Actualités :: France : La maison des étudiants ouest africains cherche propriétaire

Des dizaines d’ouest africains qui résident dans la Maison des Etudiants des Etats de l’Afrique de l’Ouest (MEEAO) à Paris pourraient se retrouver dans la rue. Ce bâtiment situé au 69-71 boulevard Poniatowski fait l’objet d’une procédure de retrait de la part des autorités municipales. Le Benin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal à qui appartiennent légalement l’immeuble ont abandonné la gestion de leur patrimoine depuis 1974. Un désordre règne présentement dans ce bâtiment occupé par des ressortissants des pays sus cités. Les autorités municipales du 12e arrondissement considèrent que l’immeuble est dans un état insalubre et dangereux pour les résidents.

Pire, les Etats concernés ne se sont pas manifestés depuis plusieurs années en tant que propriétaires à travers le payement des taxes foncières. Des arguments utilisés par la mairie en janvier 2008 pour entamer une procédure de retrait du bâtiment dans le cadre de sa politique de résorption de l’habitat insalubre et dangereux.

Conçue pour abriter 120 personnes, le bâtiment accueille actuellement pas moins de 172 personnes, des travailleurs pour la plupart. C’est en 1950 que l’AOF (Afrique Ouest française) a acquis le bâtiment pour loger les élus représentant les territoires d’Afrique de l’Ouest. L’immeuble est devenu une Maison des étudiants à partir de 1960 quand les Etats ont pris leur indépendance. Un conseil d’administration composé des représentants des ambassades des 7 pays concernés et des associations d’étudiants fut mis sur pied pour gérer le bâtiment. Malheureusement, pour des raisons politiques, les Etats se retirent de la gestion du bâtiment et laissent la Féderation des Etudiants de l’Afrique Noire en France (FEANF) seule organiser la gestion. Un bâtiment qui était devenu le siège de la FEANF. Les Etats parviennent en 1980 à faire dissoudre la FEANF jugée trop subversive. C’est à partir de ce moment que les vrais problèmes ont commencé. Les conditions d’admission ne sont plus respectées. Le désordre s’installe petit à petit. La mise sur pied d’un comité de défense en 2001 n’a pu arrêter le désordre. Les difficultés n’ont pas cessé de croitre. Malgré les multiples démarches du comité de défense, les Etats copropriétaires de l’immeuble ne se sont plus réellement impliqués dans la gestion de leur patrimoine.

C’est ainsi qu’en 2008, la mairie du 12e arrondissement entame une procédure de "bien sans maitre" pour retirer le bâtiment. Cela intervient à un moment où le comité éprouve des difficultés pour faire face aux charges courantes du bâtiment qui s’élèvent à 19 000 euros le mois contre 11 000 euros de recettes. Les Etats ont suspendu leurs subventions depuis 1974. Une augmentation du loyer est prise à l’issue d’une assemblée générale en avril 2008 pour faire face aux charges. Le comité de gestion tente d’organiser les résidents pour sauver le bâtiment. Mais voilà, le comité n’ayant pas mandat de la part des Etats copropriétaires pour gérer le bâtiment, un grand nombre de travailleurs refusent cette augmentation et à ce jour personne ne paie le loyer. Conséquence, les factures impayées se multiplient et les avertissements des sociétés prestataires d’eau et d’électricité aussi. Le comité de gestion multiplie les rencontres avec les chancelleries ouest africaines plus réceptives aux préoccupations des résidents comme l’ambassade du Sénégal pour trouver une solution. En mars dernier, suite à une descente du maire de l’arrondissement avec un contingent de policiers sur la maison, le président sénégalais, Abdoulaye Wade qui était en visite à Paris est informé. Wade interpelle les autorités françaises sur la question et proteste contre les tentatives de spoliation.

Les ambassadeurs des 7 pays concernés se sont réunis autour du président sénégalais en juillet passé pour envisager des solutions aux problèmes du bâtiment. Il semble que tous les pays ont donné leur accord de principe pour s’impliquer désormais dans la gestion du patrimoine. Mais certains pays trainent toujours le pas. Tous les pays n’ont pas les mêmes intérêts sur la question. Le bâtiment qui était censé accueillir les étudiants des pays ne compte pas plus d’une dizaine d’étudiants sur les 172 résidents. Les conditions d’admission ne sont plus respectées. L’immeuble était pourtant devenu une résidence pour les étudiants non boursiers des pays qui arrivaient en France par leurs propres moyens. Pour le moment, c’est le Sénégal qui semble véritablement s’engager pour que le bâtiment reste la propriété des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Depuis la rencontre avec le président Wade, rien n’a bougé fondamentalement. Même si la mairie semble battre en retrait sur sa procédure de retrait suite aux protestations des 7 pays concernés en juillet, les problèmes demeurent. Les factures d’eau et d’électricité s’accumulent. La maison doit près de 40 000 euros (environs 26 000 000.f CFA) à Electricité de France (EDF) et plus de 8000 euros. Ce que le comité de gestion redoute présentement, c’est l’arrêt des prestations par les sociétés de distribution d’électricité et d’eau. Si une telle situation se produisait, ce qui est probable, la maison sera considérée comme étant en état d’insalubrité, de péril et en pareilles circonstances, tous les résidents sont vidés. Un scenario qui hante actuellement le comité de gestion confronté au refus de certains travailleurs immigrés de payer le loyer et le silence des pays copropriétaires. Pourtant, les problèmes pourraient trouver des solutions si le comité des résidents a un mandat de la part des Etats pour agir sur la gestion du bâtiment avec l’implication des pays copropriétaires. La MEEAO est un bâtiment bien connu par de nombreux anciens militants de la FEANF et d’autres personnalités qui sont passés par là. Houphouët Boigny, Léopold Sédar Senghor, Hubert Maga et autres y ont séjourné.


Où se situe le Burkina dans cette affaire ?

Le Burkina Faso ferait partie des pays qui ne s’échinent pas pour la défense du bâtiment. Lorsque la mairie a entamé la procédure de retrait du bâtiment, le comité de gestion a lancé un appel aux pays pour qu’ils se manifestent devant les autorités municipales et dire que le bâtiment est bel et bien de leur propriété. Le Burkina n’a pas répondu à cet appel. La maison abrite le siège de l’AEBF (Association des Etudiants Burkinabè en France), une section de l’UGEB (Union générale des Etudiants Burkinabè). La maison est donc considérée comme un laboratoire de formation syndicale et le lieu où se mènent des "activités subversives". L’AEBF participe activement avec le comité de gestion aux actions pour protéger le patrimoine et pour l’implication des Etats dans la gestion de la bâtisse. Le président de l’AEBF, Issa Sory et un autre militant ont même passé une bonne partie de la journée du 1er aout en garde à vue avec 5 membres du comité de gestion, suite à un incident survenu la veille dans la maison. Une malienne s’est permise de défoncer la porte de la chambre d’un étudiant burkinabè et le comité était allé lui notifier de quitter sans succès.

M Z

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