Actualités :: Inondations à Ouagadougou : Dédommagement des sinistrés : “Les Burkinabè n’ont (...)
Abdoulaye Touré

L’étendue du sinistre enregistré par les Ouagavillois, particuliers, structures privées comme étatiques est colossale. La grande inconnue, c’est comment réparer les dégâts, où trouver les moyens de sorte à reloger les milliers de personnes frappées par le désastre et reconstruire les nombreux ouvrages détruits. Ailleurs, on a recours à l’assurance pour transférer la charge de réparation du risque lorsque celui-ci se réalise. Ce ne sera malheureusement pas le cas pour les milliers de sinistrés, pour la simple raison que l’écrasante majorité d’entre eux n’ont pas recours à une couverture de risques. Pour évoquer la question, nous avons rencontré M. Abdoulaye Touré, cadre d’assurance, agent général à AGF/Burkina – Agence Bataille du rail.

Sidwaya (S.) : La pluie du premier septembre dernier a occasionné d’importants dégâts matériels dans la ville de Ouagadougou. En tant qu’assureur, quelle appréciation faites-vous de la particularité de l’événement et de ses conséquences ?

Abdoulaye Touré (A.T.) : Ainsi que l’a souligné la presse, c’est une situation exceptionnelle qui a causé beaucoup de dommages. C’est un événement soudain, imprévu, parce que même si la météo arrivait à prévoir la pluie, elle ne pouvait pas nous dire exactement combien de millimètres d’eau on pouvait enregistrer. C’est un événement que personne ne pouvait maîtriser.

S. : En ce sens, et en le rapportant à votre domaine, a quoi avez-vous pensé quand vous avez mesuré l’ampleur de la catastrophe ?

A.T. : J’ai tout de suite pensé à plusieurs choses à divers niveaux : d’abord en ce qui concerne les particuliers qui ont perdu des bien meubles et immeubles, à savoir des véhicules, des maisons d’habitation, des magasins, des boutiques, etc. toutes choses qui auraient pu faire l’objet d’une assurance. En ce sens je parle autant de l’assurance au niveau des particuliers, des commerçants, que de l’Etat. Bien que, comme on le dit, l’Etat est son propre assureur, il aurait pu assurer certains ouvrages, comme tous ces ponts qui ont été endommagés. Les ouvrages publics de grande importance peuvent être assurés par l’Etat. Tout est question d’approche. L’Etat peut très bien prendre ce type de couverture pour ne pas toujours être seul à supporter les dommages d’une telle envergure.

S. : Pouvez-vous revenir sur la notion d’assurance et de risque pour nous éclairer davantage ?

A.T. : Une assurance est un service qui fournit une prestation lors de la survenance d’un risque. Elle est une opération par laquelle une personne physique ou morale appelée assurée, se fait promettre une prestation, moyennant le versement de la “ prime ”, en cas de réalisation d’un risque, par un assureur. Ce dernier prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique. Le risque est un événement aléatoire, incertain dans sa réalisation et qui, lorsqu’il se réalise comporte des dommages. Dans la situation que traverse le Burkina Faso aujourd’hui, on peut parler de réalisation d’un risque : l’inondation qui a entraîné beaucoup de dommages.

S. : Depuis la survenue des inondations, est-ce que vous avez reçu des déclarations de sinistres de la part de vos assurés ?

A.T. : Oui. Nous avons été approchés par pas mal de nos clients. Au niveau de mon agence, j’ai été contacté par quelques personnes qui avaient assuré leurs magasins et nous avons engagé des démarches pour évaluer l’ensemble des sinistres pour les apporter une assistance.

S. : Les Burkinabè ont-ils l’habitude de contracter ce type d’assurance ?

A.T. : Malheureusement, les Burkinabè n’ont pas l’habitude de faire assurer leurs biens. Le problème se situe à plusieurs niveaux. Au niveau des populations, il y a le problème de moyens. Ça peut être dû aussi à une simple négligence. Au niveau des assureurs, il y a un problème de communication. Au niveau des autorités, il faut qu’on se donne la main afin que l’assurance puisse être vulgarisée, connue de tous.

S. : En nous plaçant dans ce contexte de sinistre généralisé, qu’est ce que les uns et les autres auraient dû faire pour bénéficier d’une assistance ?

A.T. : La première condition qu’il fallait remplir, c’était d‘être assuré. Lorsqu’on a des biens, il faut les protéger. Ce qu’il fallait envisager, c’est d’approcher une compagnie d’assurance pour souscrire à une assurance, laquelle couvre les risques listés dans une police d’assurance.

S. : Lorsque le risque est réalisé, quels sont les démarches que l’assuré doit entreprendre pour bénéficier d’une assistance ?

A.T. : Dès que l’assuré est victime d’un sinistre, il doit, dans un premier temps, œuvrer à limiter les dégâts. Par la suite, il doit donner l’information à l’assureur, de préférence par écrit, en indiquant la date, les circonstances, les causes, l’ampleur des dommages, et le plus tôt possible. S’il y a lieu, et en fonction de la nature du sinistre, il faut informer les autorités administratives, policières, etc.

S. : Dès lors que l’assuré accomplit tous ces actes, est ce que l’indemnisation est immédiate ?

A.T. : Non, puisque l’assureur peut lui demander d’estimer financièrement les pertes, les dommages. Par la suite, il va mandater un expert pour vérifier les informations communiquées par l’assuré et évaluer le montant des dégâts. Lorsque l’expert dépose les résultats de ses investigations, et si la garantie est acquise, l’assureur dédommage son client. L’engagement de l’assureur se limite aux dégâts subis et conformément aux clauses du contrat. Cela veut dire que lorsque que l’on est assuré à 10 millions et qu’on a un dommage de 50 millions, l’assureur ne peut vous dédommager qu’à hauteur de 10 millions.

S. : Au regard des problèmes que les gens ont aujourd’hui et toute la difficulté de les résoudre, on se demande pourquoi il y a des assurances obligatoires et d’autres facultatives ?

A.T. : C’est vrai qu’il y a des assurances rendues obligatoires du fait de la législation burkinabè. Il y a principalement l’assurance de la responsabilité civile automobile, qui est une assurance routière. Elle a été rendue obligatoire parce que le législateur estime que lorsque l’ont met votre véhicule en circulation, l’on constitue un danger pour les autres. C’est pour permettre de pouvoir faire face aux éventuels dangers que cette assurance a été rendue obligatoire.
Il y a aussi l’assurance des marchandises à l’importation qui fait l’objet d’une obligation. Depuis quelques temps, les assureurs ont pris les devants pour que l’assurance sur la construction entre dans ce cadre. Un projet de loi a été élaboré et proposé afin que les constructeurs soient assujettis à cette assurance. Les récents effondrements d’immeubles en construction et les dommages que cela a causés nous donnent la mesure des dangers que l’on peut encourir en la matière. Pour le reste, c’est une question de décision individuelle et libre. Il faut que les gens sachent qu’ils ne sont pas à l’abri des événements naturels. Ils doivent prendre des dispositions pour se prémunir des situations graves et sans issue. Parmi toutes les dispositions à prendre, il y a l’assurance.

Propos recueillis par Hortense ZIDA et Emmanuel SAWADOGO
(Stagiaire)

Sidwaya

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