Rien ne sera plus comme avant dans la lutte contre le grand banditisme. Le ministère de la Sécurité projette en effet, dans les tout prochains jours, déployer l’arsenal lourd dont des aéronefs. En tout cas, c’est l’information phare que le ministre de la Sécurité, Emile Ouédraogo a livré, jeudi 7 mai dernier à Bobo-Dioulasso, au cours d’une concertation qu’il a eue avec les autorités militaires et civiles de la région des Hauts-Bassins.
Prévue pour une trentaine de minutes, le conclave du ministre de la Sécurité avec les autorités civiles et celles ayant en charge la sécurité dans les Hauts-Bassins a pris finalement 90 minutes. Le sujet débattu a porté sur la situation sécuritaire dans cette région. La position géographique de la région des Hauts-Bassins et son poids économique attirent des délinquants de tous acabits. Même si aujourd’hui on peut se réjouir d’une accalmie, il ne faut pas oublier que cette région a occupé l’actualité brûlante des attaques à main armée à un certain moment.
L’exposé du gouverneur à cet effet fait ressortir une « baisse du grand banditisme et la restauration du sentiment de sécurité » grâce à l’effort conjugué des forces de sécurité et de défense. On note ainsi qu’au cours du premier trimestre 2009, la police a effectué 15 sorties de terrain dans des zones criminogènes et 534 missions de patrouilles de sécurisation sur les axes routiers et dans les centres urbains. La compagnie de gendarmerie a, quant à elle, effectué 485 patrouilles, intervenu 265 fois et saisi 17,2 kg de cannabis. En dépit de ce tableau somme toute réconfortant, la vigilance doit être de mise car au cours de la même période, trois attaques à main armée ont été signalées dans le Houet et le Tuy.
Indépendamment de cela, et par ordre d’importance, les vols, l’association de malfaiteurs, les coups mortels, les viols, les assassinats, les détournements de deniers publics et le trafic de stupéfiants sont des actes courants dans la région. Réagissant, le ministre a jugé la situation dans les Hauts-Bassins « reluisante », comparée à d’autres régions comme l’Est et le Centre-Nord. Sa vision, selon lui, est d’associer désormais l’ensemble des corps militaires et para militaires dans la lutte contre le banditisme, sous toutes ses formes. Pour résorber un tant soit peu les difficultés, le ministère entend mettre l’accent cette année sur les équipements et le matériel. Une commande serait même déjà en cours et intègre une dotation pour les agents des eaux et forêts et des douanes. Cette année, a indiqué le ministre Emile Ouédraogo, « la lutte contre le grand banditisme va prendre une autre envergure avec l’utilisation des aéronefs de repérage ».
Deux gyrocoptères (aéronefs qui s’apparentent à des hélicoptères) sont déjà acquis et sont en phase d’essai à Ouagadougou. Avec une vitesse horaire de 200 km, le gyrocoptère a l’avantage d’être moins sensible au vent, de voler à basse altitude, de faire du sur-place et de décoller sur une courte distance. A l’issue de l’intervention du ministre, chaque responsable militaire et para militaire a exposé l’état des lieux en termes de besoins et de difficultés en ce qui le concerne. D’une manière générale, les préoccupations se rejoignent. Elles se résument à l’insuffisance des moyens humains, roulants, du carburant et des armements.
Le colonel Serge Ouédraogo, commandant la 2ème région de gendarmerie et le colonel Alain Bonkian, commandant de la 2ème région militaire se sont inquiétés respectivement de la recrudescence du trafic de drogue, des vols de bœufs, de la prostitution galopante et des nouvelles recrues militaires renvoyées en cours de formation et qui se convertiraient en grands délinquants. Sur ces points évoqués, le ministre a annoncé le renforcement des moyens roulants et des équipements, les postes de police et de gendarmerie à l’intérieur de la région. En ce qui concerne la prostitution le ministre a estimé que « le sujet est complexe et difficile à gérer ».
Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya
