Actualités :: Accident d’avion de Garango : 23 ans après …

Les victimes et ayants droit de l’accident de l’affaire dite de « l’accident de l’avion présidentiel » qui a eu lieu le 29 mai 1986 à Garango, dans la province du Boulgou, se sont retrouvés hier lundi 30 mars 2009 à l’Espace culturel Gambidi. Cette rencontre fait suite à une fin de non-recevoir de la mairie de Ouagadougou à leur demande d’autorisation de marche sur la Présidence pour remettre une lettre au chef de l’Etat. Foi de leur conseiller juridique, Zacharie Sorgho, le dossier portant indemnisation des victimes n’a pas évolué d’un iota.

Avec la vive émotion qui transpire du témoignage de Paulin S. Keré quand il parle de ce qui lui est arrivé le 29 mai 1986 à Garango, l’on se convainc qu’il garde encore, 22 ans après, un souvenir vivace de cette journée.

A cette époque, la Révolution battait son plein, et notre interlocuteur était agent d’agriculture dans ce chef-lieu de département.

Ce jour-là, lorsqu’il se rendait à l’aérodrome, loin de lui l’idée qu’il allait quitter ces lieux pour recevoir des soins dans un centre de santé avec, à la clé, une fracture au pied et un traumatisme à vie.

Jeune fonctionnaire, il était parti avec ses collègues assister au départ du président de l’époque, Thomas Sankara, venu assister au « doua » (cérémonie musulmane) organisé suite au décès du papa d’un autre grand acteur de la Révolution, le commandant Boukary Jean-Baptiste Lingani, ministre de la Défense en son temps.

Aujourd’hui, la victime déroule la trame du drame qu’il a vécu avec moult détails comme si c’était hier : deux avions devaient décoller. Mais beaucoup ignoraient qu’ils se suivraient de très près.

Quand le premier (celui dans lequel se trouvait Thomas Sankara) a quitté le sol, un enfant s’est mis en tête de traverser la piste en courant. Un policier a tenté de l’en empêcher, ignorant que l’autre avion, dans lequel avait pris place Blaise Compaoré, arrivait.

Le pauvre homme de sécurité a été le premier à être fauché par l’oiseau de fer, qui a raté son décollage, et a, alors, poursuivi sa chevauchée meurtrière dans la foule. Notre interlocuteur, la gorge nouée, se souvient : « Pendant que les spectateurs regardaient le premier avion fendre les airs, le second, qui était resté au sol, ne faisait que tuer…tuer…tuer... J’ai reçu un violent choc qui m’a fracturé la jambe.

Alors que je tentais de me relever, je me suis rendu compte que l’appareil était au-dessus de moi. En fait, il s’était bloqué juste à mon niveau ». S’en sont suivi des mois de psychose pour cet infortuné agent d’agriculture, qui a pourtant eu plus de chance que les autres victimes.

« N’empêche, pendant six mois, je ne supportais pas d’entendre le bruit d’un véhicule. Je pensais aussitôt que c’était un avion qui venait sur moi. J’ai été traité à l’indigénat et les gens se demandaient si j’allais un jour recouvrer mes esprits ».

« Le gouverneur veut que l’argent passe par lui »

Des témoignages du genre, on pouvait en recueillir à la pelle pendant et après le point de presse fait hier à l’Espace Gambidi. En ces lieux, se sont retrouvés les victimes et les ayants droit de ce drame qui a fait 22 morts, des handicapés physiques et des malades mentaux.

Fâcheuse coïncidence, juste au début de la rencontre, un hélicoptère a survolé la zone dans le lourd vrombissement de son moteur et de ses pales. Face aux rescapés, leur conseiller juridique, Zacharie Sorgho, agent d’affaires judiciaires, défenseur près les Cours et Tribunaux du Burkina Faso qui a insisté sur le fait qu’aucune indemnisation n’a été versée aux victimes jusque-là et ce, malgré l’engagement pris publiquement par les autorités et les différentes démarches entreprises.

Et le summum de la déception a été pour ses clients le refus par la mairie de Ouagadougou de leur permettre d’organiser une marche le 30 mars 2009, à destination de la Présidence, pour remettre au chef de l’Etat ou à son représentant une lettre faisant état de leurs doléances.

Pire, a affirmé la main sur le cœur cet agent d’affaires judiciaires, les blessés et les ayants droit ont été royalement ignorés voire même écartés de la Journée nationale de pardon. Pendant la rencontre avec les journalistes, le porte-parole des plaignants semblait surtout en vouloir à l’actuel gouverneur de la région du Centre-Est :

« On nous rétorque toujours que l’affaire suit son cours, mais pas plus. Ce qui nous préoccupe plus, ce n’est cependant pas tant la lenteur du dossier que l’implication du gouverneur de la région du Centre-Est dans le dossier. Dans son acharnement à vouloir liquider ce dossier, il manipule et tente de créer la zizanie entre les ayants droit.

Certainement qu’il veut que l’argent passe par lui. Bien qu’il ait été démasqué et dénoncé par les ayants droit, notre gouverneur continue de mettre son nez dans l’affaire, qui est en transaction entre le ministère des Finances et la Direction des affaires contentieuses et du recouvrement (DACR) ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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