Actualités :: Education : Alerte rouge au lycée provincial de Bogandé

Cela fait déjà plus de trois (3) semaines que le lycée provincial de Bogandé est fermé pour motif de grève des professeurs. Les démarches entreprises par les élèves pour ramener les professeurs dans les salles de classe sont restées infructueuses. Tout est parti du non-payement des professeurs vacataires. Vacation qui est devenue un problème très récurant, engendrant des troubles dans ce lycée depuis 1998. Cette année, le problème prend de dimensions exceptionnelles, mais personne n’en parle, même pas les premiers responsables de la province de la Gnagna. Les victimes, elles, ne pouvant se taire, ont choisi de vendre leur maladie pour espérer en avoir le remède.

Depuis trois (3) semaines, le lycée provincial de Bogandé vie une crise sans précédent : une grève illimitée, lancée par les professeurs vacataires du lycée le 17 avril 2009 et suivie par solidarité par les professeurs titulaires, paralyse le lycée.

Tout est parti des primes impayées des vacations. Ce fut une occasion pour les professeurs titulaires de se lancer dans la danse avec une plate-forme revendicative de quatorze (14) points, dont le payement des heures supplémentaires de cours et le départ pur et simple du surveillant général du lycée. Depuis lors, plus de cours, plus de devoir, pas d’examen blanc, et tout ça à un mois des vacances.

Cette situation sème la désolation au sein des élèves, qui voient une année blanche ou plutôt des résultats catastrophiques à l’horizon. Ne pouvant rester indifférents face à cet état de fait, les élèves ont approché l’Association des parents d’élèves (APE) pour qu’elle intervienne en prêtant de l’argent à l’établissement pour régler le problème de salaire des vacataires, qui ne vivent que de cela, mais qui, depuis février, n’ont rien perçu.

A leur grande surprise, l’APE leur a fait savoir que leur caisse est vide. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des élèves. Ils ne peuvent comprendre que les 3000 F chacun qu’ils ont payé avant d’avoir accès aux classes, il y a à peine quelques mois, se soient volatilisés sans preuve. A ce jour, 718 élèves étaient à jour de leurs frais de scolarité.

Ce qui donne un total de 2 154 000 F versés dans la caisse de l’APE. Où est partie toute cette somme pour que l’APE ne puisse lever son petit doigt pour sauver le lycée ? Pour savoir ce qui a bien pu vider la caisse, le bureau des élèves a convoqué celui de l’APE, qui a refusé deux fois de suite de les rencontrer.

Ce qui a poussé les élèves à passer à la vitesse supérieure, en organisant un mouvement de grève. Cette situation obligeant, le bureau de l’APE s’est retrouvé devant celui des élèves pour faire le bilan des entrées et des sorties de l’argent. Malheureusement, l’APE n’arrivait pas à justifier la sortie des 2 154 000 F et, pire, les membres du bureau se contredisaient concernant les chiffres.

Il y avait également des discordances entre les données de l’intendant du lycée, auprès de qui on versait les frais de scolarité, et celles de l’APE. Au sortir de cette rencontre, rien n’a été clair. C’est alors que les élève ont décidé, en assemblée générale, de traduire l’affaire en justice pour que lumière soit faite. Depuis, le trésorier général et le secrétaire général de l’APE sont aux frais en entendant le procès au tribunal de grande instance de Bogandé.

N’ayant pas trouvé solution jusque-là, les élèves décident de voir le premier responsable de la province, à savoir le haut-commissaire. A deux reprises, ils n’ont eu gain cause. Les mots du haut-commissaire étaient sans espoir : « Tout ce que moi, je peux faire, c’est de vous écouter et de transmettre le message à la hiérarchie. Je n’ai pas de baguette magique ici. » Et à son secrétaire général d’ajouter : « En réalité, on ne veut pas vous dire la réalité, mais vous êtes une génération sacrifiée… ».

Quoi de plus révoltant et de plus désolant ? Les élèves ne savent plus à quel saint se vouer. Les professeurs sont restés sur leur position, l’APE est tapie, les autorités fuient leurs responsabilités.

Le 27 avril, dans le désespoir et la désolation, les élèves décident une nouvelle fois de voir le haut-commissaire. A leur grande surprise, l’accès de son service était barricadé par des policiers armés de gaz lacrymogènes et de matraques. Face à la persistance des élèves pour entrer, l’affaire tourne à l’affrontement.

Bilan : trois(3) policiers grièvement blessés et deux voitures endommagées. C’est alors que la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) de Fada à été appelée en renfort. C’était le sauve-qui-peut, la débandade, la panique générale et l’exil forcé. Le 28 avril, on ne pouvait trouver aucun élève du lycée provincial de Bogandé dans la ville. Tous ont disparu dans la nature sous peine de se faire prendre par les CRS. 72 heures après, la situation s’est calmée. On pouvait voir les élèves dans les quartiers de la ville, mais pas au lycée.

La CRS est repartie en caserne, mais les élèves, eux, ne sont pas à l’abri d’une arrestation : la preuve, le 07 mai, cinq (5) d’entre eux dont le délégué général ont été amenés de chez eux à 05 heures du matin manu militari à la police. Ce qui a provoqué un soulèvement dans tous les trois (3) lycées que compte la ville, ainsi que de quelques habitants.

Les élèves ont été libérés, mais le problème demeure. Les classes sont toujours fermées, et les deux membres du bureau de l’APE toujours en prison.

Suite aux échauffourées, le directeur régional des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique s’est entretenu avec les professeurs le 30 avril sans trouver une solution de sortie de crise. Jusqu’à ce jour, aucun des quatorze (14) points de la plate-forme revendicative n’a trouvé de solution.

Ce sont, entre autres, la décharge pure et simple du surveillant général, contre qui dix-huit (18) griefs sont retenus, de sa tâche ; le payement des frais de vacation, la réfection des tableaux qui sont dans un état défectueux, la réparation de robinets du laboratoire pour les travaux pratiques... La situation est plus qu’inquiétante à l’heure actuelle.

Toujours dans la perspective de trouver une solution à la crise, le 05 mai, les professeurs, les élèves et les parents d’élèves se sont concertés. Un comité de gestion de crise a été installé pour entreprendre des démarches visant à sauver l’année. Affaire à suivre.

- Emmanuel Dori, élève en Tle A au lycée provincial de Bogandé
Tiabrimani Nadinga,étudiant en 3e année de Communication et Journalisme à l’université de Ouagadougou

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