Actualités :: A chacun son septembre

Une bénédiction désastreuse. Voilà une antinomie bien illustrative du déluge auquel quatre pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal) ont dû faire face ces temps-ci. Aux inquiétudes d’une pluviométrie capricieuse cette année, ce sont des crues d’une rare violence qui ont entraîné des dégâts matériels et des pertes en vie humaine sans précédent.

Les trombes d’eau d’une puissance de 263 millimètres qui ont attaqué la capitale burkinabè pendant dix heures ont inscrit la date du 1er-Septembre dans les annales des souvenirs douloureux du pays. Le bilan du sinistre est effarant : 9 morts, 25 000 maisons détruites, 150 000 sans abri, 110 sites d’accueil, 70,2 milliards FCFA de besoins. Jamais le peuple burkinabè n’a été aussi ébranlé dans sa quiétude. Face au drame, il a su démontrer pour l’une des rares fois, sa capacité de cohésion et d’unité nationales pour relever le défi humanitaire sans doute le plus grand de son histoire.

Ne dit-on pas dans le terroir africain que “quand une honte s’empare de la famille, ses membres doivent taire un tant soit peu leur querelle et sauver l’honneur de tous ?”. L’appel à la compassion et au secours du chef de l’Etat n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Outre l’apport salvateur des plus nantis de la Nation, même des villages et la diaspora ont cotisé pour porter secours au grand Ouagadougou à l’image “d’un lion pris dans les filets et réclamant l’aide de la souris pour le tirer d’affaires”. Sinistre coïncidence, deux des plus grands drames au Burkina Faso (l’incendie de Rood Woko, 27 mai 2003 et les inondations du 1er-Septembre) sont survenus un mardi … “noir”. Toutes proportions gardées, comme le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et le 19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire, les centres névralgiques du pays ont été atteints. Le plus grand hôpital, la Cinémathèque africaine, la station de pompage d’eau potable de Paspanga , la Centrale électrique Ouaga I, les hôtels de Finances, la Direction générale des transports terrestres et maritimes, des infrastructures routières et immobilières … sont autant de sites significatifs abondamment inondés.

La mobilisation tous azimuts des Burkinabé a été sans doute le catalyseur de l’écho international. L’élan patriotique a probablement ému la communauté internationale dont le prompt concours inestimable a aidé à colmater les brèches. La pluie diluvienne sur la capitale burkinabé a surtout mis en exergue la solidarité africaine. Abidjan, Alger, Bamako, Cotonou, Niamey, Rabat … l’UEMOA ont promptement apporté leur contribution pour soulager une détresse nationale voisine et communautaire. Catastrophes naturelles, aléas ou changements climatiques… Les Burkinabè ont compris à travers le 1er-Septembre que les inondations, les ouragans, les typhons et les Tsunami n’arrivent pas qu’aux autres. Aussi naturelle et imprévisible que cette pluie diluvienne ait été, elle n’en demeure pas moins révélatrice d’une urbanité précaire. Il manque crucialement une culture citadine à de nombreux habitants des villes africaines. Si le peu de caniveaux existants n’ont pas été bouchés par eux-mêmes, les eaux se seraient trouvées un passage et n’auraient pas été si méchantes.

Une autre imagination des plans d’urbanisation s’impose pour limiter dorénavant les dégâts. Bamako et Ouagadougou ont pu mesurer la faiblesse de leur réseau d’égouts. La plupart des cités africaines sont restées en réalité de gros villages où le centre-ville a une embellie et un aménagement flatteurs tandis que la périphérie témoigne d’ une insalubrité très répugnante et d’un assainissement inexistant. L’habitat précaire, les installations anarchiques (les fameux non lotis), le non respect de la réglementation en matière de construction, l’absence de caniveaux … ont considérablement accentué la furie des eaux.
Le drame du 1er septembre s’est enrichi d’un laxisme et d’une démission dans l’aménagement de la cité. S’installer, bâtir et vivre comme l’on veut en ville sont des comportements attisseurs de catastrophes naturelles. L’effondrement simultané de deux immeubles à Ouagadougou en août dernier apparaît aujourd’hui comme une prémonition de ce désordre urbain.

Les Burkinabé ont certes dignement pris les devants pour surmonter une épreuve qu’aucune prouesse humaine ne pouvait éviter. Mais au-delà de l’émotion et de la compassion, il faut avoir le courage de tirer les leçons, instaurer une éducation urbaine en apprenant à la population que, malgré l’impossibilité d’arrêter une catastrophe naturelle, son comportement et son action peuvent contribuer à limiter les dégâts. La conception futuriste et adaptée des ouvrages ainsi que la responsabilité engagée de leurs constructeurs doivent impérativement s’inscrire dans cette vision. Cela permettra de résoudre certaines inconnues des équations si difficiles, posées par les catastrophes naturelles. Le développement durable passe par une prise de conscience devant une nature révoltée contre son principal destructeur, l’homme.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

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