Actualités :: Bangr-wéogo : 350 crocodiles manquent à l’appel

Le poumon écologique de la capitale, le parc urbain Bangr-wéogo a été également envahi par les eaux. Infrastructures immergées, mares débordantes, une grande partie de la flore emportée et sa faune fortement endommagée, le spectacle était désolant au cours de notre visite du parc, le mercredi 2 septembre 2009. Parmi les animaux du parc, entraînés par le fort courant, figurent les 350 crocodiles qui y vivaient.

A la vue de l’eau stagnante dans le canal traversant l’université de Ouagadougou, rempli à ras bord, et de la clôture Est du parc urbain Bangr-wéogo, défoncée et flottant au-dessus des eaux qui baignent les plantes tout le long de la route de Fada N’Gourma ; on se doute bien que le poumon écologique de la ville compte parmi les sinistrés du déluge du 1er septembre dernier.

Pourtant, l’enceinte de l’administration du parc pourrait faire penser le contraire. En effet, bien que des flaques d’eau témoignent un peu partout du passage des eaux, la guichetière est bel et bien à son poste, discutant avec un petit groupe de collègues. Seul, un véhicule 4x4 spécialisé, à l’entrée, tranche avec l’apparente quiétude des lieux. On nous informe que le directeur du parc est en tournée d’inspection à l’intérieur. Un de ses collaborateurs s’improvise guide.

Demi-tour donc, direction la seule porte d’entrée quelque peu épargnée située sur la route de Kaya. Chemin faisant, la situation du parc donne un spectacle des plus édifiants. De par le bruit que produit le ruissellement du contenu du barrage n°3 vers l’intérieur du Bangr-wéogo, on imagine aisément la quantité importante d’eau qui est en train de s’écouler. De ce côté également, la grille a été emportée par le courant. La porte d’entrée donnant sur la mairie de Nongr-Massom est complètement inondée, de même que la buvette à gauche.

Des badauds, au bord de la voie, observent la grande retenue d’eau qui s’y est formée au-dessus de laquelle pendent les portes arrachées. Nous arrivons à pénétrer dans l’espace, par l’entrée sise après Faso-parc et faisant face au quartier Somgandé. Dedans, il y a des flaques d’eau partout. Par endroits, des empreintes d’animaux sont décelables dans la boue. Mais d’espèces animales, on en voit point.

Exception faite des paons qui vont et viennent paisiblement dans leur "triangle" dont le gazon a été littéralement couché par le ruissellement des eaux. Un fait est marquant : on n’entend plus aucun cri d’animal à travers les arbres. Plusieurs panneaux d’indication ou d’avertissement ont été déterrés et les herbes sont couchées.

Non loin du rond-point, un 4x4 blanc est garé. Une bonne quinzaine d’agents du parc sont en pleine tournée de constat des dégâts en compagnie du directeur Moustapha Sarr. Ils observent le sentier menant au "parc des sports", le long de l’étang aux crocodiles qui est sous les eaux. La digue, qui fait à peu près 2 m, a été engloutie.

L’endroit est désert. Où sont donc passés les crocodiles que l’on pouvait apercevoir à cet endroit, se reposant sur les bords ? "Ils ont été emportés par le courant, répond Moustapha Sarr. Pourtant, le dernier recensement de cette espèce évaluait leur nombre à 350".

Pour l’instant, on ne sait pas s’ils sont toujours à l’intérieur, au niveau de la clôture Est ou s’ils ont été amenés hors de l’espace". Le problème de leur recherche se pose donc avec acuité compte tenu du fait qu’une bonne partie du parc zoologique et du bar-restaurant est inondée.

Toutefois, les agents s’y attellent et ils ont pu récupérer à l’aide de cordage et de filet, environ 7 autres espèces d’animaux. On dénombre également 5 cadavres découverts : "on ne compte plus les lièvres et les espèces de rats qui ont été emportés. La plupart de l’espèce aviaire s’est naturellement envolée. On nous a signalé un animal emporté hors du parc et selon sa description, il semble que c’est un coba, en attendant qu’on aille le récupérer".

Le premier responsable de Bangr-wéogo nous raconte leur journée du 1er septembre dernier, au cours de laquelle ils ont dû pénétrer dans le parc sous le coup de 15h pour sauver les animaux qui pouvaient l’être et surtout chasser des visiteurs, téméraires ou inconscients qui tenaient malgré tout à rester. Dans la soirée, l’enceinte était inaccessible tant elle regorgeait d’eau. Pour des raisons de sécurité, le parc est d’ailleurs fermé jusqu’à nouvel ordre.

Le silence de l’administration après ces dégâts s’explique, selon Moustapha Sarr, par le fait que face à l’ampleur des dégâts, en général, celle-ci a préféré compatir aux pertes en vies humaines, aux dommages matériels et aux chocs émotionnels occasionnés : "Dans ce genre de situation, d’aucuns trouvent anachronique le fait qu’on se mette à parler de la nature, de l’environnement, des animaux, des plantes, etc.

Cependant, ce qu’il faut savoir, c’est que Bangr-wéogo demeure le point de convergence des eaux de plusieurs quartiers comme Tanghin, Kossodo, Wemtenga, Zogona et du barrage n°3. Ces eaux croisent le reflux venant du secteur 27 (Wayalghin) et le tout s’écoule vers le pont de Nayélé".

Pour lui, il reste donc primordial de peaufiner l’œuvre qu’ils ont entreprise en collaboration avec le ministère de l’Urbanisme et qui vise la maîtrise de la canalisation de l’ensemble de ces eaux de ruissellement. Pour l’heure, Moustapha Sarr se montre pessimiste, désolé par l’inondation de son parc : "Dans l’immédiat, je n’ai aucune perspective en dehors non constat et de ma lamentation. Dans tous les plans de secours, on ne parle pas du parc. Nos besoins sont pourtant criards car on manque de moyens pour, entre autres, réhabiliter urgemment la clôture, refectionner nos infrastructures et procéder au curage de l’eau".

Il n’a pas perdu son humour pour autant : "De toute façon si on nous signale des crocodiles à l’université par exemple, et que nous n’avons pas les moyens de nous y rendre, on se verra alors obligé de suggérer qu’on les inscrive dans l’une des facultés". Ambiance.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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