Actualités :: Ramadan : Cette année, le sucre aura un goût amer

Le ramadan est là. Une période de grande piété et de sacrifice de soi. Paradoxalement, c’est pendant cette période qu’on connaît au Burkina un renchérissement de certains produits de première nécessité. Quelles différences avec certains pays comme le Niger où l’Etat, en complicité avec les opérateurs économiques nationaux, ont signé une convention pour revoir à la baisse le prix de ces marchandises ! Nous avons, pour cela, fait le tour de la ville de Ouagadougou, le mardi 18 août 2009, et notre constat est édifiant : pour beaucoup de commerçants, c’est une course effrenée vers la recherche de gain.

En attendant la confirmation de la Commission d’observation de la lune qui a siégé depuis hier, jeudi 20 août, c’est en principe ce week-end que débute sur l’ensemble du territoire national le jeûne musulman. Appelé encore ramadan, ce mois lunaire de 29 ou 30 jours est une période au cours de laquelle tout musulman doit cultiver un certain nombre de valeurs qui sont le pardon, la solidarité et le partage. C’est également un moment d’abstinence. Le fidèle devra se démarquer des regards suspects, des propos malveillants et se priver de nourriture pendant un temps bien déterminé ; bref, il doit se départir de tout comportement allant à l’encontre des prescriptions du Saint Coran.

Le mois de ramadan, c’est aussi une période de grande consommation alimentaire, notamment le riz, la bouillie, les fruits, les dattes, les jus et surtout le sucre. Parlant de cette dernière denrée, c’est le moment propice pour certains grossistes, comme Tidjani Sawadogo, dont le commerce est implanté non loin de la grande mosquée de Ouagadougou, de s’approvisionner parce qu’il y a de bonnes affaires à faire durant ce mois lunaire. Mais comme on a l’habitude de le dire, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

A ce sujet, quelques jours avant que nous ne fassions ce reportage, nous sommes tombés sur une conversation entre deux personnes sur la hausse du prix du sucre. Et l’un d’eux de demander à son ami : « Comment allons-nous faire avec l’augmentation du prix du sucre ? ». En effet, depuis un certain temps, les rumeurs courent que le prix du sucre connaît une flambée. Pis, cette denrée se fait rare dans les grands magasins de la capitale. Pour s’en convaincre, notre équipe s’est rendue dans la matinée du mardi 18 août dans quelques lieux de vente de ce saccharose.

« Y a pas sucre »

Notre premier point de chute est le secteur 10 (Larlé). Un constat général nous fait remarquer l’absence de sucre dans la plupart des magasins que nous avons visités. En nous renseignant sur cet état de fait, la principale réponse qui nous est lancée est : « y a pas sucre » ; et pourquoi ? silence radio. A Sankariaré, scénario presque identique à l’exception d’une oreille attentive qui a bien voulu répondre à nos questions.

Ousmane Dera, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est grossiste. Dans son magasin on vend du sucre bien évidemment, mais aussi du riz. Il attend toujours sa commande ; « Mon camion est parti pour Banfora pour me ramener du sucre voilà 4 jours et il n’est toujours pas de retour », se plaint-il. Moustapha Zongo, détaillant, est dans le désarroi : « Les grossistes auprès de qui j’ai l’habitude de m’approvisionner n’ont pas de sucre.

Le plus grave, c’est qu’ils ne me donnent pas d’explication convaincante. Peut-être que la SOSUCO a des problèmes », déclare-t-il. A en croire ce dernier, l’unité sucrière de Bérégadougou aurait de sérieux problèmes. La preuve, dans une déclaration des organisations syndicales de la Comoé parue dans notre édition du mardi 18 août dernier, « le champ et l’usine ont tous deux des difficultés à sortir 30 000 tonnes de sucre, vu la vétusté du matériel, alors que les besoins nationaux sont estimés à 50 000 tonnes ».

Les commerçants qui ont accepté de s’ouvrir à nous ne sont pas allés du dos de la cuillère. Tous sont unanimes que le prix du sucre a connu une hausse. Tenez-vous bien ! « Le kilogramme du sucre granulé s’achète actuellement à 500 F CFA au lieu de 450 F CFA et le paquet du sucre en carreaux à 650 F CFA au lieu de 600 F CFA, il y a environ un mois », nous confie un détaillant qui a préféré garder l’anonymat. Et son voisin d’en face d’ajouter : « Nous achetions le sac de sucre de 50 kg à 21 000 F CFA.

Aujourd’hui, il tourne autour de 24 000 F CFA ». Dans notre tournée, nous sommes tombés sur un déchargement de sucre à proximité de la grande mosquée de Ouagadougou. Au cours des échanges avec le responsable de la marchandise, un grossiste, il nous confie qu’il achète la tonne de sucre à 600 000 F CFA. Pour avoir une idée claire sur la question du sucre, nous sommes entrés en contact avec la source d’approvisionnement à Bérégadougou (SN-SOSUCO).

370 000 F CFA la tonne

Nous avons joint par téléphone le responsable du service commercial de la SN-SOSUCO, Sékou Oumar Bamba. C’est avec bon cœur qu’il s’est prêté à nos questions (lire encadré). Le responsable commercial est catégorique : « Il n’y a pas de pénurie de sucre dans la mesure où nous disposons d’un stock très important… Il y a deux ans, nos granulés se vendaient à 440 000 F CFA la tonne et il y a un an déjà, nous avons ramené le prix du sucre à 370 000 F CFA la tonne. Jusqu’à l’heure actuelle, nous n’avons pas ajouté le moindre centime sur le prix du sucre ». Si quelqu’un doit payer les « pots cassés » de cette flambée des prix du sucre, c’est assurément le consommateur, particulièrement le fidèle musulman qui, en ce mois béni de ramadan, devra débourser un peu plus pour s’acheter le sucre.

Quelques fidèles que nous avons rencontrés ne cachent pas leur amertume face à cette hausse des prix. « Si l’augmentation des prix de cette denrée a une justification, nous n’en disconvenons pas. Mais aucun motif ne justifie cette augmentation ; nous demandons alors aux commerçants de ne pas se prêter à ce jeu », avertit l’Imam El hadj Aboubacar Karamenta, membre de la communauté musulmane du Burkina.

Ce qui est clair, c’est que ce sont les commerçants qui créent cette pénurie pour des intérêts égoïstes alors que la tendance dans les pays voisins est de baisser les prix en cette période bénie, comme c’est le cas au Niger. Pour El hadj Boubacar Koanda, le problème de la hausse des prix se trouve du côté des pouvoirs publics. « Il faut que les autorités essaient de baisser les taxes », dit-il. A coté de ces personnes, cette crise du sucre est aussi ressentie chez les vendeuses de jus : gingembre, bissap, zom-koom, dèguè… Kady Sanogo fait partie de ce lot.

Elle a saisi l’occasion pour déverser sa colère sur ses fournisseurs. « Ces gens-là ont une pierre à la place du cœur. En l’espace d’une semaine, ils ont fait grimper le prix du sucre. Ils veulent que nous arrêtions de vendre, mais nous ne céderons pas », a-t-elle fustigé. Ainsi, cette année, le sucre aura un goût amer, comme nous l’annoncions en titre. Cette situation interpelle une fois de plus les autorités à avoir un œil sur le prix des denrées de première nécessité. Que Dieu bénisse le Burkina !

Paténéma Oumar Ouédraogo (collaborateur)

L’Observateur Paalga

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