Le mariage forcé tant décrié par bon nombre de citoyens semble avoir la vie dure. En dépit d’une loi l’interdisant, le phénomène persiste. En tout cas, une jeune fille résidant au secteur 25 (Somgandé) de Ouagadougou en sera victime ce jeudi 15 juillet même, si rien ne vient contrecarrer le plan de ses parents.
N.O. est une jeune fille de 18 ans. Elle vit depuis quelques années au secteur 25 de Ouagadougou avec sa tante. Ses parents qui résideraient à Korsimoro dans la province du Sanmatenga l’ont envoyée chez sa tante pour poursuivre des études dans un établissement franco-arabe de la capitale.
N.O. qui vient de réussir à son BEPC, ambitionnait continuer ses études. Mais voilà ! Un sombre projet de mariage ourdi par sa famille vient briser son rêve. Sa famille a, en effet, décidé de la marier à un vieux marabout, résident lui aussi au secteur 25 (Somgandé) de Ouagadougou. Le hic, c’est que ce marabout bien connu a déjà convolé en justes noces avec trois femmes. N.O. sera donc sa quatrième épouse.
Elle n’est pourtant pas partante pour cette union et elle l’a signifiée à ses parents. Mais ceux-ci n’en ont cure. Ils tiennent à leur projet. Et pour l’y contraindre, ils lui font un chantage odieux : si elle refuse, sa mère sera chassée de la famille. L’idée de voir sa mère répudiée traumatise N.O. C’est en sanglots qu’elle nous a raconté l’histoire.
Elle affirme que le projet de mariage avait été projeté par son père qui est au village dans un premier temps. "Je croyais que l’affaire avait été enterrée parce que cela fait un bout de temps qu’on ne m’a plus parlé de ce mariage ...", confie-t-elle.
Pourquoi le père est-il maintenant d’accord pour cette union ? N.O. soutient que celui-ci a subi une très forte pression dont le chef d’orchestre n’est autre que son oncle (grand frère direct de son père), lui aussi vivant à Korsimoro.
Un El hadj qui lui, est à Ouagadougou (secteur 25) se serait occupé des tractations. Pour justifier leur volonté de la marier à ce marabout, les parents de N.O. lui auraient reproché, lors d’un récent séjour au village, de n’être jamais venu leur présenter un homme sensé être celui qu’elle aime.
"Vous ne m’avez pas envoyé à Ouagadougou pour chercher un mari mais pour étudier ...", leur aurait-elle répliqué.
N.O. regrette aujourd’hui de n’avoir pas un ami (elle affirme qu’elle n’en a pas).
"Si j’avais un copain aujourd’hui, je me serais enfouie avec lui", avoue-t-elle.
La cérémonie qui doit consacrer cette union est fixée pour ce jeudi 15 juillet 2004.
Elle devait avoir lieu le jeudi 1er juillet 2004 mais elle fut reportée à cause du refus catégorique de la jeune fille.
La cérémonie aura-t-elle finalement lieu comme prévue ? N.O. résistera-t-elle à l’odieux chantage que lui font ses parents ? En tout cas, au moment où nous écrivions ces lignes, nous ne savions pas encore quelle décision avait t-elle prise.
Hassane TERAPA
Sidwaya
