- M. Albert Kaboré
Le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) est en deuil. La mort a brutalement fauché le président de sa section au Kourittenga, M. Albert Kaboré le mercredi 17 juin 2009 à Ouagadougou de suite de courte maladie. Une foule nombreuse a accompagné ce défenseur infatigable des droits humains à sa dernière demeure le lendemain jeudi 18 juin 2009 à Koupéla.
M. Albert Kaboré que Koupéla et toutes les associations de la société civile de la province pleurent, est un homme qui de son vivant, a été à tous les fronts du combat pour la justice et l’épanouissement de la personne humaine. Né en 1958 à Koupéla, d’un père catéchiste, M. Kaboré n’a pas connu une enfance facile. Dès sa tendre enfance, il est frappé de la maladie de la poliomyélite, qui le rend infirme des deux jambes. Est-ce ce handicap qui a forgé son esprit ? Toujours est-il qu’aux dires de ses proches amis, Albert Kaboré aurait grandi avec « l’esprit de battant et de combattant ». Son infirmité ne lui a été à aucun moment une entrave à son intégration dans la société, témoigne un proche parent.
N’ayant pas eu la chance de pousser loin ses études, Albert s’est auto-formé. Autodidacte, il s’est intéressé à la comptabilité et à la gestion. De ses qualités humaines, l’on retient de lui, un homme qui aimait la justice, selon ses proches. « Il ne supportait pas l’injustice », souligne un de ses amis. C’est d’ailleurs, ce qui expliquerait son engagement au sein du Mouvement des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Toute chose qui aura fait de lui un défenseur courageux, chevronné des droits de l’homme dans la province. A la création du premier comité d’initiative du MBDHP du Kourittenga, Albert Kaboré est porté secrétaire général. En 2000, avec l’installation de la boutique de droit, il est élu président de la section du Kourittenga.
Un homme intègre, droit et engagé…
C’était aux temps forts des activités du Collectif contre l’impunité né de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Plusieurs de ses camarades de lutte se souviennent du mois d’avril 2000 où des membres du Collectif avaient été déclarés persona non grata à Koupéla. « C’est une des rares personnes qui a fait preuve d’une détermination sans faille dans le combat quoique exerçant dans sa ville natale », témoigne Maurice Kima, secrétaire permanent à la boutique de droit de Koupéla. Selon toujours ceux qui l’ont côtoyé, Albert Kaboré était un homme qui mettait les relations humaines au dessus de tout. Durant toute sa vie, il a voulu montrer que la personne handicapée physique peut vivre dignement. A Koupéla, il a été l’exemple de quelqu’un qui a su surmonter son infirmité physique. « Je suis infirme mais pas handicapé », aimait-il répéter.
C’est grâce à lui qu’une association des personnes handicapées a vu le jour à Koupéla. Albert Kaboré a été le premier coordonnateur des associations et structures privées catholiques (ASPC) à Koupéla. Il était membre de l’Association nationale pour la réhabilitation des personnes handicapées. Albert Kaboré était aussi le responsable du centre des handicapés de Koupéla dont la gestion lui avait été confiée par les pères blancs. Sa disparition laisse un grand trou à la boutique de droit mais surtout parmi les personnes handicapées pour lesquelles, il était devenu un guide, un père. C’est en l’espace de trois semaines que la maladie l’a emporté. D’une maladie de la fièvre typhoïde dont il souffrait, les examens approfondis ont révélé une ulcère de foie avancée qu’il couvait. C’est aux urgences médicales de l’hôpital Yalgado Ouédraogo qu’il a rendu l’âme mercredi 17 juin 2009 à 18H00. Le bureau national de MBDHP, lui a rendu un vibrant hommage. Dans l’oraison funèbre, le juge Kassoum Kambou a salué la mémoire d’un homme intègre, droit, honnête, engagé à la cause des droits humains. M. Albert Kaboré laisse derrière lui, une épouse et quatre enfants (deux garçons et deux filles), des frères et des sœurs inconsolables.
Onésime Aké Loba LANKOANDE
Sidwaya
