et familiales. Sa relation avec son environnement naturel, plus intime et respectueuse que sous d’autres cieux. Et son capital humain.

Au risque de provoquer, j’affirme que le dynamisme démographique est à la fois un défi (comment donner du travail à tant de jeunes ?) et une chance : tous les pays en déclin démographique ont, dans l’histoire, connu le déclin tout court ; tous les pays jeunes et nombreux ont progressé. Je comprends qu’il faille une bonne dose d’optimisme pour garder confiance en l’avenir dans des pays confrontés à tant de redoutables problèmes. J’ose dire aux étudiants qui pointent du doigt les inégalités et les injustices que personne d’autre qu’eux-mêmes ne surmontera l’obstacle, que les solutions sont entre leurs mains, par exemple la lutte contre la corruption qui pourrit tout, y compris l’aide venue du Nord. Il reste que si nous, Nations et peuples riches, ne menons pas bataille pour réduire l’écart, le monde ne trouvera pas la paix. Ce n’est hélas ! pas ce que nous faisons.
Quel décalage entre les promesses (on se souvient des “Objectifs du Millénaire pour le Développement”, proclamés solennellement en 2000 aux Nations Unies), et la réalité de l’aide, qui régresse, y compris la nôtre.
La coopération décentralisée, c’est-à-dire les partenariats et jumelages entre villes, apporte une petite bouffée d’oxygène".

Alain Juppé

Sidwaya

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