Actualités :: Burkina Faso : Un mois de mai très chaud

François Mitterrand, qui venait d’accéder à l’Elysée en mai 1981, déclarait que « le mois de mai est chaud » en allusion aux différents mouvements sociaux qui se déroulent souvent au cours de cette période dans l’Hexagone. Au Burkina Faso, ce mois de mai 2009 est très chaud au propre comme au figuré : d’abord, on n’a pas besoin de suivre la météo ou de jeter un coup d’œil au thermomètre, qui affiche invariablement 41 voire 42 degrés Celsius pour constater qu’on suffoque sauf pour ceux qui ont des maisons, des bureaux et des véhicules « fèfètisés ».

Encore qu’avec notre SONABEL, il faut bien rationner sa consommation. Une canicule qui charrie, comme c’est désormais de coutume, certaines pandémies telles la méningite et la rougeole. Exceptées quelques deux bonnes pluies dans certaines localités, le Pays de hommes intègres n’a eu droit qu’à quelques crachins et surtout à des vents, qui n’ont donc pas changé cette atmosphère de braise.

Ensuite, il y a également le mercure social, qui ne fait que grimper en ce mois de mai : grève des travailleurs de la Fonction publique les 12 et 13 mai et du SYNTER qui va embrayer le lendemain 14 mai ; le SYNADEC a débrayé depuis des semaines, les agents de Total n’ont pas desserré les dents et une marche de protestation des fonctionnaires de l’Etat est programmée pour le 26 mai. Difficile de dire que le front social est calme en ces temps-ci.

Ça commence donc à faire trop et il y a comme de l’incompréhension ou un jeu de cache-cache entre les gouvernants et les travailleurs. En effet, que veut « le petit peuple ? » pour paraphraser Staline qui, de sa datcha au bord de la mer noire, s’amusait cyniquement à s’enquérir de l’état d’esprit des Russes comme le dépeint avec brio Vladimir Fédorovski (1).

Au Faso, les gens sont confrontés quotidiennement aux problèmes existentiels élémentaires comme manger, se soigner, se vêtir...des besoins déclinés depuis des lustres au gouvernement à l’occasion de la fête du Travail et qui avaient suscité en Tolé Sagnon de guerre las ce commentaire datant de plus de 10 ans : « Le rituel des cahiers de doléances est devenu agaçant »( 2). Pouvoir d’achat et conditions de vie et de travail, prix des produits de grande consommation, libertés démocratiques et syndicales, emploi, privatisations sauvages, impunité, crise de l’école burkinabè. Le chapelet est long, relatif aux revendications des syndicats.

A la décharge du gouvernement, il y a la crise bien sûr qui s’avère du pain bénit pour l’Etat, lequel explique tout par cette bourrasque financière venue d’outre-Atlantique et qui n’épargne personne, surtout pas le Burkina, un pays même pas industrieux.

Mais comment comprendre que, dans cette diète généralisée, le train de vie de certains qui émargent dans les caisses de l’Etat jure avec la réalité, car vivant de façon ostentatoire, leurs voitures futuristes le disputant aux villas-palais ? L’actuel Premier ministre, Tertius Zongo, a réussi à amoindrir certaines dépenses avec l’institutionnalisation des 40% de bons d’essence et des 60% en TOMCARD, évitant les liasses de bons qu’on monnaie ou qu’on retrouve entre les mains de certaines « spermivores » ; et en traquant ceux qui utilisent abusivement des véhicules payés avec les deniers publics à des fins personnelles.

Si donc, « c’est dur partout », il convient que ceux qui ont mis illicitement des poires pour leur soif et même pour celle de leurs fils et arrière-petits-fils, encore que ce soit pure utopie, l’Histoire n’étant jamais linéaire, sachent que tout finit par se faire jour : on a beau dire que x ou y est riche ou pauvre, il peut le nier en cachant son fric dans les paradis fiscaux ou dans des immeubles si ce n’est dans les sociétés écrans, mais « ça va se savoir », car si l’argent n’aime pas le bruit, quand il en fait, c’est du tintamarre qui accouche de prurits sociaux aux conséquences désastreuses pour le pays n

Notes : (1) in Le fantôme de Staline (2) in interview de Tolé Sagnon avec l’auteur de ces lignes dans « Le Pays » du 23 avril 1995

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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